Le Département des Yvelines agit pour préserver les zones humides

SandrineGAYET

Les mares forment des écosystèmes uniques mais fragiles et très menacés. Elles sont pourtant essentielles pour lutter contre le réchauffement climatique. Le Département des Yvelines mène une politique active de préservation des zones humides dans les Espaces Naturels Sensibles (ENS). Depuis 2013, il a restauré une quarantaine de mares sur les 140 recensées et poursuit les travaux avec comme objectif la restauration de 50 mares supplémentaires d’ici à 2026.

Photo Nicolas Duprey/CD78

Le 2 février est la journée mondiale des zones humides. L’occasion de vous présenter la politique du Département menée depuis longtemps pour préserver ces biotopes fragiles, d’une richesse souvent méconnue.

« Nous devons faire face à un enjeu majeur : le changement climatique. Pour anticiper ses effets – canicule, sécheresse, incendies -, pour réduire la vulnérabilité des territoires et pour favoriser leur résilience, le Département adapte aujourd’hui ses interventions, notamment en privilégiant les forêts résilientes et en préservant les zones humides »,

déclare Pierre Bédier, président du Département des Yvelines.

Un microcosme d’une grande diversité

Autour des mares et des prairies humides, tout un monde bruisse et clapote. Dans les Yvelines, il y a encore peu, ces points d’eau douce étaient à peine visibles. Ensevelis sous des broussailles, colonisés par des ronces.

Maintenant, les mares sont remises en lumière avec toutefois des coins ombragés. Les plantes s’épanouissent selon l’humidité et la profondeur du site : lentilles d’eau, iris jaunes, saules, roseaux, nénuphars, renoncules, myriophylles…du coup, la faune elle aussi revient : grenouilles, crapauds, salamandres, tritons à crête, tritons palmés, coléoptères, crustacés et des oiseaux parfois migrateurs qui font une pause.

Dans ces écosystèmes, tout interagit. Les espèces que l’on y trouve sont interdépendantes : les rousserolles font leurs nids sur les roseaux, les tritons enveloppent leurs œufs dans des feuilles de plantes aquatiques…

La mare des Flambertins. Photo ENS/CD78

Plus de 50% des mares ont disparu

Depuis une centaine d’années, les mares ont reflué de nos paysages et villages. Considérées comme des nids à moustiques, comme des « trous d’eau » glauques elles ont été abandonnées et plus de 50% ont disparu. Et pourtant, explique Cyril Lamarre, technicien Espaces naturels, écologie et biodiversité au Département, les mares ont joué un rôle important dans les campagnes :

« La plupart ont été créées pour abreuver le bétail, irriguer les champs. Dans les villages, elles constituaient des réserves d’eau en cas d’incendie, des viviers à poissons…Mais avec les changements des pratiques agricoles et l’urbanisation, elles ont perdu de leur attrait. Et leur déclin a fait disparaître de nombreuses espèces ».

Leur remise en lumière

A travers sa politique Espaces Naturels Sensibles, le Département souhaite contribuer à la préservation des mares et de la biodiversité qui s’y trouve. L’institution a de fait acquis de nombreux Espaces Naturels Sensibles qui abritent des milieux humides. Les mares y sont restaurées par curage et mises en lumière dans le but de favoriser l’apparition d’amphibiens et de libellules.

Cette mise en lumière peut se faire par le recul de la lisière boisée qui borde la mare ou encore par l’enlèvement des arbres et arbustes qui poussent dans la mare. Lors de travaux de mise en lumière, les déchets de coupe peuvent être dispersés aux abords. Branchages, vieilles souches et bois mort autour des mares forment en effet des refuges pour les amphibiens hors du milieu aquatique.

« Toutes les mares ne sont pas remises en lumière. Par endroits, les boisements qui se sont développés ont créé un habitat exceptionnel qu’il vaut mieux préserver tel quel », prévient Cyril Lamarre.

Triton palmé mâle identifié grâce aux prospections à l’amphicapts; Photo Cyril Lamarre/CD78

Les travaux menés et les projets

Le Département des Yvelines mène une politique active de préservation des zones humides dans les ENS.

Il a restauré une quarantaine de mares sur les 140 recensées : 15 mares dans la forêt de Pinceloup/Saint-Benoît, 10 mares dans la forêt de Sainte-Apolline, 5 mares dans la forêt d’Houlbran, 3 mares dans la forêt des Tailles d’Herbelay, 2 mares dans la forêt de Ronqueux et des Flambertins, 1 mare dans la forêt de Rochefort et Plaisance ainsi que 6 ha de prairies humides (Bois des Gaules, Port Royal et Forêt de Ronqueux).
Le Département poursuit ces travaux avec comme objectif la restauration de 50 mares supplémentaires d’ici à 2026.

En 2023, le Département a réalisé les aménagements de l’étang de Vaubersan, un écrin écologique ouvert au public. Il poursuit par ailleurs les travaux à la Poussarderie.

Zoom sur la Butte du Hutrel à Saint-Martin-la-Garenne

D’une superficie de près de 7 ha, la Butte du Hutrel est inscrite au sein d’un site Natura 2000 « Coteaux et Boucles de la Seine » qui abrite des milieux rares et fragiles telles que des prairies, des pelouses sèches et des mares. Un contrat Natura 2000 a été conclu en 2021 par le Département et le Parc Naturel régional du Vexin Français. Il permet de bénéficier d’une subvention de l’Europe pour des travaux visant à préserver un site naturel menacé à l’échelle européenne. Dans ce cadre, il a été prévu la réouverture de 5 grandes mares par des travaux de curage et de remise en lumière (débroussaillage…) réalisés en 2021 et 2022. Ces travaux d’un montant total de 34 896 € HT sont financés à 50 % par l’Europe.

Les types de mare

Les mares de forêt : elles se caractérisent par un ombrage parfois important qui réduit le développement de la flore et de la faune
Les mares de prairie : elles servent souvent d’abreuvoir au bétail. Situées en milieux ouverts, elles bénéficient d’un bon ensoleillement, favorisant la présence d’une flore et d’une faune diversifiées.
Les mares d’habitation étaient autrefois utilisées comme lavoirs, abreuvoirs ou réservoirs d’eau pour les incendies. Elles se situent au centre des villages ou dans les fermes. Elles font partie du patrimoine culturel.
Les mares ornementales : se trouvent généralement dans les parcs et jardins publics ou privés. Leur fonction est purement esthétique. La végétation y est souvent peu diversifiée.
Les mares de route sont liées aux infrastructures routières. Elles ont le rôle de recueillir et d’épurer les eaux de ruissellement chargées en hydrocarbures. Elles attirent de nombreuses espèces animales et végétales.