Déconfinement : dans les Yvelines cela passe par « un renforcement des mesures barrières »

NicolasThéodet

Docteur Pierre-Louis Druais, membre du Conseil scientifique, médecin généraliste à Port-Marly et professeur de médecine générale à l’université de Versailles, détaille la situation dans les Yvelines face au Covid-19. Si le déconfinement est prévu pour le 11 mai, certaines mesures vont devoir être respectées pour éviter un scénario catastrophe.

Quels sont les critères qui permettent le déconfinement ?

Pierre-Louis Druais, membre du Conseil scientifique, médecin généraliste à Port-Marly et professeur de médecine générale à l’université de Versailles

Pierre-Louis Druais : Pour permettre de déconfiner, il faut revenir à un nombre de lits de réanimation qui tourne autour de 5000 moins 10%. Cela crée ainsi un petit matelas de sécurité si jamais le nombre de contaminés venait à remonter. Sachant que des gens vont aussi sortir de réanimation et donc libérer des lits.

Si la date de mi-mai avait été établie très tôt pour un déconfinement, c’est grâce à des moyens mathématiques.

Mais il faut aussi intégrer une autre notion, qui est fondamentale, c’est la prise en compte de l’épuisement des équipes médicales. Avant un déconfinement, il leur fallait un temps de respiration pour qu’elles se reconstituent, qu’elles aient le temps de se poser quelques jours, et de réfléchir à ce qu’elles ont vécu afin d’optimiser leurs actions pour lutter contre le Covid-19.

Le confinement a-t-il été efficace ?

Pierre-Louis Druais : Le confinement a contribué à empêcher le développement du Covid-19. Des études ont été faites et je pense qu’on n’est pas loin de pouvoir dire que 100 000 personnes ont été sauvées de la mort grâce au confinement. L’Ile-de-France a payé un lourd tribut. D’ailleurs sur le territoire, la notion de déconfinement devrait plutôt laisser la place à celle d’un confinement adapté. La densité et le brassage de la population donnent la possibilité au virus de circuler, de se réactiver et de proliférer plus facilement en région parisienne. Un déconfinement structuré permet de limiter ce développement qui passe avant tout par un renforcement des mesures barrières.

Comment renforcer les gestes barrières déjà mis en avant ?

Pierre-Louis Druais : La distanciation sociale et physique est primordiale. Un périmètre d’un mètre correspond à une bulle de sécurité qui vous empêche d’être contaminé, et de contaminer les autres. Mais surtout, la chose la plus importante, c’est le lavage des mains. À chaque fois qu’on a touché un objet qui peut potentiellement être infecté, comme des poignées, des interrupteurs, un ascenseur, objets dans un magasin, etc…, il faut se laver les mains avec un gel hydroalcoolique. Les gants ne sont pas une solution viable, car on pense être protégé mais ils se souillent rapidement. Quand on sait qu’un être humain se touche le visage deux à trois fois par minute, les gants perdent vite leur utilité.

Pour ce qui est des masques, ils sont efficaces pour protéger les autres de nous-même si nous sommes atteints par le Covid-19.

Se laver les mains est le geste barrière le plus important pour éviter d’être contaminé. ©Pixabay

Ils permettent d’éviter la projection de micro-goutelettes. Au déconfinement, on conseille à tout le monde de porter un masque afin d’éviter la propagation du virus. En conclusion, il faut un masque et se laver régulièrement les mains pour être protégé. Avec le déconfinement, c’est un espace de liberté qui s’ouvre, mais il doit être soumis à une plus grande rigueur des mesures barrières pour éviter une deuxième vague.

Quels sont les risques encourus si les règles du déconfinement ne sont pas respectées ?

Pierre-Louis Druais : Nous ne sommes pas au mois de mai que le déconfinement est déjà anticipé par la population. De mon cabinet, j’avais un beau silence, maintenant j’entends à nouveau le bruit des voitures. Ma crainte, si on ne prend pas conscience du risque, c’est que l’épidémie risque de regrimper dans un intervalle de trois semaines. Cela veut dire qu’au 1er juin, la décision peut être prise de reconfiner et donc de reprendre un cycle qui amènerait à un autre déconfinement aux alentours de septembre. Ce scénario, c’est aussi prendre le risque de voir un pic de contamination au Covid-19 en octobre, c’est-à-dire au début de la saison de la grippe. Il faut savoir rester raisonnable le 12 mai au matin, même si c’est sûr que le confinement a été une période pénible, encore plus pour ceux qui vivent en appartement.