Magda Badir, une samouraï en or

Sandrine GAYET

Cet article fait partie du dossier: Le sport au féminin dans les Yvelines

Juriste au Secteur action sociale (Direction des Affaires juridiques) du Département des Yvelines, Magda Badir, 25 ans, est Championne du Monde de Chanbara. Une première pour une française dans ce sport de combat avec armes (sabres, lances, poignard…) qui puise ses racines dans la tradition samouraï.

Magda Badir sur la plus haute marche du podium aux Championnats du monde 2018

Tokyo, 9 décembre 2018. Dans une arène en effervescence, qui accueillera les épreuves de basket aux Jeux olympiques de 2020, une française monte sur la plus haute marche du podium. Notre pétillante collègue Magda Badir décroche l’or aux Championnats du Monde de Chanbara ! Dans la catégorie Nito*. Un exploit inédit chez les femmes, surtout au pays du Soleil-levant qui a vu naître cet art martial…

« Je détestais la compétition »

Avant de devenir cette athlète en or, Magda fait ses premières armes au Kendo, une sorte d’escrime japonaise.

A 13 ans, je voulais pratiquer un sport de combat d’origine japonaise car j’étais passionnée par ce pays, sa culture manga et l’éthique samouraï », raconte la jeune femme originaire du Mantois.

A ses débuts, au club d’Aubergenville, elle est la seule fille. Mais ça ne la dérange pas. Ce qui est le plus difficile pour elle, c’est sa timidité quasi paralysante.

Je détestais la compétition, je n’aimais pas que l’on me regarde. Le Kendo a eu un effet déclic ; il m’a donné plus d’aisance en groupe mais malgré mes bonnes performances, j’ai attendu plusieurs années avant d’oser me lancer dans une compétition.

Et dès qu’elle a accepté de s’engager dans des tournois, cette sportive douée est devenue semi-pro dans chaque arme et a intégré le groupe France… tout simplement.

Coup de foudre pour le Chanbara

A 18 ans, Magda cherche de nouveaux challenges dans un sport d’épée. Elle est invitée par le Club de Maisons-Laffitte puis par le groupe national de Chanbara à venir découvrir cette discipline encore confidentielle. A peine 3 000 licenciés en France pour plus de 300 000 au Japon où ce sport fait partie des programmes éducatifs des écoliers. Cet art de la self-défense, héritier direct des combats de samouraïs, se distingue des autres arts martiaux par son absence de codifications strictes. Quasiment tous les coups y sont admis, dans le respect des combats au sabre, ce qui le rend assez spectaculaire.

J’ai eu un vrai coup de foudre pour la liberté de pratique de ce sport. Je pouvais y laisser exprimer ma manière de combattre, aller au contact, avec plusieurs types d’armes. Ce fut une vraie révélation.

A telle enseigne qu’en quelques mois à peine, elle rejoint l’équipe de France où elle moissonne les victoires et les titres. Elle se sent bien dans ce sport qui véhicule des valeurs qui lui sont chères : le respect, le contrôle de soi, une éthique.

Photo de la victoire. Magda (de dos) entourée des membres de l’équipe de France

Un cri célèbre dans les dojos !

Avant chaque combat, Magda Badir crie. Pour enlever la pression. Pendant les confrontations, sous son masque, elle crie. Pour intimider l’adversaire, pour se donner du courage. Et quand elle gagne (ou perd), elle crie encore. De joie ou de rage, tout dépend de l’issue du round. C’est devenu sa marque de fabrique. Dans les rencontres internationales, c’est même par son cri que Magda commence à être connue. Et pour son très grand fair-play. A ses débuts, quand elle était timide, aucun son ne sortait. « Je n’y arrivais pas et pourtant cela faisait partie de la pratique du Kendo ». Cela peut sembler anecdotique mais pour elle, c’est une belle victoire.

Ses objectifs maintenant ? « Remporter la compétition des Grands Champions ». Le combat des titans mondiaux de la discipline. Les dojos n’ont pas fini de vibrer aux cris de Magda !

La vidéo de sa victoire

 

« Chanbara » : onomatopée japonaise du bruit des sabres qui s’entrechoquent

Ce sport né au Japon est arrivé en France en 1994 par quatre champions de Kendos dont Jean-Claude Girot, fondateur du club de Maisons-Laffitte au sein de la Fédération française de Judo, Kendo et Disciplines associées.
Il peut être pratiqué dès le plus jeune âge car les armes sont en mousse et les athlètes protégés par un casque et un gant.
Le sport consiste en un combat entre deux athlètes avec des armes égales ou différentes, de façon libre. Chaque sportif décide de combattre avec une arme ou deux. Là aussi, c’est libre.
Les armes, en mousse ou gonflables sont de plusieurs types :

  • le Kodachi (sabre court de 60 cm),
  • le Choken Morote (sabre long de 100 cm),
  • le *Nito (combiné des deux précédents),
  • le Yari (lance),
  • le Jhou (arme à double « lames »)
  • ou encore le Tanto (poignard)…