Les Yvelines victimes d’une « trahison » de l’entreprise Calcia

NicolasThéodet

L’entreprise Calcia n’a pas respecté son engagement et a même trahi les élus qui soutenaient son projet d’extension des carrières. C’est avec ces mots que Pierre Bédier, président des Yvelines,  Martin Lévrier et Sophie Primas, sénateurs yvelinois, et Philippe Tautou, président de GPSEO, ont fait part de leur ultimatum lancé à l’entreprise qui souhaite déménager son siège social de Guerville dans les Hauts-de-Seine. Une action menée au mépris de leur engagement initial.

En délocalisant son siège de Guerville dans les Hauts-de-Seine, Calcia a franchi la limite. Alors que Pierre Bédier soutenait le projet d’extension des carrières par la société de cimenterie dans le Vexin, contre l’avis d’un grand nombre de maires et d’élus, l’annonce de la direction de déménager son siège social des Yvelines est ainsi paru comme une trahison.

« Une fois qu’ils ont eu les autorisations pour exploiter la carrière du site de Brueil-en-Vexin, ils n’ont pas tenu leur engagement de rénovation du site polluant de Gargenville, ni de maintien des emplois à Guerville, explique Pierre Bédier. Ce sont des comportements de patrons-voyous ».

Un ultimatum lancé à l’entreprise Calcia

Les élus qui soutenaient le projet d’extension vivent les agissements de Calcia comme une « trahison ». © CD78/N.DUPREY

Samedi 11 janvier, dans la salle de l’Agora à Mantes-la-Jolie, le président des Yvelines a pris officiellement position contre le projet de l’extension des carrières. Accompagné du président de GPSEO, Philippe Tautou, et des sénateurs yvelinois Martin Lévrier et Sophie Primas, Pierre Bédier a lancé un ultimatum à l’entreprise :

« L’engagement écrit de maintenir leur siège social à Guerville, et de rénover le site de Gargenville qui pollue énormément, avant jeudi 16 janvier 16h, date de la signature du Plan Local d’Urbanisme (PLU) de GPSEO. Sans quoi nous le voterons en demandant immédiatement une révision du PLU afin d’empêcher l’extension ».

Tous dénoncent un comportement de patrons-voyous qui « engagent un plan social qui ne dit pas son nom », analyse Pierre Bédier.

La confiance des élus brisée

Le projet est dans un premier temps mal vu écologiquement. Mais important pour l’avenir de l’entreprise sur le territoire, il permet l’emploi de 270 personnes. Ce qui compensait socialement les conséquences environnementales. Si l’entreprise quitte les Yvelines, c’est le Département et son territoire qui vont subir toute la pollution de l’exploitation sans bénéficier des aspects positifs, soit une fiscalité de près d’un million d’euros.

« J’ai toujours dis que ma priorité était l’emploi. Avec 270 emplois à sauvegarder, j’apportais donc mon soutien à Calcia sur ce dossier. Mais leur comportement est une rupture complète de la confiance », appuie Pierre Bédier.

La colère des élus est d’autant plus marquée que Philippe Tautou, le président de la communauté d’agglomération, ne semblerait pas se satisfaire d’un simple engagement écrit :

« Pour un tel projet, tout repose sur la confiance. Aujourd’hui elle est brisée. GPSEO est face à un problème d’emploi. L’industrie se porte mal et notre emploi est majoritairement industriel. L’attitude de Calcia est irresponsable ».

Pierre Bédier lance un ultimatum aux dirigeants de Calcia. © CD78/N.DUPREY

Prendre les richesses d’un territoire pour l’emmener ailleurs

La délocalisation prévue dans les Hauts-de-Seine est un véritable coup dur pour les élus, mais aussi pour les employés. Ces derniers, qui ne mettent qu’une demi-heure à aller travailler vont devoir aller rejoindre la proche banlieue parisienne à plus de deux heures de transport. « Autant vous dire que certains ont passé de mauvaises fêtes », rétorque Pierre Bédier.

La principale crainte des élus reste notamment sur le véritable fondement des agissements de Calcia :

« Ils nous poussent à empêcher l’exploitation de la carrière, qui est capitale pour leur avenir, pour ensuite tout simplement fermer l’usine en nous faisant porter le chapeau ? », analyse le président des Yvelines.

Car la particularité d’une telle entreprise est de faire partie de l’économie administrée et donc a besoin des services publics. Ici, les élus ont le sentiment d’avoir été trahis, et que l’entreprise s’accapare les richesses d’un territoire pour le transférer ailleurs. Un procédé jugé « colonialiste » par Pierre Bédier, qui compte bien demander une fermeture complète de l’usine si cette dernière ne respecte pas son engagement premier.