Les Yvelines au chevet de Notre-Dame de Paris

ChloëBringuier

Lundi 15 avril 2019, la Cathédrale Notre-Dame de Paris a pris feu. Les pompiers du Service Départemental d’Incendie et de Secours des Yvelines ont été mobilisés. Les dégâts sont conséquents pour cet édifice presque millénaire. Retour sur l’importance et l’histoire de ce trésor du patrimoine. 

Les Yvelines au chevet de Notre-Dame de Paris © Pascal Laforest

Sa construction s’est étendue sur plus de deux siècles, il n’aura fallut que quelques heures pour voir une partie de l’Histoire de France partir en fumée. Lundi 15 avril 2019, peu avant 19 heures, un incendie s’est déclaré dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. Si les causes de cet incendie semblent accidentelles, les hommages se sont succédés durant toute la soirée.

Les Yvelines au chevet de Notre-Dame de Paris © Sapeurs Pompiers 78

Le Département des Yvelines et le Service Départemental d’Incendie et de Secours des Yvelines (SDIS78) se sont mobilisés pour lutter contre l’incendie : le SDIS78 a engagé sur place deux bras élévateurs automatiques de 46 mètres de haut, ceux de Versailles et de Magnanville, les plus hauts disponibles en Ile-de-France, et le personnel spécifiquement formé à leur emploi. Étaient aussi présents sur place le Groupe d’intervention en milieu périlleux, trois officiers chefs de groupe et quatre fourgons incendie.

Face à ce drame national, il était de notre devoir de porter assistance aux pompiers de Paris. Je veux rendre hommage à l’engagement des soldats du feu, dont l’intervention a permis de préserver la structure de la cathédrale. Le Département apportera bien sûr son soutien financier à la reconstruction de ce joyau national, inscrit au patrimoine mondial de l’humanité.

souligne Pierre Bédier, Président du Conseil départemental des Yvelines.

Une « Unité grimpe » a été dépêchée hier soir en urgence et s’est rendue sur place. Cette unité est composée de plusieurs pompiers de diverses casernes des Yvelines (Versailles, Poissy, Magnanville…). Cette unité se trouvait encore sur place mardi 16 avril à 12h30. Le bras élévateur des pompiers a eu une action déterminante dans la sauvegarde du beffroi Nord de la cathédrale. 35 pompiers ont été engagés aux côtés des pompiers franciliens.

Après plus de quatre heures sous les flammes, le monument n’est plus reconnaissable depuis le pont de l’Archevêché. La Flèche, construite au dessus de la croisée du transept entre 1220 et 1230, a notamment cédé. Depuis plusieurs mois, des travaux étaient en cours pour consolider la cathédrale vieille de 856 ans.

Notre-Dame est un joyau du patrimoine français et c’est le monument le plus visité à Paris avec plus de 13 millions de visiteurs annuels. Religieux ou non, les foules se sont toujours donné rendez-vous dans cet édifice dont la construction a été décidée sous Maurice de Sully, Evêque de Paris au 11e siècle. Cet incendie est un réel drame pour le patrimoine. Notre-Dame de Paris a survécu aux guerres, aux attentats, à de multiples intempéries… Mais telle la devise parisienne « Fluctuat nec mergitur », la cathédrale a toujours trôné au milieu du 4ème arrondissement de Paris, sans que rien ne puisse l’atteindre.

Si les nombreux vitraux qui font sa célébrité datent du 19e siècle, il faut savoir que trois sublimes rosaces datent elles, du 13e siècle… Au lendemain matin de l’incendie, nous apprenons qu’elles ont souffert mais qu’elles semblent sauvées.

Notre-Dame de Paris, Louis XIII et Louis XIV

Les Yvelines au chevet de Notre-Dame de Paris, statue de Louis XIV © C.BRINGUIER

Au début du 17e siècle, le choeur de la cathédrale a été profondément remanié suivant les décisions de Louis XIV qui répondait aux voeux de son père Louis XIII. Le Roi Soleil dispose d’ailleurs de sa statue, sculptée par Antoine Coysevox, derrière l’autel. Sur cette statue, Louis XIV est représenté en roi « très chrétien », la main sur le coeur, réaffirmant sa fidélité à la Vierge.

