Maintenir le lien social des aînés : les Yvelines passées à la loupe

Sandrine GAYET

Cet article fait partie du dossier: Bien vieillir dans les Yvelines

Le lien social joue un rôle déterminant dans la santé des seniors et dans le maintien de leur autonomie. Dès lors comment favoriser la participation et l’implication des personnes âgées, une fois retraitées, dans la société ? Comment repérer celles qui sont le plus isolées ? Dans les Yvelines, un diagnostic territorial a permis de faire émerger des préconisations et pistes de réflexions.

La retraite est l’un des premiers moments de fragilité pour la personne âgée. Il peut y avoir aussi un veuvage, une hospitalisation… Autant de moments où l’isolement puis la perte d’autonomie peuvent survenir. Photo IStock.

En 2016, environ 300 000 personnes ont plus de 60 ans dans les Yvelines. On considère que 6% d’entre elles sont isolées de leur cercle familial et social. « Nous faisons l’hypothèse que cette situation les éloignent des actions de prévention de la perte d’autonomie autour du lien intergénérationnel, sport-santé ou encore du numérique », explique Valérie Plantecoste, référente prévention de la perte d’autonomie.

En septembre 2019, elle est missionnée, avec l’une de ses collègues, pour réaliser le premier diagnostic autour du thème du lien social dans les Yvelines par la Conférence des financeurs, instance qui a notamment pour rôle de soutenir des actions visant à prévenir la dépendance.

Après le diagnostic, les actions à développer

Pour préserver cet élément capital pour le maintien de l’autonomie, plusieurs préconisations émergent.

  • Cibler les « zones blanches », ces territoires au sein desquels les seniors n’ont pas accès à des visites de convivialité et inciter les associations à s’y investir.
  • Orienter les financements vers des projets qui permettent de repérer les personnes âgées isolées et proposent des solutions à celles qui ne peuvent pas se déplacer.
  • Sensibiliser les Centres sociaux des Yvelines pour qu’ils soient plus à même de de répondre aux besoins des aînés de leurs quartiers.
  • Promouvoir le bénévolat et les associations qui accompagnent les futurs et jeunes retraités.
  • Ou encore inciter les communes à rejoindre une démarche de « Villes Amies des Ainés » qui favorise l’engagement citoyen des seniors car elle leur donne la parole sur les sujets qui les concernent.

Une définition large du lien social

L’étude s’intéresse aux conséquences de l’isolement et du sentiment de solitude des seniors mais aussi à leur participation sociale et citoyenne après la retraite. « C’est l’un des premiers moments de fragilité pour la personne âgée. Il peut y avoir aussi un veuvage, une hospitalisation… Autant de moments où l’isolement puis la perte d’autonomie peuvent survenir », précise Valérie Plantecoste. Une rupture pour certains, quand d’autres s’en sortent mieux, et leur témoignage peut servir d’éclairage :

« Nous voulions aussi interroger les seniors qui ne sont pas du tout dépendants. Pour savoir comment ils font, eux, pour maintenir le lien social alors qu’ils n’ont plus d’activité professionnelle ».

Le diagnostic est le résultat du travail d’une année : recherches bibliographiques pour poser un cadre et une définition, repérage non exhaustif et entretiens avec des porteurs de projets implantés dans et en dehors des Yvelines, questionnaire à destination des centres sociaux mais aussi recueil de témoignage au plus près des premiers concernés.

A cause du Covid, les deux groupes de travail initialement prévus sur deux territoires des Yvelines ont dû être remplacés par des ateliers participatifs en visio, ouverts aux acteurs locaux de toutes les Yvelines :

« Le lien social est quelque chose de très local, à l’échelle d’un quartier ou d’une ville. L’épidémie nous a obligé à changer un peu notre méthodologie », se souvient Valérie Plantecoste. A la fin du printemps, nous avons donc proposé d’interviewer directement des seniors ».

Les paroles de représentants de conseils de vie sociale, d’utilisateurs d’espaces seniors, ces lieux d’accueil des aînés, ou de personnes bénéficiaires du dispositif départemental Yvelines Etudiants Seniors sont donc venus nourrir le diagnostic.

« L’idée était d’amener à une réflexion et à une mobilisation de nos partenaires », conclue Valérie Plantecoste, « Même si les préconisations ne sont pas suivies à la lettre, l’objectif est d’enclencher une dynamique ».

Une dynamique aujourd’hui à l’œuvre au sein du Département, pilote de l’expérimentation avec 6 villes yvelinoises pour définir une politique globale, transversale à destination des aînés.

Si vous souhaitez contacter les acteurs de la démarche « politique globale vers les aînés » au sein du Département, une adresse  : vada78@yvelines.fr 

Zoom

Pour consulter l’étude cliquer sur   Le lien social des personnes âgées de plus de 60 ans dans les Yvelines, Diagnostic territorial partagé (septembre 2019 – août 2020), Valérie Plantecoste et Clara Delarue, avec la participation de Stéphanie Gautier.

La Conférence des financeurs :  cette instance est présidée par le Président du Département et vice-présidée par le Directeur général de l’Agence régionale de santé. Elle est composée des représentants suivant : le Département des Yvelines, l’Agence régionale de santé, l’Agence nationale de l’habitat, la Caisse nationale d’assurance vieillesse, la Caisse primaire d’assurance maladie, la Mutualité sociale agricole, AGIRC-ARRCO, la Fédération nationale de la Mutualité Française, le Conseil Départemental de la Citoyenneté et de l’Autonomie, la Communauté d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, la Direction Départementale Emploi Travail Solidarités/DDETS (Mission logement hébergement), le Service Départemental Jeunesse Engagement et Sport /SDJES (sous l’autorité du directeur départemental des services de l’éducation nationale (DSDEN)), la DDCS/Direction Départementale de la Cohésion Sociale, le Dr Acquino en tant que personne qualifiée, l’Agence Interdépartementale de l’Autonomie 78/92, Saint-Cyr-l’Ecole.