Savoir valoriser les formations aux métiers manuels

NicolasThéodet

Enseignants, directeurs d’établissement et entrepreneurs se sont rencontrés à l’usine Renault de Flins avec pour objectif de communiquer sur les besoins de chacun. Avec une pénurie de main-d’œuvre dans l’industrie, certains employeurs sont en difficulté. La faute à une image de l’industrie qui n’attire plus les jeunes. 

Les chefs d’établissements et d’entreprises se sont rencontrés et ont échangé sur leurs besoins.

« J’ai des élèves en formation pour devenir maintenancier qui ont le choix entre cinq entreprises ». « Il faudrait plus de liens entre les entrepreneurs et les établissements scolaires ». Les revendications et les histoires ne manquent pas. Les professeurs et directeurs des collèges et lycées des Yvelines étaient invités mercredi 15 janvier à l’usine Renault de Flins à l’initiative de la direction académique des Yvelines. Un séminaire orientation et employabilité dont l’objectif était de comprendre les attentes des enseignants envers les entreprises, mais aussi les besoins de main-d’œuvre de ces dernières.

L’industrie souffre de son image, elle a perdu ses titres de noblesse et n’attire plus les jeunes. Une situation qui pousse certaines entreprises à fermer, faute d’employés. Pour l’Éducation nationale, il faut pourtant vendre ses filières, et si l’emploi est abondant, ce sont souvent les parents qu’il faut convaincre. Ces derniers conservent une image qui se rapproche de l’usine des années 60-70. « Ce qui n’est pourtant plus le cas », s’emporte le sous-préfet de Mantes-la-Jolie, Gérard Derouin. « Avec le numérique et les nouvelles technologies, l’industrie est aujourd’hui un secteur de pointe dans lequel les formations permettent d’avoir une véritable carrière ».

Revaloriser les formations manuelles au cœur de l’orientation

« J’ai rencontré un industriel qui me disait que perdre son ingénieur n’était pas un véritable problème. Mais par contre, si un ouvrier venait à démissionner, il n’arriverait pas à trouver le sommeil », explique une responsable de formation dans un lycée.

« Il n’est pas dévalorisant de travailler manuellement. Il faut casser l’image de l’industrie et comprendre que tout le monde n’est pas fait pour de grandes études, explique Gérard Derouin. Il faut repenser l’orientation, que ce soit avant tout une voie d’accès à la vie professionnelle ».

L’industrie a changé en devenant un secteur d’activité de pointe.

Aujourd’hui, l’Éducation nationale a conscience de ce problème. Son rôle est de permettre la mise en relation entre le tissu économique local et les établissements de formation. Ce type de rencontre, organisé pour la première fois à l’usine de Flins, joue un rôle majeur que le constructeur espère bien rééditer.

Connaître les particularités du tissu économique local

La vallée de la Seine est du mantois est à un tournant majeur de son développement. Parmi les problèmes évoqués lors de la rencontre, la mobilité avait une place toute particulière.

« Eole va faciliter la mobilité sur le territoire. Autant pour les salariés, que pour les entreprises qui vont pouvoir s’implanter facilement et efficacement dans le mantois. Actuellement, nous sommes à côté de Paris géographiquement, mais au final assez éloigné. Eole va résoudre ce problème », confie le sous-préfet.

Rendre le territoire attractif, c’est aussi offrir aux entreprises la main-d’œuvre et la capacité d’embauche sur une zone précise. Avec l’arrivée d’Eole, elles vont donc venir chercher un foyer d’emplois, à condition que les jeunes se tournent vers ces métiers.

« Avant de parler aux jeunes de l’industrie, il faut que les enseignants connaissent le tissu économique de la région. Informer les chefs d’établissement sur les besoins d’un territoire. Dans le mantois, il y a un tissu économique industriel qui recrute. Pour bien orienter, il faut comprendre les attentes de chacun et offrir les meilleures possibilités », précise Sophie Coutelle, chargée de mission éducation économie au rectorat de Versailles.

Aujourd’hui, le GIR Vallée de Seine représente 200 entreprises membres de tous secteurs d’activité, allant de TPE/PME aux grandes entreprises. Un bassin d’emplois qui rassemble près de 15 000 salariés à l’ouest de Paris.