Comment ancrer une culture « vélo » dans les territoires ?

SandrineGAYET

D’un moyen de déplacement populaire, le vélo est devenu tendance et serait même en train de nourrir une véritable culture. Comment un territoire comme les Yvelines peut-il accompagner cette évolution ? Le colloque « Le vélo au cœur des territoires » organisé en marge des Championnats de France de cyclisme sur route, a tracé d’intéressantes pistes (cyclables bien sûr) pour le futur.

Alexandre Joly, VP du Conseil départemental en charge des Sports au colloque "Le vélo au coeur des territoires"

Alexandre Joly, Vice-Président du Conseil départemental en charge des Sports au colloque « Le vélo au coeur des territoires »

Faire des Yvelines une terre de vélo n’a rien d’artificiel. La configuration s’y prête parfaitement et le Département des Yvelines investit dans le vélo de loisir mais aussi comme nouvelle forme de transport. Nous souhaitons y développer la culture du vélo, explique Alexandre Joly, Vice-président du Conseil départemental des Yvelines, en charge des Sports, en ouverture du colloque.

Un colloque inédit en marge des Championnats

Au lendemain des courses contre la montre, et à la veille des grandes compétitions sur route, le Campus de l’Innovation aux Mureaux a accueilli ce colloque inédit – au cœur d’une compétition de grande envergure – dédié au vélo sous tous ses aspects : sportif, loisir, sociétal, économique…

Pour Michel Callot, Président de la Fédération française de cyclisme,

« Le volet événementiel est un prélude pour construire une réflexion approfondie sur la place du vélo dans notre société et sur sa pratique dans le futur. C’était une volonté du Conseil départemental qu’un tel colloque se fasse et réunisse les experts sur toutes les questions relatives au vélo ».

A la source, le vélo est d’abord un moyen de transport agile, souple, écologique et qui plus est, fait du bien à la santé. Des arguments imparables en faveur de son développement donc. Et pourtant, la « culture » vélo tarde à prendre dans nos territoires. Nous sommes encore loin, très loin, des Pays-Bas, nation de référence dès que l’on parle vélo. A quoi cela tient-il ? Pour les experts de cette journée, le mot-clé est harmonisation et synergie entre tous les acteurs. « Pour que le vélo devienne vraiment culturel, il faut que tout le monde soit en phase » juge Michel Callot ; « Je pense que nous avons un rôle à jouer en termes d’apprentissage de ce mode de déplacement ». Les acteurs impliqués sont aussi bien les gestionnaires des voiries que les entreprises de location de cycles ou encore l’industrie touristique, la SNCF également…

Cyclotourisme, le slow tourisme préféré

Durant des décennies, la randonnée à pied remportait la palme du slow tourisme. On appelle ainsi les voyages sous forme d’itinérance douce, qui privilégient la découverte de proximité, du « petit » patrimoine et de la culture locale.
Or, depuis peu, le cyclotourisme a pris la tête de ce mode touristique. Selon Muriel Grisot, chargée de mission à la Direction générale des Entreprises, « le cyclotourisme est en effet devenu la première pratique itinérante en France, avec près de 9 millions d’adeptes ».

Last but not least, les retombées économiques de l’itinérance en petite reine sont loin d’être négligeables car un touriste cyclo dépense plus qu’un touriste « classique » : il achète des produits locaux, recherche des hébergements plus « authentiques et locaux », et dépense en moyenne 60 euros par jour.
Comme l’a rappelé Alexandra Faucomprez, chargée de mission Tourisme au Conseil départemental, depuis plusieurs années, le Département des Yvelines investit dans de beaux projets alliant tourisme et cycle tels que la véloscénie (Paris-Le Mont-Saint-Michel), l’Avenue Verte (Paris-Londres) et la Seine à vélo d’ici 2020.
De nouveaux projets sont en cours, comme la mise en place d’un service de location de vélos…

Quelques ombres au tableau…

Tout n’est pas rose dans le monde de la petite reine. Il y a encore des tours de roues à donner pour que ce mode de locomotion trouve toute sa place. A commencer par la sécurité, et surtout, la délicate question de la cohabitation des voitures et des cyclistes. Chaque fois qu’un projet de route départementale est lancé, il inclut des aménagements cyclables. Mais comme l’a regretté Sandy Casar, multiple champion cycliste, natif de Mantes-la-Jolie, le comportement « égoïste » des automobilistes reste un des premiers dangers pour les cyclistes. Et le comportement des cyclistes qui n’est pas toujours adéquat sur route…

Autre grippage de la chaîne, les vélos de location destinés au tourisme itinérant : de l’avis de Muriel Grisot, la qualité, en France, n’est pas au rendez-vous et les touristes s’en plaignent. Pour éviter que de telles déconvenues surviennent dans les Yvelines, le Département est devenu pilote et évaluateur, depuis 2012, de la marque « Accueil vélo ». Celle-ci assure que les hébergements, offices du tourisme, restaurants et loueurs qui intègrent ce réseau « cyclo friendly » si l’on peut dire, adoptent les bonnes pratiques, le bon accueil des itinérants en deux roues. Et dans notre territoire, les cyclistes pro ou amateurs, découvrent un superbe terrain pour pratiquer leur sport ou loisir. Et les nombreux projets en cours ou à venir de créations de pistes cyclables et de passerelles, montrent chaque jour un peu plus que les Yvelines entendent ancrer durablement la petite reine dans ses paysages.

370 km de pistes cyclables dans les Yvelines... et ce n'est pas fini !

Le département compte 370 km de pistes cyclables, le long des 1 500 km de routes départementales, et plus de 900 km d’aménagements cyclables, dont 133 km réalisés par des collectivités avec l’aide du Conseil départemental.
3 500 places de stationnement dans les gares :
En un peu plus de 10 ans, le Département a subventionné la création de quelque 3 500 places de stationnement pour les vélos dans les gares. Le plus grand parking gratuit d’Ile-de-France, dédié aux vélos se situe à la gare RER de Saint-Germain-en-Laye.