Leyko, le malinois des pompiers, réapprend à retrouver des survivants

YvesFOSSEY

Leyko, le chien malinois des sapeurs-pompiers des Yvelines, est revenu désorienté de sa mission en Turquie à la suite du tremblement de terre. Dressé pour rechercher des personnes en vie dans des décombres, son odorat a été perturbé d’autant qu’il n’a flairé aucun survivant. Afin de lui permettre de retrouver ses capacités olfactives, il doit être à nouveau entraîné.

Leyko et son maître Erwan Breton à l’unité cynotechnique des sapeurs-pompiers. CD78/N.Duprey

A l’unité cynotechnique des sapeurs-pompiers de Villejust dans l’Essonne, Leyko s’en donne à cœur joie. Le chien de 7 ans et demi grimpe sur les gravats en béton et s’engouffre dans des tunnels à la recherche d’une personne cachée, jouant le rôle de victime.

S’entraîner pour retrouver les bons réflexes

L’animal va très vite. Grâce à son flair, il repère rapidement une présence humaine dans les amas de pierres. Dès qu’il détecte l’existence d’un individu dans les décombres, il aboie et gratte l’endroit pour prévenir Erwan Breton, son maître, qui, en guise de récompense, lui donne son jouet préféré.

Le malinois en redemande. Il multiplie les exercices au sein de ce site d’entraînement spécifique de 7 hectares. L’animal, qui fait partie des neuf chiens de recherche du service département d’incendie et de secours des Yvelines, travaille depuis fin février afin de retrouver ses réflexes.

La formation est basée sur le jeu afin de motiver le chien. Ce sont des séances de 20 à 30 minutes, indique Erwan Breton. Au total il faut compter 8 heures d’entraînement pour que Leyko soit à nouveau opérationnel.

L’expérimenté Leyko doit en effet effacer de sa mémoire, surtout de son flair, ce qu’il a vécu en Turquie début février. Il était aux côtés des 13 sauveteurs Yvelinois dépêchés dans ce pays pour porter secours aux victimes du terrible tremblement de terre.

Leyko, dont l’odorat a été perturbé lors des recherches en Turquie, bénéficie d’une nouvelle séances d’entraînement pour retrouver ses repères. CD78/N.Duprey

Son maître Erwan Breton, membre de la mission, comptait sur lui pour retrouver des rescapés sous les blocs de béton des immeubles, qui se sont effondrés comme des châteaux de carte lors du séisme. « C’était comme un théâtre de guerre, on voit tous ces bâtiments au sol, ces amas de pierres », raconte Katia Hamon, qui faisait également partie du déplacement.

Leyko n’a flairé que des corps sans vie

L’objectif était de sauver des rescapés. Et si Leyko a marqué régulièrement des endroits précis où il avait bien décelé la présence d’une personne sous les gravats, malheureusement, durant les dix jours de la mission, il n’a dépisté que des corps sans vie.

Une victime vivante dégage des effluves et des odeurs diffusées par la respiration ou la peau, par exemple la sueur, explique Erwan Breton. En Turquie les émanations étaient différentes puisque la personne ne respire plus.

Du coup l’odorat très développé de Leyko a été affecté. Alors que son rôle est de rechercher des survivants, il ne s’est arrêté que sur des corps sans vie. Une douleur pour Erwan Breton : « c’était une à deux personnes décédées par jour ».

Cette période a été lourde de conséquences pour l’animal. « On sait très bien que ce genre d’opération n’est pas facile vu les circonstances, explique Clément Levert, référent cynotechnique. On aurait pu le mettre à la retraite anticipée mais le but c’est de garder ce chien opérationnel ».

Pas question pour Erwan Breton de laisser son chien dans cette situation. Sans attendre quelques jours après le retour de Turquie, il a décidé de le refaire travailler en reprenant le chemin de l’entraînement. « Il va bien, il a déjà retrouvé ses capacités après quatre à cinq séances », se sastisfait-il soulagé.

Pour retrouver toutes ses capacités olfactives, Leyko doit suivre une série d’entrainements représentant un total de 8 heures de formation. CD78/N.Duprey