Spectaculaire nettoyage de la « mer de déchets »

SandrineGAYET

La vaste opération de nettoyage de la « mer de déchets » pilotée par le Département et réalisée par l’entreprise Picheta, entrera début septembre dans sa seconde phase. D’ores et déjà, plus de 65% des déchets ont été traités puis évacués de la plaine de Carrières-sous-Poissy.

C’était une immense décharge à ciel ouvert. Une tache honteuse de plus de 300 hectares sur laquelle des entreprises déversaient leurs détritus pour ne pas payer la mise en décharge qu’ils facturaient pourtant à leurs clients : béton, canalisations, pots de peinture, amiante, solvants, pneus… 26 000 tonnes de saletés polluantes.

Présentation de l’avancée des travaux par Claire Marlaud, responsable du projet au Conseil départemental, en présence de Pierre Bédier, Président des Yvelines et de Jean_Jacques Brot, Préfet des Yvelines. © N.Duprey/CD78

« Ce lieu a été le symbole de l’impuissance publique » reconnaît Pierre Bédier, Président des Yvelines. Après des années d’hésitation, nous avons pris, avec le Préfet, le dossier à bras le corps. Ici, vous avez désormais la démonstration que lorsque l’on veut, on peut. Et les résultats sont spectaculaires ! ».

Un démonstrateur vertueux

« Le Conseil départemental s’est attaqué à un chantier d’ampleur. Pour le mener à bien, nous avons mis en place un démonstrateur vertueux », explique Claire Marlaud, responsable du projet pour le Conseil départemental des Yvelines.

Et de poursuivre : « Nous sommes presque au bout de la première phase de nettoyage avec 65% de déchets déjà évacués d’une parcelle de 3,7 hectares. Ils ont été collectés, triés puis traités durant quatre mois sans interruption malgré la crise sanitaire. Début septembre, nous démarrerons la deuxième phase de dépollution sur une autre parcelle avec pour objectif le nettoyage de près de 75% de la plaine d’ici la fin de l’année. »

Tri respectueux de l’environnement, valorisation des déchets et réinsertion sociale de bénéficiaires du RSA, sont au cœur de ce projet d’envergure.

Une méthode valorisée et approuvée par la ministre de la Transition Ecologique, Barbara Pompili, venue en visite sur le site le 17 juillet afin de découvrir l’étendu des travaux.

« C’est un terrain meurtri aux portes de la capitale, une tache dans notre région. Mais cet endroit doit servir d’exemple. Ici, grâce à la solidarité qui unit les collectivités locales, le Département et l’État, sans oublier les associations, les deux tiers des déchets ont été traités. Cela ne fait aucun doute que l’exemplarité de ce processus devienne une manière d’opérer irréversible pour les autres sites de décharges sauvages en France. Ce travail va servir d’exemple. »

La mauvaise surprise du « kinder »

La ministre de la Transition Ecologique a visité le site avec les différents partenaires de l’opération. ©CD78/ N.Théodet.

Les équipes ont baptisé une parcelle le « kinder », clin d’œil à la confiserie dont les enfants raffolent pour les surprises qu’elles renferment. Ici, la surprise ne fut pas celle du « bueno ».

« Nous savions qu’il y aurait de l’amiante mais pas dans de telles proportions ! », s’indigne Claire Marlaud.

Et les chiffres sont parlants : plus de 604 tonnes d’amiante ont dû être évacuées… Et ce n’est pas fini.

Cette première étape de nettoyage est réalisée par l’entreprise Picheta. « Nous avons balisé les zones contenant de l’amiante », explique Franck Paupardin, chef d’agence chez Picheta.
Quant aux autres déchets, ils passent par une unité de tri mobile. Cette machine organise et optimise le tri des matériaux trouvés sur place pour être ensuite valorisés dans un cycle vertueux.

« L’objectif est de faire de ces déchets une matière première », précise encore Franck Paupardin.

Réhabilitation de la plaine en forêt ?

Le Département agit et accompagne les initiatives locales en faveur de l’environnement et du cadre de vie. Ainsi, ce chantier constitue-t-il une première étape dans la réhabilitation de cette ancienne plaine maraîchère qui a servi de champ d’épandage des eaux usées de la ville de Paris avant de devenir une des plus grandes poubelles d’Ile-de-France. Les associations de défense de l’environnement suivent de près le projet et à ce jour, elles se déclarent plutôt ravies de la métamorphose en cours.

« L’opération ne peut pas consister simplement à enlever les déchets, il faut trouver un usage durable, un usage rentable à ces terrains. Nous sommes au début d’un processus qui sera long, qui sera compliqué, mais nous sommes enfin au début d’un processus », affirme Pierre Bédier.

Le choix retenu pour transformer cette plaine ? Y implanter une forêt et y développer un écosystème dédié au bois. Un projet positif en termes de qualité de vie, au service du développement durable et bénéfique à l’ensemble des Yvelinois. Cette filière deviendra ainsi créatrice d’emplois et générera des ressources directes pour le territoire.

« Il en va de notre engagement à défendre un département plus écologiquement responsable. Il en va de l’héritage que nous souhaitons laisser aux générations futures », insiste Pierre Bédier.

« La création d’un écosystème dédié au bois, à la forêt et à ses usages est en effet une possibilité » conclut-il.

Les partenaires du Département sur ce chantier

ONET, chargée de sécuriser le site 7 jours sur 7, 24 heures/24 (gardiennage, vidéosurveillance…)
MULTICLOS, qui a posé les 2 200 mètres de clôtures
PICHETA qui a mis en place le démonstrateur capable de trier et de revaloriser les déchets collectés
ACTIVIT’Y, l’agence départementale d’insertion qui a permis à des bénéficiaires du RSA de trouver ici un emploi.

Retour en images sur ce chantier unique

Installation de l'exosphère et du tapis de tri sur "la mer de déchets" à Carrières-sous-Poissy