De retour de Turquie, les témoignages poignants des pompiers yvelinois

Yves FOSSEY

Cet article fait partie du dossier: 2023 dans les Yvelines

Les 13 sapeurs-pompiers des Yvelines, qui ont effectué une mission en Turquie en février à la suite du terrible tremblement de terre, ont été reçus à l’Hôtel du département où une réception a eu lieu en leur honneur. Témoignages.

Les 13 sapeurs-pompiers des Yvelines, qui ont effectué une mission en Turquie, à l’honneur à l’Hôtel du département. CD78/Y.Fossey

En ouverture de la cérémonie organisée le lundi 20 mars, le colonel Stéphane Millot, le directeur du service départemental d’incendie et de secours (Sdis), a rappelé que ces hommes et ses femmes avaient fait preuve « d’exemplarité, de rigueur et de discipline ». «Cette mission marquera vos vies », a-t-il assuré.

« Vous avez accompli une mission extraordinaire », a souligné Suzanne Jaunet, la conseillère départementale présidente du conseil d’administration du Sdis en s’adressant aux 13 sapeurs-pompiers.

« Un grand professionnalisme »

Pierre Bédier, le président du conseil départemental, les a chaleureusement félicités en mettant en exergue leur « grand professionnalisme ». Il a également évoqué le rôle déterminant de Leyko, le chien de race malinoise, qui a participé aux recherches.

Sans attendre, au lendemain du séisme, survenu en Turquie et en Syrie dans la nuit du dimanche au lundi 6 février, 13 sapeurs-pompiers des Yvelines étaient partis sur place pour une mission de dix jours afin de porter secours aux victimes touchées par ce cataclysme.

Katia Hamon, infirmière de groupement sur le site du centre de secours de Saint-Germain-en-Laye, faisait partie du détachement. Présente à la réception à l’Hôtel du département, elle livre son témoignage.

On arrive, le ciel est bleu, Il y a un soleil éclatant, une luminosité très impressionnante, raconte-t-elle. Et d’un coup, il y a comme ce changement de décor où on a tous ces bâtiments au sol, ces gens qui déambulent, ces gens qui attendent de manière hagard.

Lorsqu’elle arrive sur place, face au spectacle de désolation, elle évoque « un théâtre de guerre ». « C’est comme ces images médiatiques que l’on voit en Ukraine aujourd’hui, on voit tous ces bâtiments au sol, ces amas de pierres », explique-t-elle.

Katia Hamon, du centre de secours de Saint-Germain-en-Laye figurait parmi le détachement. CD78

Elle évoque des images aussi « dures humainement que surréalistes ». En participant aux recherches, elle comprend que ces gens agglutinés autour des ruines « ce sont des proches qui attendent qu’on sorte leur famille des décombres ».

Comme l’ensemble des sauveteurs, elle explore l’amoncellement de béton pour retrouver et extraire des victimes avec l’espoir de repérer un survivant.

Je me souviens encore de cette femme qui m’explique en plein milieu de la nuit, alors que ça fait des heures qu’elle est à côté de nous, qu’elle a son mari et ses quatre enfants dans les décombres et elle attend de manière un peu stoïque avec des accroches de regard.

Malheureusement, sur la période de dix jours, les recherches n’ont pas été fructueuses : « on revient avec ce goût amer de se dire qu’on n’a pas retrouvé de personnes vivantes », se désole-t-elle.

Chaque sapeur-pompier a reçu un objet symbolique des mains de Pierre Bédier et de Suzanne Jaunet. CD78/Y.Fossey

« Une leçon de vie »

Et si le bilan humain est très lourd, la sauveteuse a été marquée par la population turque qui est « d’une générosité et d’une gentillesse extrême » et qui fait preuve de « beaucoup de pudeur ». « Ils ne viennent pas se plaindre alors qu’ils ont tout perdu, témoigne-t-elle. On a également vu des personnes détruites, qui errent dans les rues avec un regard complètement vide… »

C’est une expérience qui me restera, confie Katia Hamon. C’est une leçon de vie. Moi, ce que je retiens, c’est beaucoup de regards, beaucoup de rencontres, ces gens qui viennent nous voir, qui vous remercient, alors qu’en fait, on fait tellement peu dans un contexte aussi terrible.

Dès leur retour sur le sol français, les sapeurs-pompiers ont été pris en charge par des spécialistes. Ils bénéficient d’un accompagnement spécifique qui est maintenu pendant plusieurs mois.