Dépôts sauvages en forêt, la brigade équestre veille

NicolasThéodet

Parmi les incivilités qui existent en forêt, les dépôts sauvages sont les plus dommageables. Pour la faune, la flore, mais aussi pour les collectivités qui dépensent des dizaines de milliers d’euros pour traiter les détritus des pollueurs.  

Les gendarmes patrouillent en veillent en forêt. ©CD78/N.Théodet

« Est-ce que si je prends ce chemin, je peux ressortir de ce côté-là de la forêt ? ». Souvent, quand la gendarmerie se déplace dans les Espaces Naturels Sensibles, les passants posent de simples questions telles que celle demandée par une promeneuse souhaitant ne pas se perdre dans la forêt d’Abbecourt sur les hauts d’Orgeval. Il faut dire que les militaires sont impressionnants. Juchés sur leurs chevaux à près de 3 mètres du sol, ils sont de véritables tours de guet dans les bois.

Nous dominons tout avec la hauteur. Avec les chevaux, nous avançons longtemps et silencieusement sur les sentiers. C’est le meilleur moyen pour patrouiller

confie Anthony Vallée, gendarme de la brigade équestre des Yvelines.

Plusieurs dépôts sauvage de pneus en forêt et une enquête

Le dépôt sauvage de la forêt d’Abbecourt. ©CD78/N.Théodet

Des patrouilles de plus en plus nécessaires « la présence de la brigade équestre dans les forêts est très appréciée du public. Et elle permet d’obtenir des résultats concrets dans la lutte contre les infractions et délits environnementaux », analyse Jean-Michel Portier, forestier du Département. En forêt, les incivilités sont nombreuses. Mais la plus dommageable reste les décharges sauvages. D’ailleurs, la forêt d’Abbecourt a elle-même subi un dépôt sauvage de pneus de voiture en septembre 2019, plus de 180. Rebelotte en février 2020, cette fois avec 90 pneus. Pour Jean-Michel Portier, c’était de trop. Il dépose une plainte à la gendarmerie qui mène ensuite l’enquête…

 Nous avons eu un autre dépôt de pneus un peu plus loin entre Bailly et Saint-Cyr-l’École

confie la cheffe de brigade Marie Malfait.

Dans celui-ci, une facture indiquait une adresse de garage. Puis quelques mois plus tard, c’est à la ville de Marly-le-Roi d’être victime du même préjudice. Une nouvelle fois, cette adresse est découverte parmi les déchets. « Nous avons pu traduire la personne en justice grâce à une enquête conjointe de plusieurs services », explique la gendarme. Finalement la personne a été condamnée à plusieurs milliers d’euros d’amende et de dommages et intérêts.

« C’est le contribuable qui paie »

En forêt, l’utilisation d’animaux permet une meilleure observation. ©CD78/N.Théodet

Les dépôts sauvages sont un véritable fléau pour les forêts. Si le cas des pneus est flagrant, il en est de même pour les déchets verts, plus nombreux et surtout encore plus impactants pour la faune et la flore. « Dans certains déchets, on retrouve des plantes invasives comme la Renouée du Japon par exemple », confie Jean-Michel Portier. « Elles prennent rapidement racines et envahissent les forêts », précise-t-il.

D’autant plus dommageable que « c’est le contribuable qui paie », ajoute Anthony Vallée. En effet, retirer les dépôts sauvages est à la charge des communes. Par an, « ce sont des milliers d’euros qui sont dépensés par les mairies. Dans certains cas, ça handicape d’autres investissements », ajoute le militaire. C’est pourquoi, les gendarmeries des Yvelines sont en relation permanente avec les maires par l’intermédiaire d’une messagerie instantanée. « Ceux qui veulent y participer sont les bienvenus », expliquent les deux gendarmes. Ce procédé est aussi utilisé par le Département, les éco-gardes, l’OFB et l’ONF. Une convention a même été signée en mai dernier pour officialiser cette collaboration.

 « Cela nous a permis de cadrer cette relation », confie Anthony, « nous sommes plus efficaces et nous pouvons améliorer la sécurité dans les forêts des Yvelines ».