L’équitation dans les Yvelines, une riche histoire

Pierre SARNIGUET

Cet article fait partie du dossier: Un bel été dans les Yvelines

Des parties de chasse des rois de France aux épreuves d’équitations des Jeux de Paris 2024, les Yvelines ont toujours été animées par la présence des chevaux. Tant et si bien que le département fait office de référence en la matière dans l’Hexagone comme à l’international. Retour dans le passé.

Soldats abreuvant leurs chevaux dans la pièce d’eau des Suisses à Versailles, par Jacques Marie Noël Frémy en 1862. © Musée Lambinet

Soldats abreuvant leurs chevaux dans la pièce d’eau des Suisses à Versailles, par Jacques Marie Noël Frémy en 1862. © Musée Lambinet

 

L’équitation dans les Yvelines, des racines royales

La présence du cheval dans les Yvelines remonte à des siècles et des siècles puisque l’animal a longtemps fait office de moyen de transport le plus efficace. Mais la situation évolue fortement sous l’influence des rois de France. Avec le règne de Louis XIV (1643-1715), Versailles devient une place centrale du cheval dans le royaume. Sous la houlette du Roi Soleil, plus de 1 500 hommes œuvrent dans les écuries royales au sein desquelles, rendez-vous compte, on dénombre plus de 2 000 chevaux. Aujourd’hui encore, les visiteurs peuvent découvrir ces lieux en visitant la galerie des Carrosses dans la Grande Écurie et la galerie des sculptures et des moulages dans la Petite Écurie.

Un nouveau chapitre avec l’école de Versailles

C’est aussi à cette époque qu’est fondée l’école de Versailles (en 1680) dont les préceptes ont marqué l’histoire de l’équitation yvelinoise et bien au-delà. Elle fut en son temps le berceau d’une pratique « savante à la française ». À travers cette école, les Bourbons font tout pour monter des chevaux de qualité mais également se distinguer par leurs qualités de cavaliers. De nouveaux principes voient le jour grâce à cette école qui prône l’aisance et la technique, loin des méthodes plus rigides et guerrières du passé. L’art du dressage tel qu’on le connaît aujourd’hui, notamment lors des épreuves olympiques et paralympiques, est né dans la cité royale il y a plusieurs siècles avant de se diffuser partout dans le monde.

La Révolution de 1789 pousse le roi et sa cour à quitter le château. Ce départ marque un coup d’arrêt pour l’École de Versailles qui disparaîtra en 1830. Mais après 150 ans d’existence, son héritage ne peut que perdurer dans le temps. Les spectacles assurés par l’Académie équestre de Versailles, fondée en 2003, en sont les témoins. Ils ravissent aujourd’hui les spectateurs qui assistent à des performances artistiques majestueuses au sein de la Grande Écurie du château de Versailles.

Entre temps, de 1830 à la Première Guerre mondiale, c’est l’armée et sa cavalerie qui occupent les écuries du château puisque l’équitation fait partie intégrante de la formation des officiers. C’est ici un autre pan, très martial, de l’histoire de l’équitation yvelinoise qui se déroule.

Le saviez-vous ? Versailles possédait son champ de course au 19e siècle dans le quartier de Porchefontaine. L’hippodrome accueillit des courses hippiques et plusieurs carrousels de 1864 à 1870.

 

L’équitation : activité et symbole du pouvoir

Cavaliers dans le parc de Versailles, par Louis-Auguste Loustaunau vers 1898. © Musée Lambinet

Cavaliers dans le parc de Versailles, par Louis-Auguste Loustaunau vers 1898. © Musée Lambinet

 

L’équitation dans les Yvelines s’est institutionnalisée entre les murs du château mais elle a également pris ses racines dans une pratique très appréciée des aristocrates : la chasse à courre. Versailles, qui n’était qu’un modeste village jusqu’au 17e siècle, a tout d’abord accueilli Henri IV puis Louis XIII et surtout Louis XIV pour des parties de chasse. Ici, comme à Marly-le-Roi, Rambouillet ou à Saint-Germain-en-Laye, les rois, mais aussi les reines et leur cour profitent de forêts riches en gibiers pour chasser à cheval.

La commune de Marly-le-Roi en porte toujours les traces grâce à l’immense abreuvoir du château construit à la fin du 17e siècle. Il y a 300 ans, les cavaliers avaient l’habitude de s’y arrêter avec leurs montures après leurs parties de chasse. Ce bassin est agrémenté en 1745 des chevaux de Marly qui symbolisent à la fois l’omniprésence des équidés sur le territoire mais aussi la puissance de la noblesse.

Le domaine national de Marly-le-Roi est un autre haut lieu de l'histoire équestre yvelinoise. ©CD78

Le domaine national de Marly-le-Roi est un autre haut lieu de l’histoire équestre yvelinoise. ©CD78

Car au-delà de l’activité de chasse, maîtriser l’art équestre pour les monarques et les aristocrates est un atout indispensable. Il permet de se distinguer et de prouver aux yeux du peuple toute l’aptitude à bien gouverner. Leur présence sur le territoire yvelinois durant des siècles a donc permis à l’équitation d’ancrer profondément ses racines sur le territoire yvelinois.

Le premier haras national créé dans les Yvelines

Le haras des Bréviaires est unique haras national d'Île-de-France. ©CD78

Le haras des Bréviaires est l’unique haras national d’Île-de-France. ©CD78

 

Sous l’impulsion de Jean-Baptiste Colbert, intendant et contrôleur général des finances de Louis XIV, est créé en 1665 le principe des étalons royaux afin d’encourager les haras à produire des chevaux de meilleure qualité. C’est ainsi que le premier haras royal de France fut créé à Saint-Léger-en-Yvelines. Jusqu’en 2010, les haras (désormais qualifiés de nationaux) font partie de l’administration publique française chargée de l’élevage des chevaux. Parmi les sites classés comme tel, on retrouve le haras des Bréviaires ouvert dans les Yvelines en 1973.

Si aujourd’hui l’équitation est si présente dans notre département, c’est en partie lié à la présence des rois et de leur cour. Par leur usage des chevaux, ils ont bâti une culture du cheval dont l’héritage a perduré dans le temps, jusqu’à nous.