Un site archéologique remarquable à découvrir : l’allée couverte de la Cave aux Fées de Brueil-en-Vexin… Chut ! Ne les réveillez pas ! Les Fées possèdent une maison, ou plutôt une cave ! Voilà leur adresse.
Sur les hauteurs d’un charmant village du Vexin, situé dans la vallée de la Montcient, un monument aux dimensions impressionnantes se dévoile au promeneur. Votre pérégrination sur un petit sentier à la sortie de Brueil-en-Vexin, en direction de Sailly, sera récompensée par la découverte d’un lieu de sépulture néolithique. À 115 mètres d’altitude, le long de la RD 913, cette allée sépulcrale longue de quatorze mètres, large et profonde de plus de deux mètres, nous raconte une belle histoire.
Au fil de l’histoire…
Âgée de près de 2200 ans avant notre ère, cette vieille dame de pierre, du grès, fut découverte en 1768. Fouillée une première fois en 1870, cette tombe collective se présente sous la forme d’une allée mégalithique semi-enterrée, plantée à flanc de coteau. De grandes dalles verticales appelées orthostates, soutenues par des murets de pierres sèches constituent ce site archéologique. Couverte complètement à l’origine, la chambre funéraire et la dalle d’entrée, percée d’un trou sont les seules à subsister.
Sur l’un des montants de la paroi ouest, des gravures abstraites restent encore visibles. Grâce au préhistorien français Adrien de Mortillet, des fouilles approfondies sont menées en 1889. Ses excavations ont révélé les ossements de près de 150 individus inhumés, mais aussi différents objets, notamment des haches, des lames de silex, des perles en os et des tessons de poterie. Retombée dans un quasi abandon, elle reprendra du service pendant la seconde guerre mondiale comme lieu de stockage de matériel militaire.
… Entre mystères et légendes
Majestueuse et mystérieuse, de nombreuses histoires extraordinaires colle à la pierre de cette structure. En effet, de nombreuses légendes ont marqué l’imaginaire local pendant des générations. Très longtemps, il était susurré que des fées habitaient le lieu et effrayaient les passants. Mais aussi, des apparitions nocturnes terrorisantes, et même une vache blanche errante. Et cerise sur le dolmen, une créature fantastique sans tête, le fameux Blaisot dont la mission était d’égarer la nuit tous les voyageurs. Le site doit une fière chandelle à toutes ces croyances populaires teintées d’ésotérisme. Sans le vouloir, elles ont été les meilleures protectrices en évitant intrusion et dégradations au fil des siècles.
… Entre architecture préhistorique et balade romantique
Son classement monument historique le 8 mars 1957, a également permis la préservation de la Cave aux Fées. Une première tranche de restauration fut effectuée par le service régional de l’archéologie en 1970. Propriété de la commune de Brueil-en-Vexin depuis 2006, elle a pu bénéficier d’une véritable mise en valeur. Merci aux Fées de s’être penchées sur son berceau pour lui permettre de franchir les siècles. Le lopin de terre contenant ce monument qualifié à l’époque de tombeau druidique fut mis aux enchères en 1899 au prix de 5 francs !
Des amoureux de patrimoine archéologique aux passionnés d’histoire locale en passant par les toqués de légendes fantastiques, chaussez vos bottes de sept lieues. Direction Brogilum ! C’est le nom d’origine gauloise de Brueil-en-Vexin. Encore un coup de baguette magique des fées ! Brogilum signifie un petit bois clos par un mur ou une haie. Description en parfaite harmonie avec notre allée mégalithique. Et gravissez lentement ce chemin bucolique habité par ce vers de Shakespeare : « Fées répandez partout / La rosée sacrée des champs. »
ASFJ