Le 10 février 1638 fait date dans l’Histoire française. Louis XIII signait à Saint-Germain-en-Laye, résidence des Rois de France, les lettres patentes. Par ces « voeux », Louis XIII déclare la mise en place, à Notre-Dame de Paris, d’un maître autel dédié à la Vierge Marie. Via ses voeux et par la naissance de son fils, Louis XIV, Louis XIII signe le retour de la paix dans un royaume meurtri. Il déclare alors la Vierge comme protectrice spéciale de la France.

60 ans plus tard, Louis XIV demande à l’archevêque de Paris d’étudier une nouvelle décoration du sanctuaire, toujours selon les voeux de son père.

Malgré les fonds manquants, ce projet est mené à terme jusqu’en 1725. Toute la décoration est venue des mains des meilleures artisans et artistes de l’époque, ceux-même qui avaient déjà travaillé à Versailles.

Le 4 septembre 1715, à 23 heures, sont déposées au pied de l’autel, les entrailles du Roi Louis XIV dans le caveau où se trouvent déjà celle de son père.

Le son d’une cloche pour souvenir

Bourdon Emmanuel © Wikimédia

Les cloches de Notre-Dame sont célèbres dans le monde entier. Leur son est reconnaissable entre mille et chacune a un rôle bien précis. La plus grosse cloche se trouve dans la tour sud et ne sonne que lors des grandes occasions comme Noël, la Toussaint ou encore les grands évènements de la vie chrétienne. Deuxième plus grosse cloche après la Savoyarde à la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre, le Bourdon de Notre-Dame est nommé « Emmanuel »… Par son parrain Louis XIV. Nommée en l’honneur de Jésus-Christ, cette cloche a été fondue plusieurs fois au cours des siècles. Sa dernière fonte date de 1686 et Louis XIV lui donne également le nom de son épouse Marie-Thérèse d’Autriche.

Elle pèse 13 tonnes et son battant (la partie intérieure qui tape contre les parois), pèse à lui seul 500 kilos. Malgré ce poids phénoménal, le son de la cloche est doux et pur puisqu’elle sonne en fa dièse 2, l’une des sonneries les plus répandues parmi les cathédrales françaises. Le Bourdon est classé monument historique le 24 juillet 1944.

Notre-Dame de Paris porte largement l’empreinte du Grand Siècle en son c(h)oeur. C’est un édifice vieux de près d’un millénaire qui a brûlé en ce mois d’avril 2019. Les maçons et architectes médiévaux y avaient fait un travail d’orfèvres : après l’incendie, nous remarquons notamment que seul le voûtain de maçonnerie s’est effondré et que les nervures de la croisée d’ogive n’ont pas été endommagées. Cela prouve l’extrême qualité de leur travail.

Rose Sud, Notre-Dame-de-Paris © Notre-Dame-de-Paris

Après le drame, vient évidemment le temps de la reconstruction, et même si au début du 21e siècle, nous disposons encore des meilleurs artisans, certaines choses sont perdues à tout jamais. La charpente, largement touchée par cet incendie, avait traversé huit siècles d’histoire. Surnommée « La Forêt », cette charpente, mise en place en 1220 est entièrement constituée de poutres en chêne, parfois abattus cent ans auparavant. Elle porte ce surnom car tant d’arbres ont été abattus pour sa construction que cela représente une forêt. C’est d’une richesse incomparable. Ce sont sur ces poutres que repose La Flèche de Viollet-Le-Duc depuis 1859. Tout est parti en fumée et Jack Lang, ancien Ministre de la Culture déclare, l’âme en peine :

La reconstruction est toujours possible, mais jamais à l’identique. La Forêt est composée d’un bois qu’on ne pourra plus jamais retrouver. Nous n’avons plus la même façon de couper, de sculpter, de traiter. La charpente ne sera plus jamais la même.

Avec cet incendie ce sont des siècles d’Histoire qui disparaissent, mais aussi et pour chaque citoyen, des souvenirs. Notre-Dame de Paris est la « mère » de Paris. Au 19e siècle, la ville entière s’est construite autour de la cathédrale. C’est de Notre-Dame que partent les mesures, c’est le point zéro du pays, le point de départ vers lequel tous les yeux et tous les coeurs restent tournés.

La Fondation du Patrimoine lance une grande cagnotte nationale pour financer la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris.