La Sélection BD de la BDY, Bibliothèque Départementale des Yvelines

Larédaction

A l’approche du Festival d’Angoulême, la BDY (Bibliothèque Départementale des Yvelines) met la BD à l’honneur. A travers une sélection de 10 ouvrages, elle vous propose de découvrir et de partager ses « coups de cœur » : polar, manga, histoire de pirates, aventure fantastique, documentaires … il y en a pour tous les goûts ! En cette nouvelle année, accordez-vous le temps de buller un peu …

Souvent désignée comme le 9ème art, la BD a cette particularité de pouvoir nous conter des histoires de genres très différents sous un angle inhabituel. Le dessin et le texte s’alimentent mutuellement pour accentuer l’originalité de l’œuvre. Contrairement aux idées reçues elle s’adresse à tous, petits et grands, et permet aussi d’appréhender des sujets très sérieux comme le journalisme d’investigation dessiné par Joe Sacco. Dans cette sélection du mois de janvier, adultes, ados et éternels grands enfants pourront trouver de quoi s’évader le temps d’un album.

La BDY

Service de lecture publique du département, la Bibliothèque Départementale des Yvelines est un acteur culturel majeur du département. Centre de ressources, d’animations et de formation, elle apporte son soutien et ses compétences aux communes du département dans le développement de leurs, et par conséquent de vos, bibliothèques et médiathèques. Plus largement, dans le cadre de la politique culturelle du Conseil général des Yvelines, elle œuvre pour défendre et développer la pratique et le goût de la lecture. Une pratique qu’elle souhaite rendre accessible et attractive pour le plus grand nombre à travers diverses actions de médiation culturelle menées tout au long de l’année, comme par exemple Les Sélections de la BDY ou encore les expositions pédagogiques itinérantes.

10 BD à découvrir dans votre bibliothèque ou chez votre libraire :

  • Les gens honnêtes de Gibrat, dessins Christian Durieux – Éditions Dupuis, 2008-2010. 
  • Blacksad: l’enfer et le silence de Juan Diaz Canales, dessins Juanjo Guarnido – Éditions Dargaud, 2010.
  • Long John Silver de Xavier Dorison, dessins Mathieu Lauffray – Éditions Dargaud, 2010.
  • Pluto de Takashi Nagasaki, dessins Naoki Urasawa – Éditions Kana, 2010.
  • Quai d’Orsay: chroniques diplomatiques d’Abel Lanzac, dessins Christophe Blain – Éditions Dargaud,
    2010.
  • Le trop grand vide d’Alphonse Tabouret de Sibylline, dessins Jérôme d’Aviau – Éditions Ankama, 2010.
  • Asterios Polyp de David Mazzucchelli – Éditions Casterman, 2010.
  • Château de sable de Pierre Oscar Levy, dessins Frederik Peeters – Éditions Astrabile, 2010.
  • Achab, tome 3 de Patrick Mallet – Éditions Treize étrange, 2010.
  • Gaza 1956 : en marge de l’histoire de Joe Sacco – Éditions Futuropolis, 2010.

 

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Résumés des 10 BD

Les gens honnêtes, tomes 1 et 2 de Gibrat, dessins Christian Durieux – Éditions Dupuis, 2008-2010.
Philippe, 53 ans, fête son anniversaire en famille lorsque tombe la nouvelle : il est licencié… Viré de son logement de fonction, ne pouvant pas toucher ses indemnités, en quelques jours, l’alcool aidant, il se retrouve en état de clochardisation. Heureusement, ses proches vont l’aider à reprendre le dessus et même à préparer une petite vengeance ! Dans le second tome, dans un moment d’ennui profond dans le TGV : Philippe va être frappé d’une idée, et s’il montait un salon de coiffure dans le TGV ?
Portrait plein d’humanité et de sensibilité d’un homme avec ses défauts. Etude psychologique et sociale nuancée et plutôt en demi-teinte mais tout est dit : les délocalisations, le travail au noir, les gagnants fascinés par le discours volontaire du président. Un récit plein d’humour et de tendresse.

