Quartiers défavorisés : Le Département agit pour le vivre ensemble

Sandrine GAYET

Cet article fait partie du dossier: Ce qu’il s’est passé dans les Yvelines en 2018

Ce jeudi 5 juillet 2018, Pierre Bédier, Président du Conseil départemental des Yvelines a signé la 1ère convention du Plan d’amorce départemental avec les élus et partenaires concernés, notamment Philippe Tautou, Président de GPS&O. En présence de Jean-Louis Borloo, invité d’honneur, le Département a ainsi lancé le coup d’envoi d’un programme pionnier, visionnaire et ambitieux de 700 M€ sur 7 ans, destiné à transformer en profondeur les quartiers les plus fragilisés.

Pierre Bédier, Président du Conseil départemental des Yvelines avec Jean-Louis Borloo, ancien Ministre de la Ville

Pierre Bédier, Président du Conseil départemental des Yvelines avec Jean-Louis Borloo, ancien Ministre de la Ville © CD78 / C.Bringuier

C’est à Chanteloup-les-Vignes, en présence de son maire, Catherine Arenou, également vice-présidente du Conseil départemental en charge de la politique de la ville, que s’est tenue la présentation de ce Plan d’amorce, unique en France. Qui est lancé sans attendre que l’Etat se saisisse de cette question pourtant urgente, qui concerne tant de concitoyens parmi les plus pauvres et les plus fragilisés.

« Changer les quartiers défavorisés, c’est améliorer la vie de leurs habitants et donner un avenir aux jeunes » martèle avec force conviction Catherine Arenou.

Alors que le gouvernement annonce le report à septembre de la présentation (pourtant très attendue) de son plan de lutte contre la pauvreté, le Département des Yvelines a lui honoré sa promesse : donner le coup d’envoi, par la signature de la convention, d’un vaste programme de rénovation urbaine pour les 31 quartiers les plus défavorisés du territoire yvelinois.

Chanteloup-les-Vignes, une des communes les plus pauvres des Yvelines, est la première à en bénéficier. 7 autres communes de la vallée de la Seine sont également concernées : Les Mureaux, Poissy, Mantes-la-Jolie, Limay, Carrières-sous-Poissy, Ecquevilly et Vernouillet.

« Ici, dans les Yvelines, puisqu’En Marche ne vient pas à la rénovation urbaine, nous mettons la rénovation urbaine en marche avec des méthodes qui marchent » a déclaré Pierre Bédier.

« Nous allons consacrer dans les années à venir et de façon systématique, une part importante de nos crédits d’investissement dans les domaines du logement, des constructions scolaires, du numérique, des transports et de la lutte contre la désertification médicale. Sans remettre en cause nos équilibres budgétaires, nous consacrerons sur les 7 ans qui viennent un minimum de 700 M€, c’est-à-dire un quart de nos investissements, aux quartiers de la politique de la ville ».

Cet effort profitera à tous. Si nous réussissons, c’est l’attractivité de tout notre territoire qui sera renforcée ; c’est la sécurité de tous qui sera mieux assurée. Si l’esprit républicain, si la générosité, si l’esprit de solidarité ne suffisaient pas à nous motiver, l’intérêt bien compris justifie notre action. Il est désormais urgent d’agir sur tous les fronts en associant les élus locaux.

a insisté Pierre Bédier, au terme d’un discours très applaudi (vous pouvez lire en fin d’article l’intégralité du discours).

Jean-Louis Borloo a rappelé que c’était ici, à Chanteloup-les-Vignes, à la Noé que tout avait commencé pour lui quand il avait été nommé ministre de la Ville :

« J’ai un attachement et une tendresse particulière pour Chanteloup et la cité de la Noé. C’est ici qu’il y a près de 15 ans, j’ai eu l’idée d’élaborer un vaste plan pour les banlieues. »

La rénovation urbaine : pour l’égalité des chances et l’attractivité du territoire

  • Rénover en profondeur les quartiers et les ouvrir sur la ville
  • Proposer tous les services que les habitants sont en droit d’attendre
  • Construire un avenir à la jeunesse de ces quartiers
  • Agir vite pour améliorer le quotidien des habitants
  • Accompagner les maires et les Yvelinois au plus près de leurs besoins.

