Paul Fort : le chantre des paysages

ChloëBringuier

Paul Fort a vu le jour le 1er février 1872. Poète et dramaturge, il laisse une oeuvre abondante et d’une grande diversité. Retour sur le travail d’un amoureux des mots, notamment mis en musique par Georges Brassens. 

Paul Fort : le chantre des paysages © Wikimédia

Paul Fort, poète et dramaturge, naît à Reims, le 1er février 1872. Ses premiers poèmes, édités au Mercure de France, datent de 1896. Ils constituent l’avant-première des « Ballades françaises », 17 volumes écrits entre 1922 et 1958, dans une suite continue jusqu’à sa mort.

Il fonde le « Théâtre d’Art », qui deviendra le « Théâtre de l’Oeuvre », pour y monter les drames de Maeterlinck qu’il admire. En 1905, il crée la revue « Vers et Prose » et contribue à donner au quartier du Montparnasse sa renommée artistique. À Paris, il fréquente Stéphane Mallarmé, Paul Verlaine, Pierre Louÿs, André Gide…

« Il ne faut pas que la musique enlève au texte »

Élu prince des poètes en 1912, son oeuvre mêle symbolisme, lyrisme et simplicité. Certains de ses poèmes ont été mis en musique et chantés par Georges Brassens, comme « Le petit cheval blanc », « La marine », « Comme hier ».

Dès son plus jeune âge, Georges Brassens appréciait Paul Fort, il avait une sympathie très particulière pour lui :

C’était un poète très étonnant, très à mon goût. Je me suis beaucoup inspiré de lui. Mes premiers vers étaient inspirés de Paul Fort.

Ce qui plaisait à Brassens, c’était la capacité de Paul Fort à écrire pour la musique, en effet, cette dernière manque à peine sur les vers du poète. Paul Fort (contrairement à d’autres comme Victor Hugo), n’a jamais déposé de note refusant la mise en musique de ses poèmes : il était très heureux que Brassens s’en soit chargé. Georges Brassens disait qu’il n’était pas compositeur mais « compositeur d’instinct » : il fallait que les mots résonnent en lui pour qu’il puisse les mettre en musique : la poésie de Paul Fort a donc été une réelle rencontre pour le musicien. « Le Petit Cheval blanc » est la première chanson que Brassens a chanté en public.

Les paysages des Yvelines et les légendes locales ont beaucoup inspiré le poète qui, après avoir habité au hameau de Haizettes à Grosrouvre, s’installe en 1914 à Gambaiseuil et compose des poèmes sur Monfort-l’Amaury, Gambais, Rambouillet et Saint-Léger-en-Yvelines. Mais il chante également la Seine, le confluent de la Seine et de l’Oise et Pissefontaine à Triel-sur-Seine, où il possède, un temps, une maison. Il meurt à Montlhéry, le 20 août 1960.

« Les noces du fleuve et de la rivière »

« Ici, devant Fin-d’Oise,

Maurecourt, Andrésy,

Conflans-Sainte-Honorine –

Doux bruit font ces noms-là !

Volée de cloches pour un mariage, dirait-on-pas ?

Ô poésie ! Ô poésie ! Ô poésie !

Ici, sous les yeux bleus de ces quatre villages,

On voit la Seine en fleurs s’unir à la belle Oise.

Bien. Montez sur un pont suspend et berceur.

Embrassez votre amie et regardez ailleurs.

L’Oise est une rivière et la Seine est un fleuve,

Je l’ai de mes yeux vu ;

D’autre part j’ai la preuve que pour aller ensemble courir tant de pelouses,

La Seine offre son bras à sa trop jeune épouse. »