Première rétrospective H.G. Ibels au Musée départemental Maurice Denis

SandrineGAYET

Le Musée départemental Maurice Denis à Saint-Germain-en-Laye consacre, du 25 novembre 2025 au 1er mars 2026, une exposition à Henri-Gabriel Ibels (1867-1936). Membre fondateur du groupe des Nabis, proche de Toulouse-Lautrec, Henri-Gabriel Ibels s’est illustré par ses lithographies, ses affiches inventives et son regard sur l’univers du cirque et des forains.

H. G. Ibels est avec Paul Sérusier un des membres fondateurs du groupe des Nabis, il est pourtant aujourd’hui moins connu du grand public que Pierre Bonnard ou Maurice Denis.

Cette première rétrospective qui lui est consacrée a de fait été labellisée « Exposition d’intérêt national » par le ministère de la Cuture qui souligne : « Cet hommage artistique met en lumière une figure engagée, virtuose du dessin et chroniqueur de la vie moderne. À travers une sélection d’œuvres emblématiques, l’exposition célèbre la liberté de composition, le sens du mouvement et la finesse du regard porté sur son époque ».

Cette exposition est coproduite avec le Musée Toulouse-Lautrec d’Albi, qui l’accueillera à son tour au printemps 2026.

Pour le Musée départemental Maurice Denis, ce label est aussi une belle reconnaissance de sa vocation originale, comme l’explique Fabienne Stahl, Commissaire de l’exposition :

« Cette exposition est une suite naturelle à ce qui fait l’identité du Musée départemental Maurice Denis, son ADN : faire sortir de l’ombre les artistes nabis oubliés.

« Après les expositions Ker-Xavier Roussel (1994), Paul-Élie Ranson (1997-1998 et 2009-2010), Jozsef Rippl-Ronaï (1998-1999) et Georges Lacombe (2012-2013), il était temps de mettre en lumière un des artistes un peu marginalisés au sein du groupe car engagé politiquement au moment de l’Affaire Dreyfus ».

Qui était le « nabi journaliste » ?

Portrait de H.G. Ibels

Toute sa vie, il s’illustre par voie de presse, d’où son surnom de « nabi journaliste ». Adepte d’arts appliqués, friand d’union entre les arts, il est devenu un collaborateur du metteur en scène et directeur de théâtre André Antoine, et s’est également distingué comme professeur d’histoire de l’art et d’histoire du costume, devenant même chef d’un atelier de costumes. Mais c’est surtout son indéfectible engagement dans le combat social qu’a retenu la postérité, particulièrement son action dans la lutte dreyfusarde, puis sa vie politique de radical-socialiste, proche d’Aristide Briand, proclamant pendant la Grande guerre : « Mon arme : le crayon ».
C’est le portrait d’une époque qui se dessine, celle des cafés-concerts, des grands magasins, des expositions universelles, et des grands débats politiques de la Troisième République. Et parce qu’elle fera une grande place à l’engagement citoyen, l’exposition sera accompagnée d’un projet dédié aux collégiens yvelinois en lien avec la maison Zola-musée Dreyfus, l’association Cartooning for Peace et des dessinateurs de presse professionnels.

Des rencontres décisives en amont de l’exposition

La création de cette exposition dans les Yvelines a été impulsée par la rencontre avec l’arrière-petite-fille de l’artiste, qui vit dans les Yvelines, et avec deux collectionneuses passionnées. « Très vite, j’ai pris conscience que pour monter une telle rétrospective, il fallait s’adjoindre d’autres experts. J’avais à cœur aussi de créer la première monographie dédiée à Ibels », raconte Fabienne Stahl. « Et parce que nous sommes un petit musée qui n’a pas la force économique suffisante pour monter seuls ce grand projet, nous avons noué un partenariat avec le musée Toulouse-Lautrec d’Albi et déposé un dossier auprès du ministère de la Culture. Tout le travail de recherche mené a permis à l’exposition d’être l’une des 28 expositions 2025 reconnues « d’intérêt national » par le ministère de la Culture » se réjouit Fabienne Stahl.

« Le Maréchal Ferrand » de H.G.Ibels

Un parcours original, inspiré de la vie de H.G Ibels

« Une exposition, c’est un discours qui doit se traduire en parcours, explique Fabienne Stahl. La question que l’on se pose est comment le visiteur va-t-il circuler dans le musée ? Une exposition, c’est aussi un pari car il y a des choix à faire, des renoncements à accepter. Comme H.G. Ibels était un artiste atypique, touche à tout, le comité scientifique a réfléchi à la meilleure manière de construire un parcours qui tienne compte de sa carrière hétéroclite. En tant que peintre, il n’a pas laissé une œuvre foisonnante car il a été aussi affichiste, illustrateur, costumier, dessinateur de presse.

« Pour réussir une belle exposition, il faut des œuvres fortes. Nous avons donc décidé de créer un parcours hybride, chrono-thématique, qui proposera une déambulation serpentine à même de restituer l’esprit de cet artiste ».

L’exposition sera très riche avec plus de 200 œuvres, complétées de créations réalisées par d’autres Nabis pour montrer ce que chacun faisait au même moment.
« Il est intéressant de découvrir que Maurice Denis et Henri-Gabriel Ibels se sont côtoyés toute leur vie en dépit de leurs différences idéologiques ».

« Scène de cirque », vers 1890

Un parcours exceptionnel pour les enfants

C’est la troisième exposition du musée Maurice Denis qui intègrera un parcours spécialement pensé pour le jeune public. Sur les 200 œuvres à voir, 20 cartels seront créés pour les enfants qui auront également un livret-jeu, des espaces de manipulation… Ils suivront Pauline et Marcel, des personnages inspirés par l’univers d’Ibels, pour découvrir l’art du costume, les arts vivants comme le cirque dont il était un passionné, et biens d’autres découvertes artistiques, humoristiques et sociales de l’époque. Pour les collégiens yvelinois, des ateliers sur l’engagement et le dessin de presse se dérouleront dans le cadre de l’exposition, avec notamment le dessinateur Plantu.

Informations pratiques

Ouverture du Musée :

du mardi au dimanche de 10h30 à 12h30
(évacuation des salles à partir de 12h) et de 14h à
17h30 (évacuation des salles à partir de 17h)

Fermetures annuelles :
les 25 décembre, 1er janvier et 1er mai