Le 3 avril 1915, la ville de Saint-Germain-en-Laye se protège de la guerre

Nicolas Théodet

Cet article fait partie du dossier: Armistice : Zoom sur la Seine-et-Oise de 14-18

La solidarité est un sentiment fort sur le territoire des Yvelines. Notamment lors des grandes crises. Ce fut le cas le 3 avril 1915. Par crainte de bombardements, le Préfet de l’époque expliquait alors dans les journaux les différentes mesures de protection face aux bombardements et félicitait aussi les habitants pour leurs dons aux soldats du front. 

Avion de l’aviation allemande durant la Première Guerre Mondiale. © Wikimédia

Et si pendant longtemps les poilus ont été les héros de la Nation, il n’en est pas moins vrai que l’arrière a lui aussi souffert de cette période sombre de l’histoire humaine. Le 3 avril 1915, c’est le bulletin municipal de Saint-Germain-en-Laye qui laisse une première trace de cette angoisse et de cette peur des habitants de la proche banlieue parisienne. 

En effet, alors que Paris fut héroïquement sauvé lors de la bataille de la Marne, l’agglomération parisienne reste à portée de canon de l’artillerie allemande, et surtout des nouvelles armes découvertes lors du conflit. L’aviation prend en effet un enjeu particulier que la population n’est pas sans ignorer. Et pour la première fois dans l’histoire des Yvelines, des mesures de sécurité vont être prises contre les bombardements.

Faire de Saint-Germain-en-Laye une ville invisible

« A l’occasion d’incursions possibles d’aéronefs ennemis, j’avais recommandé aux Municipalités de faire réduire de 50% l’éclairage public », précise le Préfet de Seine-et-Oise de l’époque, Mr Autrand, ajoutant qu’ « à l’heure actuelle, il conviendrait de prendre des dispositions plus efficaces encore ». Des mesures publiées dans le bulletin municipal Saint-Germanois et qui préconise la fermeture de tout éclairage publique à partir de 10 heures du soir.

Les mesures sont encore plus contraignantes si une alerte est officiellement lancée. Dans un tel cas, le Préfet invite alors tous « les habitants à supprimer toutes les lumières intérieurs qui pourraient être visibles du dehors, à longue distance, principalement celles qui donneraient sur des vitrages placés sur les toits ou aux étages supérieurs des maisons ».

Malgré la peur, les habitants se sont montrés solidaires

Les canons allemands à longue distance pouvaient toucher Paris à n’importe quel moment. © Wikimédia

Si Saint-Germain-en-Laye publie un tel type d’annonce, c’est notamment à cause de sa position stratégique. En effet, la ville dispose depuis 1847 d’une gare qui la relie directement à celle de Saint-Lazare dans le centre de Paris. C’est donc une cible prioritaire pour l’aviation allemande qui n’a pas hésité, tout au long des quatre ans de conflits, à s’aventurer en Ile-de-France pour réaliser des raids de la peur.

Le plus célèbre étant celui de la destruction de l’église Saint-Gervais à Paris et qui fit 91 victimes. Cet acte ne fut cependant pas l’oeuvre de l’aviation, mais du premier canon à longue portée de l’histoire, baptisé par les Français « La Grosse Bertha ».

Dans ce bulletin municipal, la ville de Saint-Germain-en-Laye publie aussi le résultat d’un appel aux dons auprès des habitants pour offrir des vêtements chauds pour les soldats du front. Au total, l’ancien territoire de la Seine-et-Oise avait offert 6 714 chemises, 5 431 caleçons, 10 749 paires de chaussettes, 4 138 tricots et 1 033 paires de gants.