Les collégiens face au confinement

ChloëBringuier

Sarah, Baptiste et Liloo sont collégiens. Depuis plus d’un mois, ils font l’expérience de l’école à la maison. Ils ont accepté de nous livrer leurs témoignages de confinés entre devoirs, informations en continu et doutes. 

Les collégiens face au confinement © CD78

Pour eux non plus, le quotidien n’est pas facile. Depuis plus d’un mois, ils ne voient plus leurs camarades, leurs professeurs, leurs amis. C’est un changement brutal pour des adolescents habitués à leurs repères.

Désormais, le travail se fait à la maison et parfois avec les moyens du bord. Une. connexion internet capricieuse, un écran pour plusieurs membres de la famille… Il faut s’organiser mais surtout s’accrocher, ne pas perdre espoir. Liloo est en 4è et elle mesure sa chance : « je suis contente de ne pas avoir le brevet cette année. »

Ce qui n’est pas le cas de Baptiste, un peu plus stressé :

Tout allait bien et d’un coup c’est comme si le monde s’était arrêté de tourner

Les collégiens face au confinement © CD78

Il se souvient du dernier jour au collège à Rambouillet, du discours d’Emmanuel Macron qu’il a regardé à la télévision avec ses parents. Le jeune homme est déçu que le contrôle continu s’applique pour le brevet car « ce n’était pas ce qui était prévu, ce n’est pas hyper clair. Heureusement que nos profs nous expliquent bien. »

Sarah est du même avis. Elle est en 4è et partage l’ordinateur familial avec ses deux soeurs :

On a fait un calendrier parce que mes profs font des cours avec webcam. J’ai la priorité à ces moments-là.

Pas toujours facile donc de ne pas céder aux tensions dans les fratries alors que l’enfermement se fait de plus en plus ressentir :

Je n’ai plus envie de jouer avec mes frères. Ils m’énervent, j’ai envie d’être seul

lâche Baptiste. On peut aisément le comprendre. Habituellement, il va au sport deux fois par semaine et il joue avec ses voisins en rentrant de l’école. Aujourd’hui, ils se croisent de loin, d’un petit jardin à l’autre. Pendant les vacances scolaires, chacun y est allé à sa manière. « J’ai fermé tous mes cahiers et j’ai oublié l’école. J’ai fait de la cuisine, du tri dans ma chambre. » nous explique Sarah, qui devait faire un stage d’arts plastiques pendant une semaine. Liloo quant à elle a continué à travailler 1h par jour et à lire un peu : « j’ai aussi fait des exercices sur l’ENT pour m’entraîner un peu grâce aux jeux, mais je me suis vite lassée »

Elle a également profité de ce temps confiné pour regarder des séries sur Netflix sur lesquelles elle échange avec ses copines par messages :

On a de la chance, on peut s’appeler, se voir avec Facetime ou faire des lives Instagram, c’est déjà bien.

Les professeurs à la rescousse

Les collégiens face au confinement © CD78

Les professeurs sont ultra sollicités et restent au rendez-vous, vacances scolaires ou non. Chaque semaine ils joignent les familles par téléphone pour savoir comment se passe le confinement. Une professeure dans un collège de Conflans-Sainte-Honorine témoignait sur l’antenne de France Inter le 13 avril dernier :

Nous avons la chance d’avoir l’ENT qui nous permet de vérifier au moins les connexions. Ici 100% des élèves se sont connectés à la plateforme, mais être en capacité de faire le travail, c’est encore autre chose.

En effet, tous les élèves ne sont pas en mesure de travailler dans de bonnes conditions. Les zones blanches sont une réalité : beaucoup de familles ne disposent pas de connexion internet. Il a également été observé que 50% des élèves se connectent à l’ENT via leur smartphone : un tout petit écran qui n’est absolument pas adapté au travail scolaire. Les difficultés sont donc bien réelles.

Les professeurs expliquent également qu’il est compliqué d’introduire de nouvelles notions. Faire des exercices : tout le monde comprend, mais se lancer dans de nouveaux sujets, c’est presque mission impossible. Une notion se voit en général en un mois selon les matières. Lorsqu’un retour serein et global à l’école sera envisagé, il faudra rattraper ce retard.

Une professeure remarque également que sa relation avec ses élèves s’est renforcée :

On se forme tous ensemble. Pendant la classe virtuelle, les élèves nous aident à manier les outils numériques. Cette période force l’humilité de chacun

S’ils veulent retourner au collège ? La réponse est unanime : oui ! Tous sont d’ailleurs convaincus que le 11 mai 2020, la cloche sonnera et qu’ils pourront retrouver leurs amis devant les grilles des établissements. Baptiste analyse : « peut-être qu’on devra faire des demi-groupes »

Liloo quant à elle se demande s’il faudra porter un masque. Sarah se veut plus prudente :

Les collégiens face au confinement © Unsplash

J’ai hâte mais je crois que ce sera plutôt en septembre. Ma cousine en Italie ne retournera pas à l’école avant.

Leurs esprits sont remplis d’informations et c’est parfois un peu flou.

Comment s’informent-ils ? 

Je lis Mon Quotidien en ligne mais parfois j’écoute aussi la radio quand elle est allumée à la maison. Je ne comprends pas toujours tout, mais parfois j’entends une nouvelle que j’ai déjà lue

Explique Baptiste. Sarah, elle, préfère se tenir loin des nouvelles qui ont tendance à l’angoisser. Si le moral des 3 collégiens est plutôt bon, il y a des moments plus compliqués que d’autres. Certains peinent à trouver le sommeil car ils ne se sont pas assez dépensés. Après un mois, les activités variées proposées ça et là commencent à perdre leur intérêt.

Ce qui leur manque le plus ? 

La vie d’avant tout simplement. Sortir dans la rue, retrouver ses amis, profiter des activités extra scolaires. S’ils ne sont pas inquiets pour leur santé, on sent tout de même chez chacun un questionnement sur l’avenir. À force d’entendre « qu’un retour à la vie normale sera long, très long », les collégiens expérimentent l’inconnu et le manque d’horizon. Des émotions vives et complexes alors qu’ils n’ont même pas 15 ans.

Pour aller plus loin 

Seine et Yvelines Numérique a lancé le programme #AmusezVous : de quoi occuper les enfants avec des activités variées !