31 quartiers et 23 communes concernés par cette action unique, du Département

Dans ces quartiers, la population est précarisée avec plus du tiers vivant sous le seuil de pauvreté.
Les habitats sont vétustes, les offres de logements peu diversifiées et les commerces en berne.
Les habitants de ces secteurs peinent à accéder aux bassins d’emploi, aux services. Ils manquent de maillage des transports et le décrochage scolaire y est plus important qu’ailleurs.

Les solutions concrètes que le Département apporte avec ce plan d’amorce

100 M€ pour transformer avec ambition les quartiers grâce au dispositif départemental Prior’Yvelines, dont au moins 50 M€ consacrés aux projets de rénovation urbaine des collectivités dans le cadre du programme 2018-2024 de relance et d’intervention pour l’offre résidentielle.

45 M€ débloqués sans attendre les conventions ANRU pour lancer, avant 2020, une quarantaine de chantiers de grande ampleur.

100 M€ pour promouvoir une offre éducative d’excellence en investissant massivement dans les collèges : filières d’excellence, pédagogie innovante, création de cités éducatives…

20 M€ pour accompagner les copropriétés fragiles avec le programme yvelinois de rénovation énergétique.

197 M€ pour encourager la mobilité (requalification de voies, création de nouveaux axes pour une meilleure desserte des transports en commun) et désenclaver rapidement les quartiers défavorisés.

262 M€ pour amplifier les missions de solidarité et de prévention du Département : focus sur la jeunesse, accompagnement périscolaire, prévention, insertion professionnelle… avec les actions de l’agence départementale d’insertion ActivitY’ qui accélère les partenariats avec les grandes et petites entreprises du territoire pour qu’elles recrutent davantage de personnes au RSA et des publics fragilisés des quartiers prioritaires…

Les premières opérations du plan d’amorce

Les Mureaux : construction d’un lieu ouvert à tous, tous les jours

« Les Mureaux ont déjà bénéficié du premier programme Anru avec une aide de 400 M€, la troisième plus importante de France, explique en préambule son maire, François Garay. Aujourd’hui, nous sommes entrés dans une nouvelle réflexion : quels sont les équipements structurants qui peuvent favoriser le vivre ensemble ».
Le Pôle Léo Lagrange répondra à cette ambition de créer de la mixité sociale. C’est un équipement éducatif et sportif près d’un parc de 13 hectares. Plutôt que de le faire fonctionner uniquement au rythme du calendrier scolaire ou sportif, il sera multifonctionnel et surtout, ouvert tous les jours. Il accueillera des classes de maternelle et d’élémentaire, mais également des associations, des formations sportives, des spectacles… « Sans le Conseil départemental des Yvelines, nous n’aurions jamais pu réaliser ce qui a déjà été fait ni faire ce que nous souhaitons pour favoriser le vivre ensemble. »

Poissy : liaison urbaine Beauregard-La Coudraie

Le Département s’est engagé à transformer les liaisons entre ces deux quartiers de Poissy où vivent 5 600 Pisciacais et à accompagner leurs projets urbains pour booster leur attractivité. Comme l’a rappelé son maire, Karl Olive, en citant le Contrat social de Jean-Jacques Rousseau : « Les habitations font la ville mais les citoyens font la cité ». Et l’ambition de l’édile est de recréer du lien dans ces quartiers qui se sont trop communautarisés. « Nous sommes tous responsables en France de ces monocultures qui se sont installées dans certaines zones. Le Plan d’amorce du Département a tout son sens pour remettre du vivre ensemble et mener des travaux d’une telle ampleur. »

Mantes-la-Jolie : Réhabilitation des logements de la Croix-Ferrée

Raphaël Cognet, maire de Mantes-la-Jolie a présenté sans fioritures, le cas de ces logements du quartier de Gassicourt, dont la rénovation a été laissée en plan depuis le désengagement de l’Etat. Désormais, avec l’aide du Conseil départemental, tout va être retapé : les façades vétustes, les abords et entrées dévalorisés, les pignons aveugles, les habitats sombres et peu adaptés aux familles… « Ce quartier bordé de lacs n’est pas classé en quartier prioritaire de la politique de la ville mais il en a pourtant toutes les caractéristiques. Avec l’aide du Département, nous allons réhabiliter les logements de la Croix-Ferrée et ouvrir le quartier sur les lacs qui le bordent, ranimer les commerces moribonds, créer des voies de circulation ».