Crise sanitaire : un commerce ouvert, ce n’est pas un commerce épargné

NicolasThéodet

Certaines boutiques sont ouvertes mais souffrent. À Chevreuse, malgré une activité visible dans le commerce de l’Alchimiste, la crainte du troisième confinement est palpable. 

La boutique reste ouverte, mais les clients sont de moins en moins nombreux. © CD78 / N.Theodet

La carte postale est parfaite. Un ciel bleu de début de printemps domine la ville de Chevreuse. Le temps semble paisible sous ces températures agréables. Le soleil baigne la promenade historique du lavoir en centre-ville. Pourtant, non loin de là, une chape de plomb  s’est abattue sur les commerçants locaux. Le troisième confinement est vécu comme un traumatisme. Notamment dans la rue Lalande, en plein cœur de la commune. Installés derrière une façade rouge, Evelyne et Marc tiennent l’Alchimiste, un magasin de fabrication artisanal de sirop.

« Les gens ne veulent plus se projeter »

« Nous sommes un peu entre deux chaises », explique Marc, « nous avons un commerce ouvert. Mais notre activité est clairement au ralenti. Le sirop c’est un commerce de niche ». Si l’enseigne reste en activité, la crise sanitaire n’a pas épargné ces artisans. Basant une grande partie de leur chiffre d’affaires sur les week-end, les dernières mesures sanitaires du mois de mars ont fait perdre plus de 60% de clients.

« L’été dernier était complètement fou », se souvient Evelyne, « toute l’Ile-de-France venait en vallée de Chevreuse. L’activité était pleine. On a réellement profité du déconfinement ». Six mois plus tard, le sentiment s’inverse. La crainte prédomine. Sur les trois activités que propose la boutique, deux sont à l’arrêt, le bar et les visites. La troisième, la vente, tourne au ralenti. « Les gens sont dans l’attente, ils ne veulent plus se projeter », analyse-t-elle pour expliquer le manque d’activité.

Un troisième confinement catastrophique pour les commerçants

Evelyne et Marc craignent le troisième confinement. © CD78 / N.Theodet

Le troisième confinement marque un tournant. Les gens, lassés, soutiennent moins les commerces locaux. La fatigue psychologique commence à peser et l’année écoulée marque l’historique des entreprises. Les commandes sont moins nombreuses, moins fréquentes. Les appels à la solidarité ont de moins en moins d’échos. Beaucoup s’inquiètent de l’avenir et des prochaines mesures à entrer en vigueur.

« J’entends dire qu’on devrait se satisfaire de garder une activité », déclare agacé Marc. « Pour réussir à se payer, nous faisons des semaines de 70h week-ends compris. C’est juste pour ne pas perdre trop d’argent. Nos charges augmentent. Nous devons payer notre loyer… Et comme notre commerce est ouvert, il n’y a pas d’aides », ajoute-t-il.

Un commerce ouvert n’est pas un commerce sauvé

Dans la vallée de Chevreuse, une grande partie des commerces vivent grâce au tourisme. La restriction des 10km a donc fait d’importants dégâts. Mais pire encore, elle laisse planer un doute, un futur incertain. « Si nous on tient le coup, c’est grâce au travail effectué pour maintenir la pérennité de notre commerce », analyse Marc. « Nous sommes trois et c’est un plus pour se maintenir optimiste. Nous avons une pensée solidaire envers nos voisins commerçants qui dirigent leurs commerces seul », ajoute-t-il, conscient des difficultés que peuvent rencontrer ses voisins.