La Propriété

Après la mort de son fils, une vieille femme juive, rebelle et teigneuse, Regina Segal, emmène sa petite fille Mica, dans sa Varsovie natale où elle espère récupérer la propriété familiale, spoliée à l’arrivée des nazis.

Voici une histoire de famille où le drame intime transparaît : une histoire de racines, de secrets, de mémoire avec ses dérives, dévoilant certaines zones grises. Une narration papillonnante où le récit mute en intrigue, en cours d’histoire, en chronique sociale et finit en histoire d’amour. Un trait net, expressif, limpide, habillé de couleurs pastel, au service d’un récit précis parfaitement lisible.

La Mondaine T.1

1937 : Louzeau, jeune inspecteur, vivant encore chez sa mère fait ses premiers pas à la Mondaine. Il découvre le monde des prostituées, des perversions. Planques, interrogatoires musclés, virées dans les maisons closes, jusqu’à la rencontre avec une jeune fille plutôt étrange, dans un cabaret exotique assez spécial.

Plongée très réussie dans une époque trouble, personnages et dialogues pittoresques mais surtout portrait d’un homme aux blessures secrètes, sensible, peu doué avec les femmes, dont on découvre peu à peu l’histoire familiale compliquée, notamment le personnage du père. Très beau dessin, cadrages et mise en scène dynamiques. De l’humour, et beaucoup d’humanité.

 Le silence de Lounés

     Lounes  immigre en France après la guerre d’Algérie. Alors qu’il a combattu pour l’indépendance, il taira son engagement de fellagha à son fils Nouredine, soucieux de faciliter son intégration.

Baru nous livre une chronique sociale réaliste qui nous plonge dans le monde ouvrier des chantiers navals de Saint Nazaire et en plein conflit social. Dans ce récit intimiste  les relations humaines occupe la première place lui donnant toute son intensité, que ce soit l’amitié entre Nouredine et Giani, fils d’immigré italien et syndicaliste convaincu,  ou la personnalité tourmentée de Nouredine rongé par l’image négative de son père. L’album contient quelques pleines pages magnifiques.

Green blood

Brad et Luke ont suivi leurs parents qui ont émigré d’Irlande, pour vivre à Manhattan, à Five points, le quartier le plus miséreux et dangereux de New York. Les gangs y font régner le crime et la violence. Brad et devenu le tueur à gages du gang dominant tandis que son jeune frère Luke travaille durement.

Ce manga est âpre et violent. Il est néanmoins traversé par les figures rédemptrices de Luke et d’Emma  la prostituée qui savent garder  humanité et  dignité malgré l’environnement dans lesquels ils vivent. Tout en finesse et en grisé le graphisme a le grain et le relief de la gravure. Si on ajoute l’originalité du cadre  il n’y a plus aucune raison de se priver de ce manga, annoncé en cinq tomes.

Punk Rock Jesus

Une chaîne de télévision décide un jour de créer une émission de téléréalité  « J2 » sur un clone de Jésus (créé à partir de l’ADN prélevé sur  le Saint Suaire de Turin). Elevé dans un milieu fermé l’enfant grandit sous le regard de millions de spectateurs. Devenu adolescent il devient le leader d’un groupe de musique punk.

Une bande dessinée sombre mais excellente, qui s’interroge sur la religion, les médias, la manipulation,  plus précisément sur les dérives de notre système médiatique et  sur le fanatisme religieux. Les personnages sont complexes et l’évolution du personnage principal crédible. Les rebondissements s’enchainent pour déboucher sur une fin ouverte et surprenante. Le dessin en noir et blanc est puissant et précis.

Eve sur la Balançoire : Conte cruel de Manhattan

Arrivé en 1901 à New York la jeune Eve Nesbit sera tour à tour modèle pour un peintre, puis pour des affiches publicitaires de produits cosmétiques qui la rendront célèbre; elle deviendra pour l’américain ordinaire l’idéal de beauté  féminin. Candide Eve mêle carrière et liaison amoureuse notamment avec l’architecte du Madison square garden, un mécène très influent. dans la société new- yorkaise

Par une série de flashbacks habilement menés, l’auteur nous décrit l’ascension et la chute de cette icône de la Belle Epoque. Bien documenté, poétique, d’une grande élégance grâce à la délicatesse de son aquarelle cet album nous propose un portrait très  réussi d’une époque à travers  une de ses muses.

Kililana song T.2

Sur l’archipel de Lamu au Kenya, Naïm préfère courir la ville que d’aller à l’école coranique. C’est ainsi qu’il rencontre le vieux sage Ali gardien de la dépouille sacrée de Liongo Fumo. On croise aussi Günter un capitaine de cargo prisonnier d’islamistes, et  Jean Philippe un trafiquant de drogue.

Suite et fin de ce brillant dyptique où les intrigues s’emmêlent dans une narration à la fois complexe et fluide, où la magie et le rêve persistent dans un pays livré au trafic, aux affaires, à l’islamisme, à la pauvreté. Le scénario qui superpose chronique sociale, récit d’apprentissage et d’aventures est servi par un graphisme d’une grande richesse et très expressif. Quelques scènes maritimes magnifiques.

Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes ?

Catherine 72 ans, doit s’occuper seule, envers et contre tout, de son fils Michel, 43 ans, handicapé après un accident de voiture.

Dis comme ça, ça ne paraît pas bien gai. Et pourtant, il y a ces moments de complicité d’une infinie tendresse, ces petits moments de joie que l’on prend comme une bouffée d’oxygène, ces petites routines qui font que la vie avance tout doucement. Par exemple, Michel adore manger, il aime aussi jouer au Puissance 4 et bien qu’il collectionne les aventures avec les jolies filles il regarde régulièrement le même film pornographique. Un album touchant de pudeur, d’humanité et de simplicité.