La terre, un outil de travail à préserver

Nicolas Théodet

Cet article fait partie du dossier: Fiers de nos agriculteurs !

Être agriculteur c’est avant tout respecter son outil de travail le plus précieux : la terre. Observer, comparer, optimiser… sont les bases de l’agriculture raisonnée, un principe de plus en plus répandu sur notre territoire, qui permet à la fois de répondre aux enjeux économiques et environnementaux de la filière.

Pour préserver la terre, les agriculteurs yvelinois utilisent l’agriculture raisonnée. Ils étudient leurs terres afin de répartir intelligemment les engrais nécessaires à l’optimisation d’une récolte.

Aujourd’hui, tout le monde fait de l’agriculture raisonnée

Fabien Rey est agriculteur dans les Yvelines depuis son enfance. Fils d’agriculteur, c’est sur l’exploitation familiale à Gambais, dans l’ouest du Département, qu’il cultive près de 240 hectares tout au long de l’année. « L’agriculture, c’est avant tout de la pédoclimatologie dont le principal outil est la terre », explique-t-il. L’agriculture raisonnée, c’est répartir intelligemment les engrais nécessaires à l’optimisation d’une récolte.

Éviter les erreurs dans l’utilisation de la terre

La terre, un outil de travail à préserver © CD78

« Il est très loin le temps des grandes cultures aspergées de pesticides. C’était les années 70 et de toute façon ce n’est pas rentable. La terre c’est notre outil, il faut pouvoir la transmettre aux générations suivantes. », analyse Fabien Rey. Aujourd’hui les nouvelles technologies apportent une connaissance du terrain de plus en plus précise. « Elles nous permettent d’aller plus vite dans le raisonnement et d’éviter les erreurs »*, détaille Bertrand Limare, conseiller yvelinois de la Chambre d’agriculture de la Région Île-de-France, qui accompagne les professionnels dans leurs démarches.

Notre rôle est avant tout de communiquer. On se renseigne sur l’évolution des pratiques, sur les différents engrais qui existent et leurs réactions sur la plante, les doses minimum pour garantir l’efficacité… On communique et on observe.

précise Bertrand Limare* qui ajoute surtout que la Chambre d’Agriculture est neutre, « elle n’a pas vocation à privilégier tel produit ou telle pratique ».

L’institution fait office de médecin et se sert des observations sur le terrain pour produire un diagnostic. « On peut prendre l’exemple des méligèthes. Ce sont des petites bêtes avides de pollen de colza qui font avorter les fleurs et la production est nulle. Quand certains secteurs sont envahis, on appelle la Chambre qui diffuse l’info », explique Fabrien Rey.

Protéger et préserver les sols

Il n’est pas obligatoire de passer par des produits chimiques pour protéger les plantations : « Pour reprendre l’exemple des méligèthes et du colza. Il suffit d’associer deux variétés de colza dont une est plus précoce que l’autre. Celle-ci va induire en erreur les bêtes, ce qui épargnera la partie la plus importante de la récolte », détaille le conseiller de la Chambre d’agriculture*. Aujourd’hui, les agriculteurs sont formés à l’utilisation des produits chimiques comme à la biologie naturelle par des formations allant de Bac+2 à Bac+5. Si l’agriculture 100 % biologique n’est pas toujours rentable, notamment sur les grandes cultures, les exploitants étudient de près les « techniques vertes ». Tous ont conscience que l’avenir de leur métier se joue essentiellement sur la préservation de la terre.

* (Les propos ont été recueillis en 2019. Mr Limare a depuis quitté son poste à la Chambre d’Agriculture des Yvelines)