Un an après les Jeux de Paris, le parasport poursuit son essor dans les Yvelines

PierreSARNIGUET

En accueillant les épreuves de para-cyclisme sur piste et de para-équitation, les Yvelines ont été au cœur des Jeux Paralympiques 2024, édition la plus suivie de l’histoire. Un an après des Jeux en apothéose, comment évolue le monde parasportif yvelinois ? Réponses auprès de celles et ceux qui le font vivre au quotidien.

Le passage de la flamme paralympique à Houdan avait attiré la foule à la veille des Jeux Paralympiques. ©CD78

Le passage de la flamme paralympique à Houdan avait attiré la foule à la veille des Jeux Paralympiques. ©CD78

Le succès des Jeux Paralympiques de Paris a été indéniable. Des records d’audience, 2,5 millions de billets vendus et dans toutes les enceintes une ambiance du tonnerre. L’engouement suscité devait se répercuter sur le long terme en favorisant la pratique du sport pour les personnes en situation de handicap. Si l’on ne peut pas véritablement parler de révolution, dans les Yvelines, on constate des améliorations sur un territoire déjà bien actif dans le domaine.

Un Département engagé

Chef de file dans la prise en charge du handicap, le Département des Yvelines déploie une politique sportive inclusive en soutenant les clubs para-accueillants. En cela, il poursuit activement son engagement dans l’héritage laissé par les Jeux de Paris, en lançant des programmes qui visent à améliorer l’accessibilité à la pratique sportive. Ainsi, 19 clubs « ChampYons » sont soutenus pour développer la pratique sportive et l’accès au sport pour tous. Des rencontres entre élèves et para-athlètes de haut niveau ont également lieu lors des Journées Yvelines Parasport.

Club inclusif, le dispositif qui change la donne

La formation des clubs et de leurs adhérents est primordiale pour l'essor du parasport. ©CPSF

La formation des clubs et de leurs adhérents est primordiale pour l’essor du parasport. ©CPSF

Depuis 2024, le Département a saisi la perche tendue par le Comité Paralympique et Sportif Français en étant le relais du dispositif « club inclusif ». Il s’agit de journées de formations gratuites permettant aux clubs de former leurs adhérents à l’accueil des personnes en situation de handicap. « Le Département est moteur sur le sujet et les clubs en profitent. C’est le moyen de faire se rencontrer des acteurs qui ne sont pas toujours en lien. À savoir les établissements sociaux et médicaux et les clubs » explique Sylvain Mertens, en charge du Sport au Département.
À la fois pratique et théorique, cette formation fait monter les clubs en compétence. L’objectif étant de créer un réseau d’acteurs engagés dans le parasport sur tout le territoire yvelinois afin de faire fructifier l’héritage des Jeux de Paris 2024.

Le comité départemental handisport rayonne

La section handisport du SQY Ping fait preuve de dynamisme depuis des années. ©CD78

La section handisport du SQY Ping fait preuve de dynamisme depuis des années. ©CD78

350 licenciés et 31 associations affiliées. Ces chiffres font des Yvelines un des départements les plus dynamiques à l’échelle nationale. Daniel Blanchet, président du comité départemental handisport, a lui aussi ressenti le boom provoqué par les Jeux de Paris. « Nous avons été énormément sollicités avec un nombre d’interventions en augmentation. Nous sommes heureux de voir des projets se développer tels que la boccia à Montigny-le-Bretonneux ou à Richebourg avec la Fondation Mallet. Nos « ChampYons » sont des locomotives avec lesquelles nous comptons démocratiser la pratique du sport pour tous ». Pour cela, le comité investit notamment dans du matériel qu’il met à dispositions des parasportifs novices.

Les Yvelines, terre de boccia et du sport pour tous

La boccia était au programme de la dernière édition de la dernière Journée Yvelines Parasport au collège Pierre de Coubertin de Chevreuse. ©CD78

La boccia était au programme de la dernière édition de la dernière Journée Yvelines Parasport au collège Pierre de Coubertin de Chevreuse. ©CD78

Les propos de Daniel Blanchet sur la boccia font échos à l’annonce réalisée en juin dernier par la Fondation Mallet. Installée depuis des décennies à Richebourg, elle a acté la création d’une structure d’excellence dédiée à la boccia (sport paralympique depuis 1984 qui ne possède pas d’équivalent olympique). Cette initiative, menée avec la Fédération Française Handisport, confirme le changement de statut de la discipline dans le sillage des exploits réalisés par Aurélie Aubert (médaillée d’or à Paris). Cette athlète a d’ailleurs passé huit ans au sein des structures de la Fondation Mallet. « Fondée en 1947, la fondation prend en charge chaque année plus de 1 000 personnes de tous âges nécessitant un accueil adapté. La fondation a toujours fait le choix de placer la pratique sportive dans son programme » explique Jimmy Lameth, chargé de mission à la Fondation Mallet. Sur le plan purement sportif, « la création de ce centre d’entraînement permettra aux athlètes d’évoluer dans des conditions optimales. Les Jeux Paralympiques de Los Angeles en 2028 sont déjà en ligne de mire tout en gardant en fil rouge la notion d’inclusion qui nous est chère ».

