Détecter le Covid-19 grâce à l’haleine ?

ChloëBringuier

Les tests PCR, les tests antigéniques, les chiens Covid… Et si l’on pouvait détecter le Covid-19 à travers l’haleine d’un malade ? Les premiers résultats scientifiques ont été dévoilés : il y a dans l’air expiré une signature spécifique des infections à Covid chez les patients. Les équipes de l’UVSQ ont travaillé sur cette étude.

Détecter le Covid-19 grâce à l’haleine ? © Unsplash

Il existe dans l’air expiré une signature spécifique des infections à Covid chez les patients intubés et ventilés, dits « patients à Covid grave ». C’est ce que démontre une étude réalisée par les équipes de recherche de l’Hôpital Foch et de l’hôpital Raymond-Poincaré AP-HP, associées aux équipes du CEA, de l’Inserm, de l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et de l’Université Paris-Saclay, publiée le 7 décembre 2020 dans la revue eBioMedicine, du groupe The Lancet. Cette étude ouvre des perspectives à de nouvelles approches pour réaliser le diagnostic du Covid-19, employant une méthode moins invasive et plus rapide que la réalisation de tests PCR.

Des résultats encourageants

Détecter le Covid-19 grâce à l'haleine ? © Unsplash

Détecter le Covid-19 grâce à l’haleine ? © Unsplash

De fin mars à fin juin 2020, l’équipe a analysé, tous les matins, via le spectromètre de masse, l’air expiré de près de 40 patients. Ce procédé non invasif permet notamment d’analyser les composés organiques volatils d’un patient placé sous assistance respiratoire, et d’obtenir des résultats rapides, en moins de deux minutes. Les COV mesurés chez les patients atteints de la COVID-19 ont été comparés avec ceux de patients non atteints par l’infection COVID, dits « patients témoins ».

Les données des deux cohortes, analysées directement par le CEA, ont permis de révéler qu’il existait une signature du Covid-19 et que certains COV seraient caractéristiques de cette infection. La fiabilité de la détection de la COVID-19 chez ces patients était de 93%.

Détecter le virus plus rapidement ?

Les résultats de cette étude permettent aujourd’hui d’ouvrir des perspectives de nouveaux procédés de test, en parallèle des tests PCR, pour détecter la maladie COVID-19. Ce test non invasif peut fournir des résultats de manière très rapide et avec une grande fiabilité.  

D’autant que si le spectromètre de masse utilisé à des fins de recherche scientifique a un coût conséquent, il est possible d’utiliser plusieurs techniques moins coûteuses lorsque les marqueurs d’intérêt sont déjà connus :
• des nez électroniques : dispositifs portables dont les capteurs permettent de réagir aux COV identifiés dans  l’air expiré et ainsi classer les patients en deux catégories distinctes « atteint/non atteint ».
l’olfaction animale : un travail en étroite collaboration avec les écoles vétérinaires est en cours : les chiens ont en effet démontré leurs excellentes capacités d’analyse et de dépistage de la COVID-19 dans des prélèvements d’air expiré et de sueur.

Cependant, si cette preuve de concept permet d’ouvrir la voie à une nouvelle façon de détecter le Covid-19, elle concerne pour le moment la détection dès leur arrivée en réanimation des patients atteints de COVID 19 de formes graves. Des éléments complémentaires sont nécessaires pour savoir si ces marqueurs permettront de détecter la maladie de façon plus large. Pour cela, ces résultats soient devront être confirmés par les travaux d’autres équipes de recherche et reproduites sur des effectifs plus importants ainsi que sur des populations différentes, notamment les patients non sévères ou asymptomatiques.

Plusieurs institutions pour une même cause

Les équipes du Professeur Djillali Annane, chef du service de réanimation médicale de l’hôpital Raymond-Poincaré – AP-HP et Doyen de l’UFR Simone Veil – Santé à l’UVSQ, conduisent depuis 2019 – et pour une durée de 5 ans – un projet de recherche consacré aux infections sévères chez les patients admis en réanimation (choc septique, sepsis …). Ce programme ayant débuté lors de l’épidémie de Covid-19, les équipes de recherche ont décidé de consacrer un volet de leur projet à cette infection, cause de nombreuses hospitalisations en réanimation.