Le 2 avril 1924, Poissy devient le site d’entrainement d’un futur exploit aquatique

NicolasThéodet

Michel est boulanger dans le civil. Pourtant il est réputé à travers tout l’Hexagone pour ses exploits sportifs. Nageur de talent, et spécialiste de l’eau libre, il est le premier français à traverser la Manche à la nage. Un exploit pour lequel il annonçait, le 2 avril 1924, prendre Poissy comme centre d’entrainement.

A droite de l’image, Michel sert la main d’un nageur suédois en bassin. Un physique complètement différent mais les mêmes exploits. © Wikimédia

Aujourd’hui, la ville de Poissy tire une partie de sa notoriété sportive par son club de triathlon. Connu mondialement et regroupant les meilleurs athlètes de la planète, le club peut s’enorgueillir d’un passé particulier. Bien loin de la pratique du triple épreuve, le 2 avril 1924, le « Journal de Poissy », faisait déjà l’éloge des sports d’endurance. Et notamment d’un nageur tout particulier, baptisé simplement Michel par le journal. 

Grand champion français de natation, Michel tentait, tous les étés, de traverser la Manche à la nage. Un défi de taille pour lequel il confiait alors, dans une interview accordée au journal, vouloir s’entrainer dans la cité pisciacaise. « Il est un peu des nôtres, possédant des parents à Saint-Germain et Versailles », détaille le journal. Ce choix de Poissy n’est pas anodin. La distance qui sépare la ville de celle de Paris est d’environ 34 km, soit la même distance que la traversée de la Manche. 

Le premier français à rejoindre l’Angleterre à la nage

Le sportif réussira finalement cet exploit en 1926. Il devient alors le premier Français à réussir la traversée de la Manche. Un exploit d’autant plus symbolique que le spécialiste de la nage en eau libre en était à sa onzième tentative en partant depuis le Cap Gris-Nez à proximité de Boulogne-sur-Mer. 

Au coeur de cet entretien avec le journal pisciacais, le nageur fait part de son expérience aux journalistes. Il évoque l’angoisse de cette traversée malgré les années de préparation. Mais « un plongeon, une sensation subite de fraîcheur et de bien-être… c’est fini, j’ai noyé mes soucis, je ne pense plus à rien, à rien qu’à nager droit devant moi, m’étendant voluptueusement dans l’élément dont j’ai l’orgueil de me sentir le maître », récite Michel. Nageur d’expérience, ce dernier fut reconnu par ses contemporains comme un grand champion. Il remporta notamment la traversée de Paris à la nage et remporte, en 1926 le marathon nautique Corbeil-Paris.

Michel est boulanger de profession. La nage c’est avant tout une passion. © Wikimédia

Michel, un nageur boulanger de métier

Dans le civil, Michel ne ressemble pas vraiment à un nageur. Bon vivant, ce sont seulement ses larges épaules qui trahissent sa passion pour l’eau libre. D’ailleurs, la nage n’est pas son métier. Ce dernier est boulanger comme son père. Dans un premier temps, il vit dans le 16e arrondissement de Paris avant de partir à Marly-le-Roi et retourner par la suite dans les environs de Levallois-Peret. 

L’homme pratique malgré tout sa passion continuellement. Hors de son travail, il est aussi professeur de natation. Et comme bon nombre de ses compatriotes, la Grande Guerre a marqué sa vie. Il s’en sort indemne après avoir passé l’intégralité du conflit en tant que canonnier servant dans l’artillerie. Il décède le 6 mai 1960 à l’âge de 70 ans dans le 10e arrondissement de Paris.