Le sport adapté n’est pas en reste

Le comité départemental du sport adapté organise avec réussite des ateliers « savoir nager » pour les personnes en situation de handicap mental et psychique. ©CD78

Le comité départemental du sport adapté organise avec réussite des ateliers « savoir nager » pour les personnes en situation de handicap mental et psychique. ©CD78

 

Le comité départemental du sport adapté (850 licenciés) œuvre avec énergie pour que les personnes en situation de handicap mental ou psychique puissent pratiquer une activité physique. « Faire du sport c’est bien, en faire de manière régulière c’est encore mieux ». Telle est la philosophie de Louis-Philippe Menant, président du comité yvelinois. « Pour nous aussi, les Jeux de Paris ont eu un effet bénéfique. Les gens ont pris conscience que chaque personne pouvait devenir athlète et réaliser des performances incroyables. Sans même parler de compétition, l’enjeu avec notre public est de lui donner accès à des activités physiques. Grâce au concours du Conseil départemental, nous organisons depuis plusieurs années des ateliers « savoir nager » et « savoir rouler » dont les résultats sont positifs. Nous développons aussi les « écoles multisport jeunes » pour les 7-17 ans. Ce travail est de longue haleine mais on voit que la demande existe. À nous d’en profiter pour être toujours plus structurés et répondre à chaque requête ».

 

Avec l’IPS, le parasport a de beaux jours devant lui

Les Yvelines feront très bientôt partie des territoires à la pointe dans le milieu parasportif. L’Institut Parasport Santé sera, à son ouverture en septembre 2026 aux Mureaux, le premier institut au monde 100 % accessible et exclusivement dédié au parasport. Un écosystème de compétences médicales, scientifiques, pédagogiques et technologiques d’excellence au service des personnes en situation de handicap avec une attention encore plus particulière portée aux para-athlètes.

 

Le VCESQY, maillot jaune du para-cyclisme dans les Yvelines

Les collégiens yvelinois peuvent s’initier au handbike lors des Journées Yvelines Parasport. ©CD78

Les collégiens yvelinois peuvent s’initier au handbike lors des Journées Yvelines Parasport. ©CD78

 

Nation phare en para-cyclisme, la France peut faire encore mieux, notamment sur le plan structurel. Dans les Yvelines, seul le VCESQY possède une section handisport permettant aux personnes en situation de handicap de pouvoir s’adonner à leur passion cycliste.

« La section a été créée en 2014 et évolue d’année en année ». Si les Jeux de Paris 2024 n’ont pas réellement changé la donne, il est incontestable que les nombreuses médailles récoltées ont suscité des vocations. « Nous avons récemment été contactés par trois jeunes qui veulent s’essayer. Notre rôle, en tant que section para-accueillante, est de les initier et, si leur vocation se confirme, de les accompagner dans la pratique en les aidant à acquérir du matériel ». C’est justement un des gros enjeux de cette activité : l’acquisition d’un matériel souvent onéreux. « En bonne intelligence, nous échangeons avec d’autres partenaires comme le comité départemental handisport, la Fondation Mallet ou encore l’Institut Parasport Santé afin que chaque personne motivée puisse pratiquer » souligne Éric Castaldi, responsable de la section para-cyclisme du VCESQY. Dynamique, le club a d’ailleurs franchi un nouveau cap cette année en organisant une manche de la coupe de France de para-cyclisme à Adainville.

Que chacun ait accès au sport

Parler du parasport avec les jeunes générations est l’un des meilleurs moyens de faire tomber les barrières. ©CD78

Parler du parasport avec les jeunes générations est l’un des meilleurs moyens de faire tomber les barrières. ©CD78

Para-triathlète championne d’Europe et sixième des Jeux Paralympiques, Cécile Saboureau est une yvelinoise qui tutoie les sommets. C’est en toute logique qu’elle fait partie des ChampYons du Département avec l’ambition de démocratiser au maximum le sport pour tous. « Les Yvelines ont la chance de pouvoir compter sur des élus engagés dans le domaine. Pour autant, l’enjeu principal reste la mise en relation de l’ensemble des acteurs. Rassembler les forces vives de façon pluridisciplinaire est la meilleure chose qui puisse arriver. C’est ce sur quoi nous devons travailler. Bien entendu, les questions de budget et de formation dans les clubs sont à prendre en compte. Avec 12 millions de personnes en situation de handicap en France, le parasport gagnerait à être plus démocratisé. Mais il est encore compliqué pour certaines personnes de s’exprimer sur leur handicap. C’est pourquoi, dans le cadre du dispositif ChampYons, j’interviens dans les entreprises et les écoles pour désensibiliser les gens. « Désensibiliser » et non pas « sensibiliser » car le but est que chacun puisse en parler sans tabou. Ce serait déjà un très grande étape ».

 

L’effet rebond des Jeux de Paris est bel et bien présent dans les Yvelines. Sur l’ensemble du territoire, les différents acteurs s’activent pour permettre à chacun de pratiquer une activité sportive adaptée. Des défis restent encore à relever telles que la structuration et la mise en relation de tous les acteurs. Pour cela, le Conseil départemental entend jouer un rôle de fédérateur et moteur pour faire des Yvelines une des places fortes du parasport français.