Abbé de l’Epée : le guide des sourds-muets

ChloëBringuier

Charles de l’Epée, communément appelé l’Abbé de l’Epée est un prêtre français. Il est connu pour être l’un des précurseurs de l’enseignement spécialisé dispensé aux sourds. 

Abbé de l’Epée : le guide des sourds-muets. © CD78/MC.RIGATO

Charles-Michel Lespée, plus connu sous le nom d’abbé de l’Epée, naît à Versailles, où son père est architecte expert des bâtiments du roi, le 24 novembre 1712. Il est baptisé deux jours plus tard à l’église Notre-Dame. Il effectue ses études au collège des Quatre-Nations à Paris, reçoit son diplôme en théologie à l’âge de 17 ans, mais ses sympathies jansénistes lui valent d’être ostracisé par l’archevêché de Paris.

Il entreprend des études de droit et, devenu avocat, s’inscrit au barreau de Troyes où l’évêque de la ville, convaincu par ses qualités humaines, lui confie un poste de prédicant. En 1738, à l’âge de 26 ans, il est ordonné prêtre mais sera congédié six ans plus tard, à la mort de son protecteur, par l’archevêque de Paris. Il retourne alors à Paris où il étudie la philosophie.

En 1776, il publie son premier ouvrage « Instruction des sourds-muets par la voie des signes méthodiques et en 1794, La véritable manière d’instruire les sourds et muets, confirmée par une longue expérience« . Son Dictionnaire général des signes sera terminé par son élève et successeur, l’abbé Sicard.

Controversée sur le plan scientifique, la méthode de l’abbé de l’Epée eut au moins le mérite de prouver l’éducabilité des sourds autrement que par la parole et de rendre sa dignité à toute une population abandonnée. Elle est à l’origine de l’enseignement spécialisé dispensé aujourd’hui.

Une rue de l’Abbé de l’Epée ainsi qu’une statue érigée devant la cathédrale Saint-Louis, à Versailles, célèbrent le souvenir du philanthrope.

Créateur d’un langage universel 

En 1760, un frère de la congrégation de la doctrine du Christ lui présente deux jeunes soeurs sourdes et muettes pour qu’il se charge de leur instruction. Il met alors au point un langage des signes gestuels et universel, susceptible d’être compris et utilisé par-delà les frontières, qu’il consigne dans d’épais cahiers manuscrits. Il ouvre une classe dans la maison familiale, rue des Moulins à Paris, où il accueille une centaine de sourds-muets et devient connu dans l’Europe entière. Louis XVI et le duc de Penthièvre lui octroient de larges contributions.