Pendant la crise, les musées des Yvelines ont fait peau neuve

NicolasThéodet

Les musées des Yvelines n’ont pas chômé. Durant la crise, ils ont réaménagé leur intérieur, réfléchi à de nouvelles expériences pour le public. Malgré le manque de visiteurs, ces temps de confinement ont été un bénéfice.

Le Rambolitrain a rouvert et présente une représentation incroyable de la gare de l’est. © CD78/N.Théodet

« Ça faisait longtemps que je n’avais pas fait de visites ». Dans les allées du musée Rambolitrain, Elodie Carnis passe en revue toute sa collection. Son musée, comme des dizaines d’autres dans les Yvelines, a dû fermer ses portes durant les périodes de confinement imposées par la crise sanitaire. Pourtant, ils n’ont pas chômé. « Pour nous, ça a été assez positif », confie la responsable.

Nous avons fait du rangement, du nettoyage. Nous avons aussi repensé notre manière de communiquer pour garder contact avec nos visiteurs

Même son de cloche de l’autre côté du département. À Mantes-la-Jolie, aux abords de la collégiale, le musée de l’Hôtel Dieu a même ouvert une pièce supplémentaire. Celle-ci, au premier niveau, complète une partie du musée sur l’histoire de la ville. « C’était un projet que nous avions depuis longtemps », confie Jeanne Paquet, la conservatrice. « Ce second confinement nous a offert le gain de temps nécessaire à sa réalisation ». Sans compter l’archivage et les rangements nécessaires dans les réserves.

Il faut savoir que nous n’exposons que 5% de nos œuvres

précise-t-elle.

Les musées sortent dans les rues

La maison Elsa Triolet a su profiter de ses espaces extérieurs. © CD78/N.Théodet

Dans la majorité des cas, les musées ont continué leurs activités. Certes, les visiteurs ont manqué. Mais tous ont réussi le pari de se réinventer. Mieux encore, ils se sont ouverts.

On a lancé plein de projets hors les murs. Nous avons répondu à des appels à projet de la Région et du Département. On a lancé le projet de poésie dans la ville. Ce sont des installations poétiques et ludiques qui créent un parcours dans la ville

confie Caroline Bruant, directrice de la Maison Elsa Triolet à Saint-Arnoult-en-Yvelines.

Notre musée a toujours été tourné vers l’extérieur. L’été dernier, on a lancé le Yoga au milieu des sculptures. Avec le besoin de plein air, ça a été un vrai succès

ajoute la conservatrice.

À Mantes, c’est toute une synergie qui s’est engagée. « Avec les élus, nous avons discuté et tout mis à plat », explique Albane Foray-Jeammont, conseillère municipale déléguée à la culture. Objectif, « le lancement des Assises de la Culture », ajoute l’élue. Une concertation citoyenne menant par la suite à une programmation culturelle dans toute la ville. « Ce confinement a finalement été un gain de temps », analyse-t-elle, « nous avons fait des rencontres. Et avant tout, cela nous a permis de revoir notre politique culturelle ».

Mieux communiquer et créer du lien

Le musée de l’Hôtel Dieu a profiter du confinement pour entretenir et archiver ses oeuvres. © CD78/N.Théodet

Dans chacun des musées, la vie reprend de plus en plus sa place. Les bambins redécouvrent les œuvres. Chacun d’entre eux voit le musée autrement. « Cet été nous allons faire des animations robotiques extérieurs pour les enfants », confie Elodie Carnis. Plus ludiques et surtout plus contemporains, les musées des Yvelines ont modernisé leur image.

Au départ, c’était pour garder un lien, une activité sur les réseaux sociaux. Cela a eu du succès. Nous avons été plus loin

confie la conservatrice du Rambolitrain.

À Mantes-la-Jolie, « nous avons pu toucher 409 élèves grâce à nos animations dans les classes », confie Albane Foray-Jeammot.

Au total, la ville de la vallée de la Seine a pu réaliser près de 25 interventions auprès des écoles. Cette proximité, le public la ressent. Depuis la réouverture au mois de juin, ils sont de plus en plus nombreux.

« Les groupes reviennent et s’inscrivent pour découvrir Elsa et Aragon », déclare Caroline Bruant. L’Hôtel Dieu de Mantes a lui accueilli 453 visiteurs depuis sa réouverture. « Nous sentons cette compassion auprès des visiteurs. Ils nous ont soutenu aussi », analyse Jeanne Paquet. Un engouement qui traduit l’impatience de chacun des conservateurs à faire découvrir les nouveautés de leur musée.