Apollinaire, le poète des tranchées

SandrineGAYET

Ce grand poète qui vécut quelques années au Vésinet, est parti sur le front, a été blessé dans les tranchées. Il est mort il y a juste 100 ans, le 9 novembre 1918. Non pas de ses blessures mais de la grippe espagnole qui ravage l’Europe. Son œuvre reste une des plus étudiées.

« Ah Dieu ! Que la guerre est jolie. Avec ses chants, ses longs loisirs »… Calligrammes, poèmes de la paix et de la guerre 1913-1916 : l’Adieu du cavalier, un des derniers qu’il écrivit en 1918.
Une guerre dans laquelle il s’est engagé dès 1915 après avoir été naturalisé français. Blessé à la tempe par un éclat d’obus alors qu’il lisait le Mercure de France dans une tranchée, il devra être trépané mais veut continuer les combats. C’est pourtant la grippe espagnole qui l’emporte à l’âge de 38 ans. Il est déclaré « mort pour la France » en raison de son engagement durant la Grande Guerre, et est enterré au Père-Lachaise.

Guglielmo Alberto Apollinare de Kostrowitsky est né à Rome en août 1880, d’une mère de l’aristocratie polonaise et de père inconnu. De 1904 à 1907 il réside au Vésinet, boulevard Carnot (sa mère y vivra jusqu’en 1919).

Il commence à publier ses premiers poèmes et se fait un nom dans le milieu parisien comme critique d’art, poète et journaliste. Très vite, il se lie d’amitié avec Picasso, André Derain, Maurice de Vlaminck, Max Jacob et le Douanier Rousseau et vit des amours orageuses avec la peintre Marie Laurencin. Et avec bien d’autres « muses », notamment « Lou » en 1914, alias Louise de Coligny-Châtillon dont la correspondance très « charnelle » est aujourd’hui publiée (Lettres à Guillaume Apollinaire chez Gallimard), alors que l’on ne connaissait que les lettres écrites par le poète à Lou.

« L’art doit s’affranchir de la réflexion »
Influencé par le symbolisme, il va créer en 1917 le mot « surréalisme » qui lui permet de s’affranchir des écoles alors en vogue. Pour lui, l’art de créer doit être inspiré par l’émotion, l’intuition, l’imagination, « car il doit se rapprocher le plus de la vie et de la nature ». Cette approche fit de lui un chantre de l’avant-gardisme, du cubisme et du surréalisme notamment. « Pour être poétique, l’art doit s’affranchir de la réflexion » écrivait-il comme critique artistique.

Quelques grandes œuvres :
Le Bestiaire ou Cortège d’Orphée
Alcools (recueil de poèmes écrits entre 1898 et 1913)
Calligrammes (poèmes écrits en forme de dessins)
Poèmes à Lou
Le Poète assassiné (roman – 1916)
Les Onze Mille Verges ou les Amours d’un hospodar (roman érotique publié sous couverture muette – 1907)
Les Exploits d’un jeune Don Juan (roman érotique adapté au cinéma en 1987 par G. Mingozzi).