Dans les centres de santé sexuelle, pas de tabou sur la vie sexuelle et affective

Sandrine GAYET

Cet article fait partie du dossier: Zoom sur les Centres de Santé Sexuelle

Au sein des missions départementales, les centres de santé sexuelle forment un maillon indispensable en matière d’égalité d’accès à la santé. Au-delà de la prévention, ils assurent sans avance de frais les consultations et les soins. Médecins, sage-femmes, conseillères conjugales y sont à votre écoute.

Une partie de l’équipe du centre de santé sexuelle de Versailles : Sylvie de Gasperi et Audrey Thorin, conseillères conjugales autour du docteur Alice Huynh.
Photo Nicolas Duprey/CD78

Dans le centre de santé sexuelle de Versailles, le docteur Alice Huynh et les conseillères conjugales, Véronique Dischamps, Sylvie de Gasperi et Audrey Thorin enchaînent les rendez-vous, organisent les ateliers collectifs ainsi que les actions de prévention et d’information dans les collèges et lycées.
Ici, il n’y a ni tabou ni jugement moral. Tous les sujets liés à la sexualité, à la grossesse, à la contraception, à l’IVG, aux difficultés conjugales, aux infections sexuellement transmissibles (IST) sont abordés. Les consultations, les entretiens et les soins sont ouverts à toutes les femmes en âge de procréer, avec ou sans couverture sociale.

« Dans ce lieu, les femmes, les jeunes filles ou garçons, les couples ne vont pas être jugés. Notre premier rôle c’est de les écouter, de faire en sorte qu’ils se sentent assez en confiance pour parler de leurs problèmes ou de leurs besoins », explique Véronique Dischamps qui se décrit comme une « généraliste de l’écoute ».

Le docteur Alice Huynh aurait pu exercer en médecine libérale mais elle a fait le choix de travailler pour le service public dans le centre de santé sexuelle pour la qualité et l’engagement des équipes de professionnels et aussi pour le temps qu’elle peut consacrer au suivi de femmes souvent dans des situations de vulnérabilité.
Toutes ses consultations sont confidentielles, et les mineurs et jeunes adultes peuvent demander l’anonymat.

Le docteur Huynh en consultation au centre de santé sexuelle de Versailles. Photo Nicolas Duprey/CD78

Informer et rectifier les idées fausses

Ces centres sont indispensables en effet pour aborder des sujets que les jeunes ne peuvent pas ou n’osent pas évoquer avec leurs parents. Une grande partie du travail de prévention consiste bien souvent à déconstruire les idées que les jeunes se font de la sexualité.

« On constate chez les jeunes – mais aussi de nombreux adultes – une vraie méconnaissance du corps, de l’anatomie et de ce qui a trait à la sexualité, à la vie affective », explique le docteur Huynh.

« Beaucoup de jeunes s’informent sur les réseaux sociaux et considèrent les influenceurs comme des « sachants ». Quand on échange avec eux sur la sexualité, on entend des choses incroyables, aberrantes et l’on doit déconstruire leurs idées reçues », ajoute Sylvie de Gasperi.

Les exemples sont en effet assez parlants.

Telle cette jeune fille de 13 ans qui consulte car elle pense être frigide… « plusieurs partenaires et des vidéos porno comme source d’apprentissage, entre ce qu’elle vit et ce qu’elle visionne, elle est en effet perdue. Et quand on échange avec elle sur les sentiments, là c’est le black-out ». Ou ces jeunes interrogés sur ce que sont les préliminaires… « La réponse qui revient le plus souvent, c’est la fellation. Et nous on leur explique que cela c’est déjà un acte sexuel.

On leur rappelle que la sexualité doit être une source de plaisir consenti et qu’il faut privilégier la qualité relationnelle, le respect de soi-même et de l’autre ».

Tous les sujets liés à la sexualité, à la grossesse, à la contraception, à l’IVG, aux difficultés conjugales, aux infections sexuellement transmissibles (IST) sont abordés. Photo Nicolas Duprey/CD78

L’impact du porno chez les jeunes

Le docteur Alice Huynh observe chez certains jeunes une pratique violente, mécanique de la sexualité, due aux sites pornographiques. « Cela entraîne chez les jeunes filles une ambivalence. Elles sont plus dans la recherche de la performance que du plaisir. Et puis il y a la question du consentement, sujet abordé en classe de 3ème. Des jeunes filles n’osent pas dire non pour ne pas passer pour des « allumeuses » ou par peur de ne pas être « intégrées ».

Nous avons là une mission essentielle de prévention et d’éducation. D’ailleurs, nos interventions dans les classes se passent très bien. Les jeunes veulent apprendre, posent plein de questions et cela donne des échanges constructifs ».

Et pour ceux qui veulent plus d’anonymat, ils peuvent se rendre au centre. Ils trouveront toujours quelqu’un à qui parler.

Les interventions du Centre de santé sexuelle

Répondre à vos questions sur la sexualité et la contraception

• Renseignements sur le respect de soi et de l’autre, le consentement
• Information, prescription et suivi d’une contraception
• Contraception d’urgence
• Suivi gynécologique préventif
• Entretien sur la sexualité

Accompagnement de la grossesse

• En cas de grossesse, les personnes sont accompagnées en fonction de leur choix, qu’elles décident de la poursuivre ou de l’interrompre

• Accompagnement autour de la violence (discriminations, viols, violences au sein du couple ou de la famille, harcèlement sexuel…)
• Test de grossesse
• Prises en charge autour de la grossesse

Prescription de dépistage des IST

• SIDA, hépatites, syphilis, chlamydiae…
Entretiens de conseil conjugal et familial
• Approche de la vie affective, relations amoureuses
• Préparation à la vie de couple et à la fonction parentale
• Entretiens sur les relations conjugales, familiales et parentales, accompagnement du couple en crise : conflits récurrents, problème de communication, infidélité…