La duchesse du Berry : un grand mécène dans les Yvelines

ChloëBringuier

Férue de botanique et d’art, la duchesse du Berry a laissé dans les Yvelines, l’empreinte de sa forte personnalité. Portrait de cette femme généreuse qui encouragea de nombreux artistes de son époque.

La duchesse de Berry et ses enfants par le Baron Gérard en 1822. Dans le lointain, on aperçoit le château de Rosny.

Marie-Caroline de Bourbon, duchesse de Berry, naît à Caserte en Italie le 5 novembre 1798. Fille de François Ier, roi des Deux-Siciles et de Marie-Clémentine d’Autriche, fille de l’empereur Léopold II, elle vient en France pour épouser Charles Ferdinand d’Artois, duc de Berry, de vingt ans plus âgé. Celui-ci meurt le 13 février 1820, assassiné d’un coup de couteau par un ouvrier bonapartiste, alors qu’il raccompagnait sa femme à sa voiture.

Une duchesse vagabonde

Personnalité peu attachée à l’étiquette, aimant la mode et pratiquant les bains de mer à le belle saison, elle mène une vie agitée après la mort de son mari, suivant Charles X dans son exil après les Trois Glorieuses. Elle est arrêtée par Adolphe Thiers, alors ministre de l’Intérieur, après une tentative de soulèvement en Vendée en 1832 et est finalement expulsée vers Palerme. Elle s’installe ensuite en Autriche où elle passe les dernières années de sa vie dans son château de Brunnsee et y meurt en 1870.

À Rosny, une bibliothèque-musée

De 1818 à 1830, Marie-Caroline fait transformer le château de Rosny-sur-Seine, acquis par son époux. Son architecte attitré, Froelicher, fait transformer le château Louis XIII construit par Sully, réaménage les décors intérieurs selon le goût de l’époque et y installe une massive bibliothèque de 8000 volumes richement reliés. Cet ensemble comprend des ouvrages d’histoire, de botanique, des récits de voyage, des estampes, de la littérature française et étrangère et notamment la collection complète des romans de Walter Scott. Un cabinet de curiosités est également aménagé par les meilleurs spécialistes du Museum.

Le château en 1840, peint par Jean-Baptiste Camille Corot

Marie-Caroline et ses pouces verts

La duchesse a également laissé son empreinte dans le réaménagement du parc du château. Férue de botanique, elle le fait redessiner à l’anglaise, avec une rivière franchie par deux ponts et une cascade en rocaille. Elle choisit elle-même les milliers d’arbres à replanter, installe un vaste potager planté de 14 000 pieds de fraisiers de huit espèces différentes et doté d’une serre pour y faire pousser melons, citrons et ananas. Le parc était peuple de cerfs, de daims, de biches naines venues d’Asie centrale et de kangourous. 

In fine, avant de suivre Charle X dans son exil, la duchesse de Berry vend son domaine au banquier anglais George Stone en septembre 1831 moyennant « deux millions cent mille francs payés comptant ».

Influenceuse et généreuse

Pendant toute sa vie, la duchesse de Berry s’intéressa à de nombreux domaines artistiques. Elle fut un grand mécène, encourageant de nombreux peintres par ses achats personnels, favorisant la pratique littéraire et musicale – Rossini et Boieldieu particulièrement – mais elle fut également connue pour sa bonté et sa générosité envers les plus défavorisés.