Forêts : l’ONF teste des îlots d’avenir dans les Yvelines

SandrineGAYET

Face à la montée des températures qui menace les forêts franciliennes, l’Office national des forêts (ONF) cherche à connaître les essences qui demain sauront résister aux climats plus chauds et secs. Dès ce mois de janvier 2023, il teste les « îlots d’avenir » dans plusieurs forêts d’Ile-de-France dont celles de Beynes et Rambouillet.  

© CD78/N.DUPREY

« Les îlots d’avenir font référence à la volonté de l’Office de consacrer des zones à l’expérimentation et à la recherche d’une forêt résiliente pour demain. C’est une des pistes que nous explorons, avec précaution et avec la conviction que face au changement climatique, il n’y a pas une seule réponse possible, mais tout un panel de solutions à mettre en place »

indique Brigitte Musch, responsable du Conservatoire génétique des arbres forestiers à l’ONF.

Cette expérimentation est réalisée avec le soutien financier d’Île-de-France Nature, dans le cadre de la convention passée entre l’ONF, le Conseil régional d’Île-de-France et Île-de-France Nature dédiée à l’adaptation des forêts franciliennes au changement climatique.

Un îlot d’avenir, c’est quoi ?

Constitués d’une seule essence, ces îlots sont implantés en forêt sur de toutes petites parcelles de 0,5 à 2 hectares (surface maximum de 5 hectares), et leur capacité d’adaptation au milieu et d’évolution est analysée en continu par les experts de l’ONF.
Le suivi de l’essence implantée est strict et régulier et fait l’objet d’un protocole de gestion : La question de l’envahissement des espèces est intégrée dans la démarche et sur ce point comme sur d’autres, les îlots font aujourd’hui l’objet d’un suivi intensif. Si un problème est constaté, l’essence sera immédiatement retirée et rayée de la liste des espèces potentiellement prometteuses.

Dans les forêts de Beynes et Rambouillet, une petite parcelle de 1 hectare est réservée à une essence exotique unique : hêtre d’Orient et cèdre à encens originaire d’Amérique du Nord.

« Nous allons tester pendant 10, 20, 50 ans, leur adaptabilité au changement climatique afin d’enrichir la liste des espèces capables d’y faire face », explique Claire Nowak de l’ONF Ile-de-France Ouest.

Le but n’est pas de remplacer à grande échelle les forêts actuelles, mais de disposer de pistes de reboisement pour les parcelles ou les essences les plus en difficulté.

ENS : « Nous sommes plutôt dans une optique de ne pas « importer » d’essences »

Dans le cadre de sa politique et sa gestion des Espaces Naturels Sensibles (ENS), le Département des Yvelines mise sur le potentiel de la régénération naturelle à venir. Celle-ci permettra, via une sélection naturelle, de produire de jeunes individus qui seront plus résistants aux changements climatiques.

« Les ENS ayant pour objectif la protection et l’amélioration de la biodiversité et non la production de bois, il est important de garder des essences locales qui sont l’habitat naturel de la faune et flore des Yvelines », explique Eliane Belissont, Chef de service Espaces Naturels Sensibles, Direction de l’environnement et du développement au Département des Yvelines.

Lorsque le Département ne peut pas compter sur la régénération naturelle, la plantation a pour objectif d’enrichir la diversité des essences ligneuses locales.

« Pour encore mieux prendre en compte les changements climatiques lors des plantations, il peut être utilisé des plants provenant de régions de France qui ont un climat actuellement proche des projections futures pour l’Ile-de-France ».

Par exemple l’utilisation de chênes provenant de la zone Ligérienne proche de Nantes ou des Hêtre provenant du Massif central Nord, selon les préconisations du ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire.