Design ta banlieue

SandrineGAYET

Faire bouger les choses. En remettant l’usager au cœur du mouvement. Repenser les services en co-construisant des projets avec les acteurs du terrain. L’innovation sociale adopte la même démarche que celle des designers. Regards décalés qui peuvent converger.

Design ta banlieue © CD78/N.DUPREY

Makan Fofana a grandi à La Verrière. Ce trentenaire plein d’une énergie contenue y écrit et y rêve de changer le monde, en bousculant les codes, en nourrissant l’imaginaire. Avant de devenir mannequin puis designer, Makan a suivi les voix de mentors qui l’ont parfois un peu égaré avant de trouver sa voie. De la religion stricte qui l’a isolé à la philosophie qui le passionne, du Bois de l’Étang où il vit au Bauhaus qu’il admire, de Tolkien qui fut un déclic, à la Gaîté Lyrique où il a « incubé », toutes ces inspirations insufflent sa créativité.

Il a donc fondé l’Hypercube, une association laboratoire qui donne les clés pour ré-enchanter la banlieue par le design, et la vie qui s’y déroule, trop souvent à huis clos.

Le design peut impacter la réalité, faire émerger de nouveaux comportements et manières de penser, dans plusieurs domaines : fonctionnel, esthétique, culturel et économique

Explique l’intéressé.

Avec « Design ta banlieue du Turfu », cette démarche d’innovation par le design va faire l’objet d’expérimentations en France et en Angleterre. Objectif ? Donner aux jeunes l’envie de s’investir dans leur quartier pour participer à sa transformation. Ne pas rester à la marge.

Les jeunes dans les banlieues n’arrivent plus à se projeter dans le futur. Il faut changer ça et ne pas laisser aux seules instances politiques ou aux experts auto-désignés le champ du changement.

Il souhaite que la banlieue et les « autres » se rencontrent pour bâtir, ensemble, l’avenir. Abattre les murs en somme.

Le Département booste l’innovation

Design ta banlieue © CD78/N.DUPREY

Makan multiplie les rencontres, parfois improbables sur le papier mais qui « matchent » dans la réalité : avec l’Unesco qui s’intéresse à son projet d’Hypercube, avec le philosophe Bernard Stiegler ou avec des collectivités comme le Département des Yvelines. L’institution vient en effet de créer un pôle entièrement dédié à l’innovation sociale, porté par Marion Nahant, avec une triple ambition : concevoir et diffuser les outils de l’innovation sociale, impulser des projets et valoriser cette nouvelle approche plus participative des politiques publiques. Car, comme le dit Fanny Ervera, directrice de l’innovation sociale :

Le monde bouge. Il faut adapter nos politiques et services aux nouvelles réalités des citoyens et des usagers. Nous ajuster aux transformations, les anticiper aussi, rester connectés

Le Conseil départemental devient donc un « innov’acteur ». Il est déjà précurseur dans bien des domaines pour pallier les défections de l’État : inclusion numérique, Bus santé et PMI, création d’agences départementales comme IngénierY (aides aux communes) ou ActivitY’ (insertion professionnelle).

Des dispositifs que reproduisent d’autres territoires. Or, aujourd’hui, concevoir des services adaptés aux besoins des publics, ne peut plus se faire seul dans un coin d’officine. Aussi, le Département entend-il davantage associer les usagers et tester ses projets auprès d’eux. Une démarche audacieuse et moderne, qui n’évitera pas parfois des échecs. Mais tout le monde apprend de ses erreurs (la tarte Tatin en est un savoureux exemple !). Il faut oser mais dans le souci constant d’un service public de qualité, pour tous.