Etienne Widemann est conservateur-restaurateur de sculptures. Cet yvelinois passionné est un des rares experts autorisés en France à travailler pour les monuments et musées nationaux. Il intervient avec ses confrères sur quatre groupes sculptés du château de Versailles, datant du 17e siècle. Délocalisées sur le site Dunlopillo de Mantes-la-Jolie, les sculptures colossales y sont restaurées.
Soigneur de pierre, passeur de patrimoine
Le Réveil de la pierre, c’est un chantier-exposition unique, la mise en lumière d’un métier de l’ombre : conservateur-restaurateur de patrimoine. A ne pas confondre avec les sculpteurs.
« Nous ne sommes ni des copistes ni des artistes. Nous ne devons pas interférer avec le travail du créateur. Nous sommes juste des passeurs de patrimoine. Notre travail ne consiste pas à créer mais à soigner une sculpture abimée, dégradée pour qu’elle survive au temps et puisse encore être admirée de longs siècles ».
Un métier très polyvalent
Ce métier mobilise un éventail de connaissances, ce qui explique pourquoi ces experts engrangent de longues études. Etienne, Bac scientifique en poche est entré à la prestigieuse Ecole Boulle où il a acquis, entre autres, les techniques traditionnelles de la sculpture sur bois. Il a poursuivi en histoire de l’art puis a intégré l’Institut National du Patrimoine. Cette polyvalence du métier le comble.
« Il faut avoir des connaissances en mécanique, chimie et physique des matériaux, en histoire pour comprendre le contexte d’une œuvre, et bien sûr, la technique ».
Un puzzle de 1 000 pièces
Autres qualités requises, l’esprit de synthèse et une patience sans nom. Car sur le chantier de Mantes-la-Jolie, les restaurateurs doivent reconstituer un puzzle de 1000 pièces, certaines pesant plus d’une tonne, d’autres quelques grammes.
Les outils qu’ils utilisent sont d’une simplicité confondante. « Il n’existe aucun outillage spécifique à notre métier. Nous prenons ce qui existe et on adapte » sourit Etienne. Ça va de la spatule de dentiste à la pointe de maçon… du « système D » donc.
La réversibilité ou le droit à l’erreur
La conservation-restauration obéit à une déontologie stricte. Ce travail consiste à faire en sorte que l’œuvre ait le moins besoin de restauration possible : « C’est ce que l’on appelle la stabilisation, rendre l’œuvre aussi pérenne que possible ». Vient ensuite l’un des points les plus importants, la réversibilité.
« Tout ce que l’on fait sur l’objet doit pouvoir être défait »
Enfin il faut que le travail se distingue de la partie originale mais que la restauration se voie le moins possible. Et le plus beau compliment que l’on puisse faire à Etienne ? « Quand on me dit, que ce que j’ai fait ne se voit pas ».
Site Le Réveil de la Pierre – Dunlopillo
Allée des Marronniers – Mantes-la-Jolie
Les mardis de 9 h à 12 h 30 et de 13 h 30 à 17 h 30
Réservation obligatoire pour les groupes à reveildelapierre@yvelines.fr
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