Le 1er mai 1920, la première fête du travail faisait peur au journal le Petit Mantais

NicolasThéodet

Aujourd’hui, le 1er mai est un jour chômé, ponctué de manifestations pour les droits des travailleurs. Mais en 1920, à la veille de la première journée de célébration, les craintes de violences et d’un soulèvement social semblaient trotter dans l’esprit de certains journalistes. 

Les événements de Clichy en 1890 © Wikimédia

Fin avril 1919, les travailleurs auront la surprise de découvrir un vote du Sénat qui leur octroie une journée de 8 heures, et à partir de cette année, un 1er mai chômé. L’année suivante, les interrogations se posent sur la tenue de cette fête du travail. Si bien que le 1er mai 1920, le journal « le Petit Mantais », montre de la fête du travail une vision… préoccupante. 

Une première manifestation du 1er mai qui fait peur

« Ceux de nos amis qui pourront lire le Petit Mantais, le samedi 1er mai, nous permettront de leur dire qu’ils agiraient sagement en ne se préoccupant que très relativement des agitations qui pourront se produire autour d’eux », écrit le journal. En effet, si la fête du travail est dorénavant chômée, elle existe pourtant depuis plusieurs décennies. Une célébration souvent marquée pas des heurts violents. Jusque-là, cette date sétait synonyme de manifestations syndicales et de grèves pouvant terminer sur des violences avec les forces de l’ordre, comme à Clichy en 1890, où anarchistes et policiers s’affrontent par armes à feu.

Cette crainte de violences semble être dans toutes les têtes, à la veille du 1er mai 1920. Cependant, le journal souligne que « les prévisions gouvernementales sont, en somme, très rassurantes ». Ajoutant même qu’ « il est à espérer que, à moins d’incident soulevés par des provocateurs, et qu’on ne saurait prévoir, la journée se passera dans un calme relatif ».

Un journal craintif, mais une manifestation paisible

L’églantine rouge à la boutonnière était un symbole des manifestants.

Malgré toutes les indications annonçant une journée festive, le journal Mantais semble être quelque peu inquiet, et surtout opposé à cette fête du travail. « Si le temps voulait se remettre résolument au beau, les chômeurs volontaires iraient cueillir des fleurs dans les champs et du muguet dans les bois. C’est cela qui arrangerait joliment les affaires de tout le monde », écrit alors l’éditorialiste.

Cependant, dans le numéro suivant en date du 5 mai, un article souligne le calme de la manifestation dans les rues de Mantes. Nombreux, les manifestants « se promenaient paisiblement dans nos rues, l’églantine rouge à la boutonnière, avant d’aller entendre les péroreurs de la sociale, mais n’affectaient pas des airs trop menaçants vis-à-vis des braves gens qui les regardaient passer », écrit le journaliste.