Archéologie : une découverte néolithique dans le Sud-Yvelines

NicolasThéodet

Les hommes de la période néolithique étaient les premiers Yvelinois. Ils se sédentarisent, maitrisent l’agriculture et l’élevage. Il est donc possible de retrouver des traces de leur vie quotidienne, comme c’est le cas dans la forêt de Saint-Benoît. Des polissoirs, qui servaient à la création des haches, ont été découverts.

Tout une équipe s'affaire à retrouver les bloc de grès utilisés. © CD78 / N.Théodet

Tout une équipe s’affaire à retrouver les bloc de grès utilisés. © CD78 / N.Théodet

En touchant le grès, on peut facilement sentir là où les outils ont été polis. C’est tout lisse

En forêt de Saint-Benoît, à la frontière entre Sonchamp et Saint-Arnoult, tout une troupe s’agite. À leur tête, Cynthia Domenech-Jaulneau, ingénieure d’étude au Service Régional de l’Archéologie, et Jean-Michel Portier, forestier au Département des Yvelines. Cette émulation en plein cœur d’une forêt déserte n’est pas anodine. Au détour d’une visite en mars 2019, le forestier découvre des blocs de grès un peu particuliers.

Des polissoirs du néolithique en plein milieu de la forêt

Passionné, le forestier fait rapidement le rapprochement. La proximité avec le ruisseau de Pampelune et l’aspect des blocs laissent imaginer une utilisation ancienne pour modeler les outils. Et il ne s’y est pas trompé. Il contacte rapidement Cynthia Domenech-Jaulneau qui confirme ses intuitions.

Les traces sont nettes. Le bloc montre des larges cuvettes et des rainures qui sont reconnaissables des polissoires du néolithique

précise-t-elle.

Si cette découverte est précieuse, c’est que seulement deux autres polissoirs de ce type sont recensés dans le sud-Yvelines, contre neuf dans le nord. Ils étaient pourtant indispensables à la vie des habitants. Pour réaliser une hache, les hommes du néolithique taillaient des ébauches dans du silex. Ils les polissaient ensuite sur des blocs de grès avec de l’eau et du sable. L’outil prenait forme lisse avec un tranchant bien affuté.

La tranchée creusée par le travail de l'outil est largement visible. © CD78 / N.Théodet

La tranchée creusée par le travail de l’outil est largement visible. © CD78 / N.Théodet

Des traces des premiers Yvelinois

Datée d’environ -5000 avant JC, cette découverte permet de mieux comprendre la vie de nos ancêtres. En effet, selon l’histoire, les populations néolithiques ont été les premières à se sédentariser :

Ils ont maitrisé l’agriculture et l’élevage. Et donc, ils n’avaient plus besoin de se déplacer pour se nourrir

précise la spécialiste.

En somme, ils sont les premiers humains à s’être installés durablement sur le territoire des Yvelines. Cette sédentarisation les pousse donc à s’équiper et s’implanter à proximité des richesses que leur offrait la terre. Les prospections archéologiques révèlent fréquemment des indices d’occupations dans les vallées et les plaines des Yvelines.

Cachés sous de la mousse en forêt, les blocs sont lavés et répertoriés. © CD78 / N.Théodet

Cachés sous de la mousse en forêt, les blocs sont lavés et répertoriés. © CD78 / N.Théodet

En découvrir plus sur une population

À cette époque, les outils ont une place à part. Ils ont un caractère social et notamment la hache

analyse Anne-Lise Sadou, archéologue au Service Archéologique Interdépartemental. Présente sur les lieux, elle aussi se passionne pour cette nouvelle découverte. Il est difficile de s’imaginer comment se déroulait la vie à cette époque. Les traces écrites n’existent pas et les représentations figuratives sont rares.

Le meilleur moyen reste l’observation.  « Nous avons trouvé de très grandes haches trop fragiles pour servir d’outil. On pense donc qu’il s’agissait de symbole pour représenter le rang social », précise l’archéologue. « De plus, même si le village n’est pas forcément à côté du polissoir, il ne pouvait se trouver trop éloigné», conclut-elle. Une découverte qui en amène donc d’autres.