Le Département des Yvelines au chevet du château de Versailles

SandrineGAYET

Les élus du conseil départemental des Yvelines ont voté une aide exceptionnelle de 15 M€ sur trois ans pour que le château de Versailles, durement frappé par la crise, puisse mener à bien des travaux essentiels. Un des chantiers de restauration de sculptures va même être délocalisé à Mantes-la-Jolie, opération  unique mêlant culture et inclusion sociale.

Quatre magnifiques groupes sculptés, d’environ 30 tonnes chacun, vont être délocalisés au Val Fourré. Le chantier de restauration durera près de deux ans. Photo : Château de Versailles

Quatre magnifiques groupes sculptés, d’environ 30 tonnes chacun, vont être délocalisés au Val Fourré. Le chantier de restauration durera près de deux ans. L’occasion pour les publics scolaires, les jeunes confiés à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) et aux habitants qui n’ont pas forcément la possibilité d’aller dans un musée, de découvrir des œuvres d’art exceptionnelles, près de chez eux.

De Versailles au Val Fourré, l’art se déconfine

Un parcours scénographique attenant à l’atelier de restauration va retracer l’histoire du Château de Versailles, mettra en lumière les métiers d’art mais aussi les projets urbains menés au Val Fourré. L’art sera le trait d’union entre deux territoires : unique en son genre, cette opération mêle culture et inclusion sociale parce qu’elle rapproche deux patrimoines et deux villes des Yvelines aux identités différentes.

Le Département des Yvelines démontre sa volonté de préserver le patrimoine de Versailles et de l’accompagner dans ses grands projets. Photo / Nicolas Duprey/CD78

Pour Pierre Bédier, «il est impératif de soutenir le château dévasté par la pandémie car sinon des retards seraient pris sur les rénovations».

Pour Catherine Pégard, présidente de l’établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles :

« Ce soutien du conseil départemental nous rappelle que le château de Versailles, inscrit au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, s’inscrit également pleinement dans son territoire »,

« Il ne faut pas arrêter les chantiers »

Fermé pendant 192 jours en 2020, ce lieu touristique emblématique de la France, qui accueille 80% de visiteurs étrangers, a connu une baisse «drastique» du nombre de visiteurs, passant de 8,2 millions en 2019 à moins de 2 millions en 2020, soit 70 millions de manque à gagner. « Il est difficile d’exprimer l’angoisse du lendemain d’un lieu qui accompagne la France et son histoire depuis si longtemps », explique Catherine Pégard. Et d’ajouter :

«2020 a été une année terrible. Si on veut que le château de Versailles continue de rayonner dans le monde, il ne faut pas arrêter les chantiers. Avec cette aide d’urgence, nous allons pouvoir continuer tous nos projets comme la replantation d’arbres dans les jardins et le parc du domaine et l’entretien quotidien».

Transmission des savoir-faire

Ouvrir un chantier de restauration au cœur du Val Fourré va mettre en valeur les métiers d’art, va faire découvrir le travail de la pierre notamment.
« C’est la première fois qu’une telle opération se fait. C’est une nouvelle manière pour un musée d’exposer ses chefs-d’œuvre hors les murs », s’enthousiasme Catherine Pégard.
Une façon selon elle d’inscrire dans son temps, le château qui a traversé les siècles de l’histoire de France. « Il serait par ailleurs incompréhensible d’accueillir les visiteurs du monde entier sans accueillir ceux qui, plus défavorisés, n’osent pas venir ».

Une aide d’urgence de 15 M€ sur 3 ans

Sauvegarder et développer le patrimoine exceptionnel des Yvelines est une vraie volonté du Conseil départemental des Yvelines. C’est dans cette logique, qu’il débloque une subvention de 15 millions d’euros sur trois ans pour aider le château de Versailles à entretenir son site exceptionnel : restauration des sculptures, des grilles, création du Campus des métiers d’art et du patrimoine, entretien de l’Opéra royal et des berges du Grand Canal, replantation dans son parc…

Deux opérations majeures du château de Versailles ont été financées par les Départements des Yvelines et des Hauts-de-Seine :

  • La restauration et la rénovation patrimoniale de la Grande Ecurie du Château de Versailles

Le Château de Versailles bénéficie d’une subvention de 5,6M€ (2,8 M€ pour chaque département), qui lui permet de restaurer et de rénover sa prestigieuse Grande Ecurie du Roi. Cette subvention participe notamment à la restauration du gros œuvre et à la réalisation d’aménagements intérieurs. La Grande Ecurie du Roi sera le site principal du Campus Versailles « Patrimoine et Artisanat d’excellence », qui sera consacré à la transmission, la culture, la création, le savoir et la valorisation des métiers.

  • La restauration des grilles et décors sculptés des premières et des deuxièmes cent marches

L’Orangerie de Versailles, construite entre 1684 et 1686 par Jules Hardouin-Mansart, et le parterre attenant composé à la même époque par André Le Nôtre, définissent la perspective étagée au sud de la terrasse du Château. Elle est encadrée par deux escaliers monumentaux dits des « Cent Marches » qui se prolongent par une large esplanade bordée de grilles scandées de piliers surmontés de vases de fleurs sculptés et deux pylônes de pierre à colonnes jumelées qui portent quatre imposants groupes sculptés.
Afin de garantir leur conservation et de valoriser cette composition remarquable, le château de Versailles a entrepris un important programme de restauration de cet ensemble grâce au financement alloué par les Départements des Hauts-de-Seine et des Yvelines à hauteur de 3 M€ chacun, soit 6 M€ au total.

Un soutien exceptionnel pour la restauration du patrimoine végétal

Parmi les différents projets bénéficiaires de l’aide départementale, 2 M€ seront dédiés à plusieurs opérations de replantation d’arbres pour beaucoup victimes des tempêtes de 1990 et 1999.
Ces interventions d’envergure seront menées dans les jardins et le parc du Domaine, comme l’allée de Saint-Cyr, l’allée de Bailly et l’allée de l’Accroissement ainsi que les franges du bosquet de la Reine.
En plus de leur caractère patrimonial, ces projets de replantation participent, par la qualité optimale de sélection des tilleuls, chênes et nombreuses essences d’arbres et arbustes, à la séquestration de carbone mais également au développement d’un terrain favorable à la biodiversité.