Lutter contre la Covid-19 avec le flair des équipes cynotechniques du SDIS 78

NicolasThéodet

Afin de lutter contre la Covid-19, une équipe du SDIS 78 forme au sein de l’École Nationale Vétérinaire de Maison-Alfort une équipe de cinq chiens. Ces dernier peuvent sentir et repérer une infection au coronavirus à l’odeur de la sueur. 

Comment ne pas avoir le sourire face à Oxmo ? Ce jeune Malinois a la queue qui balaie de droite à gauche sans arrêt. Il tire sur sa laisse en étant curieux de tout voir, mais ne reste jamais loin de son maître. Car ce jeune chien n’est pas comme les autres, c’est un chien sauveteur des sapeurs-pompiers des Yvelines. Depuis cinq semaines, il se rend quasiment quotidiennement à l’École Nationale Vétérinaire de Maison-Alfort avec quatre de ses congénères pour être formé à une nouvelle pratique, la détection de la Covid-19 par l’odorat.

Le chien renifle les compresses imbibées de sueur afin de reconnaître l’odeur de la Covid-19 © CD78 / N.Theodet

« On a commencé avec que des tests positifs. On l’a bien félicité quand il réagissait. Et après, on a incorporé des tests négatifs. C’est un véritable travail de répétition », explique le Caporal Arnaud Galtat, le maître d’Oxmo. À raison de 10 à 11 passages par jour, le chien assimile ainsi l’odeur de la maladie et peut la détecter facilement. Au bout de quatre semaines et demi, Oxmo et ses compagnons arrivent à distinguer facilement le seul positif sur les cinq échantillons proposés. « Là, le chien a marqué le positif sans réagir sur les négatifs. On peut penser qu’il a vraiment compris qu’il y a une odeur spécifique au virus », analyse le caporal.

Une réflexion pour une mise en place efficace du procédé

Ce procédé d’apprentissage, baptisé Nosais, le professeur Dominique Grandjean en est le précurseur. « Le concept est né il y a deux ans, indépendamment de la Covid. L’objectif est de développer en France le projet de chien de détection médical », explique le protagoniste. Quand la crise sanitaire est arrivée, son équipe s’est mobilisée autour de la capacité des chiens à détecter le virus.

« Nous avons fait une solide base bibliographique afin de voir comment l’animal pourrait détecter son odeur. On a regardé la possibilité de l’urine, des excréments, de la salive… Notre choix s’est arrêté sur la sueur qui a l’avantage de ne pas excréter le virus », déclare Dominique Grandjean.

Avec l’utilisation de compresses posées sous les bras, la sueur est ainsi récoltée et peut ensuite être reniflée par les chiens en toute sécurité, pour l’animal et son maître. « La sueur des aisselles est la plus puissante en termes d’odeur. Et à cet endroit, il y a peu de risque de contamination passive avec le virus », détaille le professeur. Une fois le procédé mis en place, de nombreux SDIS sont venus se former. C’est le cas de celui des Yvelines.

Des économies de temps et d’argent pour lutter contre la Covid-19

Une fois la bonne compresse trouvée, le chien est récompensé en jouant avec son jouet favori. © CD78 / N.Theodet

La détection par les chiens offrirait une efficacité de 96% selon l’adjudant-chef Clément Levert, conseiller départemental de la brigade Cynotechnique 78. Un véritable bénéfice pour les équipes du SDIS 78 qui peuvent ainsi compter un outil supplémentaire pour assurer la sécurité des équipes. En effet, le chien sera un moyen plus rapide pour détecter une suspicion de Covid au sein des centres de secours.

« Il va permettre de limiter le nombre de PCR sur les clusters. S’il y a un doute, nous ferons le prélèvement sur le collègue et le chien pourra ainsi nous donner une réponse instantanée. Si le chien renifle quelque chose, c’est là que nous ferons le test PCR traditionnel », explique l’adjudant-chef.

Une économie évidente, un gain de temps considérable, et une sécurité supplémentaire pour les équipes du SDIS 78 qui restent en première ligne de la lutte contre le virus. Actuellement, près d’une trentaine interventions jours sont effectuées sur l’ensemble du territoire pour des cas liés au Covid-19. Si pour le moment, les équipes canines seront limitées à une utilisation en interne, leur efficacité pourrait permettre un déploiement rapide sur différents sites à risque et notamment les EHPAD. Actuellement, 15 pays se sont intéressés au projet de l’école vétérinaire. Le Liban, les Emirats Arabes Unis, tout comme la Finlande ont déjà réouvert leurs aéroports en mettant en place ce système développé en France.