Blacksad, tome 4: l’enfer et le silence de Juan Diaz Canales, dessins Juanjo Guarnido – Éditions Dargaud, 2010.
Le plus félin des détectives débarque à la Nouvelle Orléans. Son ami Weekly lui a dégoté une affaire: retrouver la trace de Sebastian Fletcher, un pianiste de jazz surdoué mais héroïnomane, disparu en laissant derrière lui sa femme enceinte. Pour Weekly, c’est l’occasion de passer du bon temps à Big Easy. Pour Blacksad, c’est une sale affaire de plus qui commence, et les choses sont bien plus compliquées qu’elles n’y paraissent…
Dans ce quatrième album, le dessin, le découpage et le choix des animaux afin d’accentuer le caractère des personnages demeurent excellents. Les expressions et les mimiques des animaux sont utilisées à la perfection et les scènes d’action et de mouvements sont magistralement dessinées. Quant à la voix off, qui dès le départ nous plonge dans ce polar noir, elle est utilisée avec grande maîtrise et humour. Un polar classique, mais indispensable !

Long John Silver, tome 3
de Xavier Dorison, dessins Mathieu Lauffray – Éditions Dargaud, 2010.
Chacun connaît L’Ile au trésor de Stevenson. Mais qui sait ce qu’est devenu Long John Silver, quartier maître à bord du vaisseau pirate Walrus… Dans ce troisième épisode, on suit l’homme sur les traces d’un trésor censé se nicher à Guyanacapac, en pleine jungle amazonienne. Il est accompagné de marins frustes et avinés, d’une Lady enceinte qui veut tuer son mari, d’un lieutenant dévoué à l’époux de la Lady et d’un médecin cultivé, qui détonne au milieu de l’équipage. Une superbe histoire de pirates avec un scénario très solide, riche, bouillonnant, et des dessins précis et fouillés. Une grande aventure !

Pluto de Takashi Nagasaki, dessins Naoki Urasawa – Éditions Kana, 2010.
Dans le futur, hommes et robots vivent ensemble. Les robots ont même des lois qui protègent leurs droits. Mais un jour, plusieurs meurtres de robots et d’humains sont commis, chaque victime ayant en commun d’avoir participée à la 39ème guerre d’Asie. Les corps sont retrouvés avec des cornes au niveau de la tête, peut-être symbolisant les cornes de « Pluto », le dieu des enfers ? L’inspecteur Gesicht, d’Europol, lui-même un robot humanoïde, est chargé de l’enquête. Cette série est une adaptation d’une histoire de la série Astro, le petit robot de Tesuka. Mais les auteurs choisissent de prendre le point de vue d’un inspecteur et non celui d’Astro. Le dessin réaliste colle bien à l’intrigue et, comme dans ses autres mangas, Urasawa réussit à installer rapidement une tension dramatique.

Quai d’Orsay tome 1 : chroniques diplomatiques d’Abel Lanzac, dessins Christophe Blain – Éditions Dargaud, 2010
Arthur Vlaminck est recruté au cabinet du ministre des Affaires étrangères, Alexandre Taillard de Worms pour écrire ses discours. Peu au fait du fonctionnement interne du Quai d’Orsay, il assiste à des réunions harassantes, des entrevues théâtrales avec le ministre et comprend vite les rivalités et les ambitions des conseillers.
Il s’agit bien d’un véritable tourbillon en la personne du ministre (tout le monde aura reconnu de Villepin) : lyrique, emporté, gesticulant, traversant l’espace comme une tornade, hyperactif, n’écoutant personne. Il occupe tout l’espace, gesticulant mais aussi philosophant car l’amoureux des belles lettres ne se sépare pas des Fragments d’Héraclite qu’il stabilote à tout va. Il ordonne, exige, porté par ses grandes phrases devant des conseillers blasés, fatigués mais toujours dévoués. Dialogues et postures irrésistibles de drôlerie. Un graphisme magistral. Du grand art !

