J.G Noverre : maître du ballet à Saint-Germain-en-Laye

ChloëBringuier

C’est une date originale : tous les 29 avril nous célébrons la journée internationale de la danse. Mais savez-vous pourquoi ? Ou plutôt… En l’honneur de qui ? Retour sur la vie de Jean-Georges Noverre : l’homme qui souhaitait mettre les émotions au coeur de la danse. 

Noverre : les ballets Renaud et Armide, Médée et Thésée ressuscités à Versailles (CMBV, 2012)

 Au temps des Cours et des Rois, la danse était l’un des grands divertissements. Jean-Georges Noverre était une figure du genre mais son nom est malheureusement inconnu du grand public. Né le 29 avril 1727, Noverre débute sa carrière de danseur à Fontainebleau à 15 ans devant la Cour de Louis XV. Noverre voyagera à travers l’Europe, notamment à Londres dans le sud ouest de l’Allemagne où il deviendra Maître de ballet auprès du Duc de Wurtemberg. Vienne, Milian… Noverre continuera son chemin, créant sans cesse de nouvelles pièces telles « Iphigénie en Tauride » ou encore « Alceste ».

Jean-Georges Noverre © Wikimédia

Un danseur visionnaire

Parmi ses nombreuses élèves, nous en comptons une qui n’est inconnue pour personne : Marie-Antoinette. Cette dernière ira chercher son ancien professeur en 1776 pour lui proposer le prestigieux poste de Maître ballet en chef de l’Académie Royale de musique de Paris… Une place qui ne se refuse pas. Pour l’un de ses ballets « Les Petits Riens », Jean-Georges Noverre obtient même une musique signée Mozart.

Outre ses qualités artistiques indéniables, Noverre était un théoricien et avait à coeur le développement et la reconnaissance de la danse. Il milite pour faire du ballet un art dramatique : l’expression des sentiments et mettre l’âme humaine au coeur du ballet. Audacieux pour son époque, Jean-Georges Noverre fait passer la technique, la théorie et finalement la virtuosité au second plan. C’est le danseur qui est au centre de l’oeuvre et doit y rester : pas l’apparat, le maquillage ni les costumes de plusieurs kilos. Selon Noverre, un danseur doit être cultivé et prendre en compte tous les domaines pour pouvoir s’accomplir sur scène. Poésie, peinture, musique mais aussi histoire, géométrie ou même anatomie : ce sont les études de toutes ces matières qui permettent aux danseurs une construction intelligente au delà des bases de la danse. Jean-Georges Noverre prône l’émotion :

La danse doit être plus naturelle, plus expressive.

Jean-Georges Noverre : maître du ballet à Saint-Germain-en-Laye © Wikimédia

La difficulté de ses idées

Si les idées du maître de ballet ne sont pas forcément des mieux reçues par ses contemporains, nous pouvons aujourd’hui considérer que ses idées sont les bases essentielles de l’art de la chorégraphie des 19e et 20e siècles. Noverre développe également son idéologie dans ses « Lettres sur la danse » parues en 1760 à la fois en France et en Allemagne.

Qu’importe le siècle, ce n’est jamais chose aisée que d’être le seul visionnaire, surtout à la Cour ! Noverre reste 8 années à l’Académie Royale tentant d’imposer ses idées contre vents et marées. Il reprend le chemin de l’Angleterre, de Londres plus précisément, réputée plus libre ou du moins : ouverte aux changements. Il y monte ses dernières oeuvres : « Admète », « Windsor Castle » ou l’ultime « The Marriage of Peleus and Thetis ».

Si le nom de Noverre nous parle peu, ou pas, au 21e siècle, c’est notamment car aucune de ses oeuvres n’est jouée ou même remise en scène en France. À quelques exceptions près cependant : en 2012, l’Opéra Royal de Versailles ainsi que l’Opéra Comique, donnent des représentations de « Médée et Jason » ainsi que « Renaud et Armide ».

Jean-Georges Noverre, fatigué de devoir imposer ses idées, se retire dans sa ville natale qui n’est autre que Saint-Germain-en-Laye. Durant presque une vingtaine d’années, le maître de ballet se consacre à la rédaction de son dictionnaire inachevé. Dans une précarité certaine, Noverre meurt à 83 ans dans la ville des Rois.