Handicap : Au-delà des apparences et des différences

Sandrine GAYET

Cet article fait partie du dossier: Handicap : Le Département veut un territoire plus inclusif

La société se veut plus inclusive. C’est un bon cap. Mais il y a encore du chemin pour que « être différent » ne soit plus handicapant. Dans ce dossier, témoignages de familles yvelinoises confrontées à ce quotidien.

« L’accessibilité et l’inclusion sont les voies à suivre pour permettre aux personnes en situation de handicap de vivre dans une société ouverte à la différence, le plus normalement possible »; En photo : Marie-Claude qui est famille d’accueil pour personnes en situation de handicap, avec David et Prisca, qui vivent avec elle. Photo Nicolas Duprey/CD78

Un collier de petites perles colorées autour du cou. Retirer une perle à chaque arrêt du bus et descendre quand il n’en reste plus. C’est ce que la maman de Lise a imaginé pour que sa fille, 14 ans, qui ne sait pas lire à cause d’une déficience mentale, puisse néanmoins se déplacer toute seule.

Lise ne sera jamais tout à fait dans la « norme » mais sa famille, les éducateurs et les professionnels de santé l’entourent sans faille pour qu’elle gagne en autonomie. Pour que ses capacités, même limitées, ne l’empêchent pas de « faire ». Et de s’épanouir.

Prendre le bus, aller au restaurant, au musée, écouter un concert, suivre un cours, prendre un ascenseur, partir en vacances, pratiquer un sport… Savons-nous combien il faut être fort, courageux, déterminé ou très bien entouré pour « juste » faire ça, en 2021, quand on est porteur d’un handicap ?

Ceux et celles que nous rencontrons vivent cela au quotidien. C’est encore plus dur quand le handicap est « invisible » car la rencontre avec l’autre peut être source d’incompréhensions. La majorité des handicaps sont invisibles alors que l’on résume cela à une canne blanche ou un fauteuil roulant.

« Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis »
Antoine de Saint-Exupéry (Citadelle)

Depuis les temps anciens, la place accordée aux personnes en situation de handicap a bien changé, heureusement ! Exclus, relégués, les « infirmes », « débiles », « inférieurs » et autres vocables péjoratifs en disaient long sur la place paradoxale des « handicapés ».
Aujourd’hui nos sociétés sont plus inclusives. Pour que le handicap ne soit plus handicapant. Pour que les différences soient appréciées et non plus rejetées.

Il y a encore du chemin, oui. Car c’est quoi après tout un handicap sinon la rencontre entre une déficience et un environnement inadapté. Entre une difficulté individuelle et une incompréhension collective.

« L’accessibilité et l’inclusion sont les voies à suivre pour permettre aux personnes en situation de handicap de vivre dans une société ouverte à la différence, le plus normalement possible »,

explique Christian Grangeon, Chargé de mission Accessibilité & Politiques inclusives à la direction de l’Autonomie du Département des Yvelines.

Les mots, ça « handi » long

« Etre traitée de handicapée me fait honte », Sasha, 19 ans, trisomique

« Moi, ça me met en colère », Lucas, 48 ans, paraplégique.

Il faut parler de « personne en situation de handicap » et non de « personne handicapée ». Cela permet d’éviter de réduire la « personne handicapée » à son seul handicap en omettant ainsi ses autres qualités. Et cela rappelle que le cadre de vie et l’organisation sociale participent pour partie au handicap de la personne présentant une déficience.

Le handicap, c’est quoi ?

Ce n’est pas la personne qui est « handicapée » mais c’est sa confrontation avec l’environnement qui la met dans une « situation de handicap ». C’est ce que pose la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées : « Le handicap naît au croisement d’une déficience individuelle et d’un environnement inadapté, causant des difficultés sociales pour les individus concernés. »

Six types de handicap sont reconnus 

  • Le handicap moteur : atteinte de la capacité du corps ou partie du corps à se mouvoir ;
  • Le handicap sensoriel : déficience auditive ou visuelle par exemple ;
  • Le handicap mental : développement insuffisant des capacités intellectuelles entraînant l’impossibilité d’un apprentissage normal ;
  • Le handicap psychique : développement intellectuel normal voire supérieur mais maladie de la pensée ou de la personnalité qui vient troubler le comportement général ;
  • Le handicap cognitif : difficultés à lire, parler, mémoriser, comprendre, communiquer ;
  • Le polyhandicap : déficience mentale sévère associée à des troubles moteurs.