Le trop grand vide d’Alphonse Tabouret
de Sibylline, dessins Jérôme d’Aviau – Éditions Ankama, 2010.
Alphonse est né dans une forêt et a vite été abandonné par la première personne qu’il a vue et qu’il considère comme son créateur, le « grand monsieur » qui était un peu lassé de toutes ses questions. Qu’à cela ne tienne, Alphonse se trouve un ami dans le reflet d’une mare. Il rencontre ensuite un drôle de personnage qui prend la forme de ce qu’il regarde.
Les dessins sont en noir et blanc avec un trait fin. Le lecteur est ému face à ce petit être naïf qui découvre l’amour, l’amitié, l’absence, l’abandon. Un conte initiatique et (légèrement) philosophique, tout en poésie. Une BD originale qui séduira petits et grands lecteurs.

Asterios Polyp de David Mazzucchelli – Éditions Casterman, 2010.
Asterios Polyp est un brillant universitaire spécialisé dans l’architecture (même si aucun de ses plans n’a jamais donné lieu à la construction réelle d’un bâtiment). Un incendie détruit totalement son appartement : il décide brusquement de quitter la ville pour refaire sa vie ailleurs. Il en profite pour se pencher sur son passé et notamment sa relation amoureuse avec Hana.
Ce récit d’un quinquagénaire qui fait le point sur sa vie peut sembler à première vue banal mais la grande originalité de ce livre se trouve au niveau du graphisme : un style très particulier, des couleurs dans les tons bleu et violet quand il s’agit du passé, jaune et violet pour le présent. Une œuvre ambitieuse et riche qui mérite d’être regardée de près !

Château de sable de Pierre Oscar Levy, dessins Frederik Peeters – Éditions Astrabile, 2010
Une plage et treize personnages. Ce qui devait être un simple après-midi de flânerie va être bousculé par des événements surnaturels. Face à cette intrusion du fantastique, les protagonistes vont d’abord traverser une phase de dénégation tendue et conflictuelle, puis viendra la période de l’acceptation, quand les masques seront tombés et qu’il faudra bien composer avec la nouvelle donne, car le temps est compté. Ce huis-clos en plein air nous tient en haleine de bout en bout dans une atmosphère oppressante, pleine de tension et de mystère. On ne peut pas lâcher l’album avant le point final et là : certains seront déçus, d’autres verront des métaphores et trouveront des explications. Le dessin de Peeters est à la hauteur du défi que représente une telle galerie de personnages, qui évoluent et subissent des transformations tout au long du récit.

Achab, tome 3 de Patrick Malle – Éditions Treize étrange, 2010.
Achab est rescapé du naufrage du Bruce avec son ami Elie. Capturés par des indigènes, ils vivront quelques années sur les îles Marquises. Mais malgré le temps qui passe, les pensées d’Achab sont toujours tournées vers l’océan, là où il pourra enfin se venger et se débarrasser de la bête qu’il juge responsable de la mort de son père et de son frère : Moby Dick. Les dessins portent à merveille une histoire réaliste avec une belle description des mœurs et coutumes des habitants de ce lieu entièrement dévoué à la chasse à la baleine. La narration, le découpage et les dessins sont excellents et les couleurs contribuent également à installer ce récit dans une ambiance juste.

Gaza 1956 : en marge de l’histoire / Joe Sacco. – Éditions Futuropolis, 2010
Intrigué par le paragraphe d’un rapport de l’ONU évoquant l’exécution de civils palestiniens des villages de Khan Younis et Rafah par l’armée israélienne en 1956, l’auteur se rend sur place, dans la bande de Gaza, pour retrouver des témoins du massacre. Cette BD très documentée a demandé 6 ans de travail. A travers un épisode très précis de l’histoire de la bande de Gaza, l’auteur tente d’expliquer les relations compliquées entre palestiniens et israéliens. En se mettant lui-même en scène, Joe Sacco rappelle au lecteur que sa vision et les témoignages qu’il recueille restent subjectifs. Du très grand reportage.