Livraisons, vente à la ferme, besoin de main-d’oeuvre… L’agriculture des Yvelines se mobilise

NicolasThéodet

Dans les Yvelines, l’agriculture est elle aussi en première ligne face à la crise sanitaire. Les exploitations tournent à plein régime afin de permettre l’accès aux denrées alimentaires à tous. Et cela malgré la fermeture des marchés et le manque de main-d’oeuvre qui commence à se faire sentir. Entre la livraison, les récoltes à venir, et la saison estivale à organiser, le Conseil départemental a décidé d’aider les agriculteurs dans le besoin. 

tracteur

L’agriculture est un atout pour les Yvelines. Les exploitations redoublent d’efforts pendant la crise.

La crise sanitaire du Covid-19 n’épargne pas la ruralité. Si les centres urbains, de par leur densité, sont au centre de l’attention, dans les exploitations agricoles, la tension est bien présente. Celle-ci se caractérise par la crainte des mois venir. « À partir du mois de juin, on va avoir besoin de main-d’oeuvre », explique Pierre-Alexandre Prieur, maraîcher et arboriculteur à Feucherolles. Si pour le moment, l’arrivée du printemps laisse un répit aux productions, elle n’épargne pas les agriculteurs dans leur tâche quotidienne. 

« On a dû s’adapter avec la fermeture des marchés. On a dû ouvrir un peu plus la vente à la ferme, mais on fait surtout de la livraison. Ça prend énormément de temps. Il faut prendre les commandes et elles sont nombreuses, il faut les préparer et les livrer… », explique l’agriculteur.

Extrêmement chronophage, cette pratique est un véritable engagement des agriculteurs envers leur territoire. « C’est sûr qu’on le fait pour écouler notre marchandise. Mais cela a été mis en place tout de suite après la demande de nombreuses personnes. C’est offrir un service à la population, mais on n’y gagne pas vraiment », confie Pierre-Alexandre Prieur qui ajoute que ses semaines de travail sont passées de 60 heures à plus de 70 heures pour un chiffre d’affaires de 20 à 25% moins élevé. 

L’agriculture en crise après la levée du confinement

 

La fermeture des marchés a impacté le monde agricole qui s’est tourné vers les livraisons et les ventes à la ferme. © CD78/N.DUPREY

Si les volontaires actuels sont nombreux à vouloir prêter main-forte au monde agricole, pour la livraison la situation est compliquée. « C’est une prise de risques et je ne veux pas la prendre. Même pour mes salariés, je ne le veux pas », confie l’agriculteur. Le porte à porte est en effet une pratique à risque en cette période de crise sanitaire qui appuie sur l’importance de la distanciation sociale. « Mais j’ai gardé les contacts pour les mois de mai ou de juin et les récoltes », ajoute-t-il. Si le confinement se lève en partie durant le mois de mai, la main-d’oeuvre habituelle, venant hors des Yvelines, ne pourra pas venir cette année. 

« Chaque année, sur l’ensemble de l’Ile-de-France, ce sont près de 1 000 personnes qui se déplacent sur les exploitations », détaille Christophe Dion, responsable de la chambre d’agriculture d’Ile-de-France. C’est pourquoi, sous l’impulsion du ministère de l’Agriculture, a été créée la plateforme « Des bras pour ton assiette – Wizifarm » qui propose aux personnes sans activité de prêter main-forte aux agriculteurs durant la crise. Même si ceux-ci risquent d’avoir des répercussions bien après la levée du confinement.

Profiter de la crise pour valoriser le local

Afin de respecter les recommandations de la Préfecture, de nombreuses communes ont interdit la tenue des marchés. Une décision impopulaire mais qui a été respectée sur l’ensemble du territoire, autant par les agriculteurs que par les consommateurs. Ces derniers, durant cette période, se sont tournés vers les exploitations de proximité pour se ravitailler en produits frais. « Les clients habituels des marchés sont déjà des gens qui ont une vision du local et ce sont eux qu’on livre en majorité. Mais il y a aussi des nouveaux clients qui profitent de la livraison pour consommer différemment », précise l’agriculteur.

Le Conseil départemental, sous l’impulsion de Pierre Bédier, a voté une aide de 500 000€ aux exploitations des Yvelines © CD78/N.DUPREY

« Ce serait super que la crise permette de valoriser ces points de vente en local qui ne sont pas forcément connus des consommateurs », déclare Elise Simon de la chambre d’agriculture. Pour guider les consommateurs, plusieurs moyens sont possibles. Notamment via le Conseil Département qui publie un annuaire en ligne sur les producteurs locaux pratiquant la vente durant le confinement : producteurs.yvelines.fr. Au total, ce sont plus de 120 exploitations qui sont recensées sur l’ensemble du département.

500 000€ d’aides aux exploitations dans le besoin

Une demande accrue de la population et une activité importante pour l’agriculture que le Conseil départemental souhaite soutenir pendant cette crise sanitaire. « Le Département souhaite réitérer son appui à la filière agricole », a déclaré Pierre Bédier lors de l’Assemblée départementale du 17 avril dernier, « avec la mise en place d’un soutien spécifique aux exploitations impactées par la crise du Covid-19 et d’y affecter une enveloppe budgétaire de 500 000€ ». Une mobilisation aux côtés de la Chambre d’agriculture d’Ile-de-France pour venir en aide aux filières agricoles déjà touchées par la crise (horticulture, pépiniéristes…) et pour les autres comme le maraîchage l’arboriculture, dont les impacts réels de la crise restent à évaluer et se feront au cas par cas.

L’agriculture a une place particulière sur le territoire des Yvelines. Second département agricole d’Ile-de-France, le Conseil départemental s’est engagé depuis 2018 à amplifier son action envers le monde agricole et développer un territoire à la production dynamique, diversifiée, performante et durable. Une manière de répondre aux nouvelles habitudes de consommation des Yvelinois et aux besoins des agriculteurs répartis sur 950 exploitations.