Les « Makers du 78 » volent au secours des soignants

ChloëBringuier

Face à la crise sanitaire, professionnels et particuliers avancent main dans la main pour améliorer les conditions de travail de celles et ceux qui exercent pour notre santé, notre sécurité et notre alimentation. Depuis le début du confinement les « Makers du 78 » se sont organisés pour fabriquer et livrer du matériel de protection.

Les soignants de l’EHPAD Korian de Louveciennes remercient les Makers du 78 © Facebook / Alexandre Houillier

Bidouiller, créer, protéger

Solidarité et fraternité n’auront jamais autant été les mots d’ordre que ces dernières semaines. Face aux pénuries de matériels de protection, des bricoleurs se sont retroussés les manches, ont sorti les imprimantes 3D du placard et les machines à coudre des greniers. Organisés en réseaux régionaux, ces « makers » font partie d’un mouvement national (voire international) qui regroupe des particuliers fan d’innovation et de technologie et qui ont la fibre « do it yourself » (« faites le vous-mêmes ») dans le sang. On retrouve d’ailleurs ces passionnés dans des Fablabs ou dans des Repair Cafés.

Une livraison de visières prête à être faite ! © Facebook / Ricardo Marques

Tous sont animés par l’envie de bricoler, de réparer, de bidouiller et de donner une seconde vie à nos objets du quotidien.

« Les makers sont des gens imprégnés par une culture de la débrouille » complète Sébastien Huet, l’un des makers du 78.

Les coulisses d’une organisation aux multiples rouages

Dans les Yvelines, ils se sont mobilisés sur le groupe Facebook « Makers contre le Covid-19 78 ». Leur objectif : créer, via des imprimantes 3D, des visières en plastique au profit du personnel soignant des Yvelines. Tous ceux qui le peuvent participent et c’est toute une organisation qui se met alors en marche :

  1. Les demandes des hôpitaux et des professionnels sont postées ou relayées sur le groupe
  2. Les makers se mobilisent, fabriquent et remplissent un inventaire détaillé de leur production
  3. Des logisticiens effectuent les tournées pour récupérer le matériel produit et l’acheminent sur les 3 points de collecte (Saint-Quentin-en-Yvelines, Rambouillet et Neauphle-le-Château)
  4. Les professionnels se signalent et sont invités à venir récupérer le matériel fabriqué dans le respect des règles sanitaires.

« La plupart du temps, les makers sont amateurs passionnés et des professionnels de la tech dont les employeurs ont autorisé l’utilisation des imprimantes 3D de l’entreprise. Parfois ce sont aussi les fablabs qui nous proposent leurs locaux. Mais on a aussi l’aide d’établissements scolaires comme le collège de La Couldre à Montigny qui nous a prêté une machine », précise Sébastien Huet.

Renouer avec le tissu local

Mais ce n’est pas tout ! Les makers ont aussi reçu de l’aide de collectivités (certaines ont prêté des véhicules comme la Ville de Voisins-le-Bretonneux), de députés et même de la Gendarmerie des Yvelines qui n’a pas hésité à faciliter l’acheminement de la production dans le département. Les makers n’ont d’ailleurs pas hésité à équiper les gendarmes mais aussi les policiers municipaux en visières pour les protéger pendant les contrôles.

« C’est incroyable comme ce mouvement a permis de recréer du lien entre des entités qui pouvaient s’ignorer ou même se méfier les unes des autres. Aujourd’hui on assiste à une réelle amélioration de la solidarité dans le tissu local, c’est très gratifiant », reconnaît Sébastien.

La police municipale du Chesnay a été équipée par les Makers © Facebook / Victor Briolt

Grâce à la mobilisation de ce réseau aussi passionné que solidaire, ce sont 20 à 30 visières par jour et par maker qui sont fabriquées. Bien sûr, avec la crise, d’autres besoins se sont fait ressentir et les makers se sont également mis à la création de charlottes, de blouses et de sur-blouses. Ils travaillent d’ailleurs main dans la main avec « Over the Blues ».

Au 17 avril, en 3 semaines seulement, ce sont plus de 12. 000 équipements dans les Yvelines et départements proches qui ont été livrés. La priorité est donnée aux personnes en contact ou exposées aux maladies infectieuses mais aussi aux petits commerces de proximité (boucheries, boulangeries…).

Je suis intéréssé(e), que puis-je faire ?

Que vous soyez demandeur ou maker en devenir, vous pouvez rejoindre le groupe Facebook des « Makers contre le Covid-19 78 ».

 

© Facebook / Makers du 78 – Nico Renoult