Harcèlement scolaire : comment lutter contre ce fléau ?

SandrineGAYET

Un enfant sur 10 est harcelé à l’école. Et 20% des 8-18 ans sont victimes de cyberharcèlement. Depuis le 2 mars 2022, le harcèlement scolaire est reconnu comme un délit et peut être puni de 10 ans de prison en cas de suicide ou tentative de suicide de la victime. Un fléau qui interpelle toute la société.

Les chiffres sont effrayants : près d’un enfant sur 10 est harcelé chaque année à l’école. Si l’on compte environ 12 millions d’enfants scolarisés, cela fait 1 million de victimes. Et 20% des 8-18 ans ont été victimes de cyberharcèlement.

La plupart du temps, les cas de harcèlement débutent dès l’école primaire (12%), 10% se produisent au collège, 4% au lycée.

Plus grave, 61% des élèves harcelés disent avoir des pensées suicidaires.

Le problème, est qu’il est parfois difficile de distinguer qui est victime et qui est harceleur. Ils le sont parfois à tour de rôle et chacun revendique son droit à se défendre,

explique un professeur de collège.

Pour marquer la volonté du législateur de le réprimer sévèrement, des peines spécifiques sont également créées : de 3 à 10 ans d’emprisonnement en cas de suicide ou de tentative de suicide de la victime, peu importe que celle-ci ou son agresseur soient encore dans l’établissement, plus une amende pouvant aller de 45 000 euros à 150 000 euros.

Du harcèlement sans limites

Le harcèlement scolaire prend le plus souvent la forme du cyberharcèlement, les attaques ciblées en milieu scolaire pouvant dégénérer en de véritables lynchages numériques.

Si mon enfant est victime de cyberharcèlement

Je lui en parle

Si vous remarquez un changement de comportement de votre enfant ou des messages suspects sur ses réseaux sociaux, n’hésitez pas à lui en parler, doucement, sans le brusquer, avance l’association e-Enfance.

Je recueille des preuves

Faites des captures d’écran des messages malveillants. Vous pouvez contacter Net Ecoute au 3018 (de 9 heures à 20 heures du lundi au samedi), sur 3018.fr ou via l’application 3018 pour vous faire aider. La plateforme anonyme et gratuite, gérée par l’association e-Enfance, apporte une écoute et une aide aux mineurs victimes de harcèlement en ligne.

Je le protège

Eloignez votre enfant d’internet, modifiez les paramètres de ses comptes sur les réseaux sociaux pour les rendre les plus privés possible et bloquez l’auteur du harcèlement dans ses contacts, sur les réseaux sociaux, ses messageries, etc.

Là encore, le 3018 peut vous accompagner. Vous pouvez signaler les contenus indésirables à l’hébergeur de la plateforme, sur le site de l’association Point de contact et sur la plateforme Pharos, qui permet d’alerter les autorités de faits illicites sur internet.

Si le harcèlement a lieu en milieu scolaire, alertez l’équipe éducative afin qu’elle prévienne les parents de l’élève concerné et protège votre enfant.

Surtout, n’essayez pas de résoudre le problème par vous-même, cela pourrait aggraver le harcèlement, conseille l’association e-Enfance.

Harcèlement scolaire : comment lutter contre ce fléau ? © CD78/N.DUPREY

Harcèlement scolaire : comment lutter contre ce fléau ? © CD78/N.DUPREY

Je porte plainte

Vous avez le droit de porter plainte pour votre enfant en vous rendant au commissariat ou à la gendarmerie, ou en écrivant au procureur de la République, rappelle le ministère de l’Intérieur.

Si vous découvrez que votre enfant est lui-même auteur de cyberharcèlement

Dans ce cas, il faut « essayer de comprendre pourquoi il agit ainsi, il faut lui proposer un accompagnement, d’un pédopsychiatre par exemple », conseille une spécialiste.

De simple témoin à agresseur, en un clic !

Le fait de « partager » des contenus qui s’apparentent à du harcèlement « implique votre responsabilité devant la loi », rappelle la Cnil.

En partageant les contenus ou en répondant au harceleur, même en voulant dénoncer son comportement, vous contribuez au brouhaha dont est déjà victime la personne visée par le harcèlement (par exemple en multipliant ses notifications sur les réseaux sociaux) et vous prenez le risque de renforcer le harcèlement, soulignent les associations.

Pour apporter votre soutien à la victime, il est préférable de la contacter par message privé ou de la rencontrer.

Nouvelle application nationale : le 3018 géré par e-Enfance

Afin d’améliorer le signalement urgent et la prise en charge rapide des enfants victimes de cyberharcèlement, l’application 3018 a été lancée le 8 février 2022. Cette application permet de dialoguer facilement par tchat avec les professionnels du numéro national 3018 et de stocker des preuves du harcèlement vécu par la jeune victime.

Téléchargeable sur tous les smartphones (iOS ou Android), l’application 3018 propose 4 fonctions clés :

• La mise en relation directe par tchat ou téléphone avec un professionnel du 3018 ;
• Le stockage des preuves du harcèlement vécu (captures d’écran, photos, liens url, etc) dans un coffre-fort numérique et sécurisé, ainsi que la possibilité de transférer tout ou partie de ces preuves aux équipes 3018 ;
• Un accès rapide à des fiches pratiques sur le cyberharcèlement pour s’informer sur ses droits et savoir comment réagir ;
• L’auto-évaluation de sa situation à l’aide d’un questionnaire, pour encourager la victime à demander de l’aide.
Le signalement sera alors transmis aux réseaux sociaux pour qu’ils suppriment en quelques heures les comptes ou les contenus en question, ou bien à la plateforme Pharos, le portail officiel des signalements de contenus illicites sur internet, pour les cas les plus graves.

Le 3018 dispose de procédures de signalement accélérées pour faire supprimer les comptes ou les contenus en quelques heures sur les réseaux.
Partenaire du ministère de l’Éducation nationale, du 119 Enfance en danger, de la Police et de la Gendarmerie, il peut réaliser des signalements prioritaires.
Il conseille les victimes dans leurs démarches pour porter plainte, le cas échéant.
Avec l’accord de l’appelant, les signalements faits auprès du 3018 seront transmis aux référents harcèlement académiques pour assurer un suivi immédiat de la situation au sein de l’établissement scolaire.

Harcèlement scolaire : comment lutter contre ce fléau ? © CD78/N.DUPREY

Harcèlement scolaire : comment lutter contre ce fléau ? © CD78/N.DUPREY