Les jeunes aidants, qui sont-ils ?

Sandrine GAYET

Cet article fait partie du dossier: Comment soutenir les aidants familiaux

Un élève par classe serait un aidant familial. Enfant ou adolescent, ils apportent une aide significative à un proche. Cela en raison d’un handicap, physique ou mental ou d’une maladie grave. Qui sont-ils ? Quels sont leurs besoins ? Comment les aider ? Le colloque du 9 novembre organisé par le Département des Yvelines abordera les solutions pour les aidants et les aidés.

Les jeunes aidants, qui sont-ils ? © CD78/N.DUPREY

Les jeunes aidants, qui sont-ils ? © CD78/N.DUPREY

 

500 000 jeunes aidants, un chiffre encore sous-estimé

Hissa et Killian, sont jeunes, moins de 21 ans, mais déjà une expérience de la vie un peu hors norme. Ils sont ce que l’on appelle des jeunes aidants familiaux. Une maman très malade pour Hissa, un père en situation de handicap après un accident pour Killian.

Tous les deux ont vu leur quotidien basculer du jour au lendemain, quand ils ont dû se transformer en aide à domicile : tâches ménagères, courses, soutien moral, parfois physique, suivis médicaux… tout cela en plus de leur parcours scolaire. Ils seraient plus de 500 000 collégiens, lycéens et jeunes adultes dans cette situation. Un élève par classe donc. Mais ils sont discrets, peu visibles. Et leur nombre serait bien plus élevé.

Quand ma mère est tombée malade, j’avais 15 ans, raconte Hissa*, lycéenne à Sartrouville. Je voulais rester forte pour elle, lui épargner tout souci. Alors je faisais la cuisine pour ma petite sœur, les courses et je lui lisais le courrier. Nous vivions dans une bulle d’angoisse mais de rires aussi

Le père de Killian* a eu un AVC avec de lourdes conséquences sur sa motricité et le langage.

C’était dur de le voir diminué. Par moments, je suis l’adulte, lui l’enfant. Ma mère a changé ses horaires de travail pour être auprès de lui mais je ne sais pas, il faut que je sois présent. Cela me paraît normal, c’est mon père.

Pour ces jeunes en situation d’aidance, conjuguer scolarité et aide familial est parfois difficile. Problèmes de concentration, troubles du sommeil sont récurrents.
Killian, lui, a trouvé auprès de ses amis une belle solidarité. « Ils sont très présents et continuent de venir à la maison comme avant. On bosse, on joue de la guitare… la musique, ça plait à mon père » sourit le jeune homme.

Hissa qui a aujourd’hui 20 ans, a découvert en elle des forces mentales insoupçonnées : « par rapport aux filles de mon âge, j’ai peut-être un peu plus de maturité, oui. Etre devenue un peu cheffe de famille à 15 ans, c’est sûr, ça m’a donné de la force ».

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Reconnaissance délicate des jeunes aidants

Repérer les jeunes aidants pour les accompagner, est un défi auquel s’attèlent tous les acteurs de l’aide aux aidants : Départements, associations, communes, services sociaux, Education nationale…

Dans certaines familles concernées, on préfère rester « invisibles ». Par peur parfois de voir arriver les services sociaux, par pudeur ou méconnaissance le plus souvent des dispositifs d’aide.

Beaucoup de familles concernées ne savent pas qu’il existe des solutions pour les aider, pour soulager les enfants d’un rôle qu’ils ne devraient pas avoir à endosser

expliquent les chargés de mission du Département des Yvelines.

Un autre débat divise les experts en France : faut-il ou non donner un statut aux jeunes aidants, au risque de les enfermer dans ce rôle ? Le gouvernement n’a pas encore tranché mais d’ores et déjà, des adaptations sont proposées, l’aménagement des examens par exemple. L’agence régionale de santé (ARS) a également augmenté l’enveloppe d’aide pour offrir aux jeunes aidants familiaux des solutions de répit.

Jeunes aidants, où trouver de l’aide ?

Le Département des Yvelines et ses partenaires peuvent vous aider, vous accompagner, vous orienter. De même, l’Association nationale Jeunes aidants ensemble (JADE) permet de rencontrer d’autres jeunes aidants et de prendre du temps pour soi. L’Association Française des Aidants peut les mettre en relation avec des professionnels qui pourront les écouter et les accompagner. Ils peuvent aussi parler de ce qu’ils vivent à des personnes de confiance (amis, voisins, enseignants, membres de votre famille, infirmière ou assistante sociale de leur école). Enfin, dans chaque ville, un Point information jeunesse, une Mission locale ou le Centre communal d’action sociale (CCAS) peuvent les orienter.

Pour en savoir plus :

Agenda : colloque sur les aidants organisé par le Département des Yvelines : 9 novembre 2021 à l’Oxygène Factory (campus des Mureaux).